02/10/09 (B518) Nouvelles de Somalie (5 articles en Français)

__________________________ 5 – 20 minutes (Ch)

Les combats ont fait 145 morts en un mois

Les combats en Somalie ont fait en septembre 145 morts et 285 blessés, a affirmé vendredi le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
La population civile paie un lourd tribut à la reprise des affrontements, a affirmé l’agence de l’ONU.

Ce bilan, établi à partir de partenaires locaux, concerne les régions de Kismayo, Beled Weyne et Mogadiscio, a précisé un porte- parole du HCR Andrej Mahecic.

L’agence de l’ONU redoute une nouvelle vague de déplacements. Au cours du mois de septembre, 17’000 personnes supplémentaires ont été déplacées, dont 11’000 à partir de Mogadiscio, la capitale, a indiqué le porte-parole.

Le HCR craint que plus d’un demi-million de personnes déplacées dans le couloir d’Afgooye, à une trentaine de kilomètres au sud de Mogadiscio, soient obligées de fuir encore, si les combats s’intensifient entre les factions autrefois alliées des shebab et du Hezb al-Islam.

Plus de 50’000 Somaliens ont fui au Kenya depuis le début de l’année. Et 22’000 autres ont fait la traversée dangereuse du golfe d’Aden pour se rendre au Yemen afin de fuir les violences et la famine. Près de 515’000 Somaliens sont réfugiés au Yemen, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti et en Ouganda et au moins 1,5 millions sont déplacés dans leur propre pays.

_____________________________ 4 – Le Monde

En Somalie, la coalition islamiste se déchire pour le contrôle du port de Kismayo

A Kismayo, le grand port stratégique du sud de la Somalie, la rivalité entre des groupes islamistes s’est, pour la première fois, jeudi 1er octobre, transformée en bataille meurtrière, scellant peut-être la fin de cette alliance.

On s’interroge sur les raisons de cet affrontement entre mouvements islamistes habituellement soudés par leur lutte contre le gouvernement. Se laissent-ils emporter par l’ardeur de leur foi, leurs rivalités politiques, l’appât du gain, ou sont-ils en train de tomber dans un piège ?

Comme toutes les phases importantes du long conflit en Somalie, la bataille entre groupes Al-Chabab (« la jeunesse ») et Hizbul Islam (le parti islamique) pour le contrôle du port de Kismayo avait été annoncée à l’avance, sans que le programme établi pour les combats soit finalement respecté.

Jeudi, après d’ultimes préparatifs pendant les jours précédents, notamment en faisant venir des renforts depuis la capitale, Mogadiscio, les combattants chabab ont affronté les forces de la composante du Hizbul Islam présentes à Kismayo, appartenant aux Brigades Ras Kamboni ou au groupe Anole. En fin de journée, une dizaine de personnes avaient été tuées, un peu moins d’une centaine blessées, et les combats promettaient de reprendre rapidement.

Pour Cheikh Hassan Abdullahi « Turki », chef des Brigades Ras Kamboni, et son protégé, Cheikh Ahmed Mohamed « Madobe », cela constitue un mauvais départ. Leurs forces ont été repoussées au nord de la ville portuaire et, vendredi matin, ils tentaient de se regrouper tandis que les chabab paradaient dans Kismayo, drapeaux noirs au vent.

La ville était tombée en août 2008 aux mains d’une coalition de mouvements islamistes. Hassan Turki, un des leaders historiques de ce mouvement en Somalie, y avait fait ses premières apparitions en public. Depuis de nombreuses années, Hassan Turki exerce des responsabilités dans différentes formations armées, et a établi des installations dans l’extrême-sud du pays. En début d’année, il avait nommé son groupe Brigade de Ras Kamboni. Puis, il avait participé à la création du Hizbul Islam, dirigé par Cheikh Hassan Dahir Aweys, la figure la plus influente de l’islamisme en Somalie.

Les coalitions étant denrées très périssables sous le soleil somalien, des divergences étaient apparues à la fois entre les responsables du Hizbul Islam et avec leurs alliés chabab. Les deux formations partagent le même objectif : chasser le gouvernement fédéral de transition (TFG) dirigé par leur ancien compagnon Cheikh Chariff Cheikh Ahmed, retranché dans Mogadiscio, et ses alliés de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom).

Le TFG, soutenu par des pays occidentaux et arabes, bénéficie désormais de l’aide des Etats-Unis, qui lui livrent discrètement des armes. Depuis le printemps, les groupes islamistes ont lancé une série d’attaques à Mogadiscio contre le TFG et ses alliés tandis que ces derniers tentent d’ouvrir de nouveaux fronts anti-chabab dans d’autres régions de Somalie.

A Kismayo, en théorie, la situation était plus simple. Il s’agissait pour les mouvements islamistes de gérer conjointement la ville. Les chabab devaient partager avec le Hizbul Islam les importants revenus du port, d’où part notamment le charbon produit dans la région à destination de l’Afrique de l’est et de l’Arabie saoudite. Une administration tournante devait assurer une juste répartition des bénéfices. Mais, au terme d’une dégradation de leurs relations, les chabab ont décidé d’imposer leur propre administration le 23 septembre, aussitôt rejetée par le Hizbul Islam. Dans la foulée, les deux groupes se préparaient à se faire la guerre.

Par l’intermédiaire du Kenya, un soutien américain a été mis sur pied pour renforcer discrètement le groupe de Hassan Turki. Selon une source bien informée, leur attaque devait débuter vers le 15 octobre. Elle a été avancée pour des raisons que ses commanditaires extérieurs désespèrent d’analyser.

Les combats de jeudi risquent de sceller la fin de l’alliance entre groupes islamistes, et de créer d’autres points de confrontation entre Hizbul Islam et chabab ailleurs dans le Sud somalien, y compris à Mogadiscio. L’affaiblissement de cette alliance ferait le jeu du TFG et de l’Amisom. Cela se produira-t-il ?

A la fin de la prière de l’Aïd, il y a peu, Cheikh Hassan Dahir Aweys a appelé « la population à mener plus d’attaques contre les troupes africaines. Elles sont venues en Somalie pour aider notre ennemi. Tuez-les (…) par n’importe quel moyen, y compris des attaques-suicides. » Deux voitures volées aux Nations unies avaient été utilisées, le 17 septembre, pour un attentat-suicide dans la base principale de l’Amisom, à Mogadiscio, faisant 21 morts, dont le commandant adjoint de la mission africaine, le général burundais Juvénal Niyoyunguruza. Les insurgés islamistes sont en possession de dix voitures de l’ONU, selon des sources concordantes, qui pourraient servir à de nouvelles attaques.

Jean-Philippe Rémy

_____________________________ 3 – Nouvel Obs avec AP

Somalie: 12 morts dans des affrontements entre factions islamistes rivales

Des affrontements entre factions islamistes rivales pour le contrôle de la ville portuaire de Kismayo en Somalie ont coûté la vie jeudi à au moins 12 personnes, des combattants pour la plupart, ont rapporté des témoins et des responsables de services médicaux.

Ces violences sont le premier signe concret d’une division majeure dans l’alliance islamiste radicale, principale menace du fragile gouvernement somalien soutenu par l’ONU.

Les combats ont éclaté jeudi matin dans cinq secteurs de Kismayo, troisième ville de Somalie et bastion de deux puissants groupes militants, situé à 500km au sud de Mogadiscio, la capitale.

Des habitants ont expliqué en fin de journée que des combats entre des hommes d’al-Chabab et Hizboul Islam, qui veut dire « Parti islamique », étaient pratiquement finis, al-Chabab paraissant avoir le contrôle de la majeure partie de Kismayo.

D’après Abdinasir Igal, qui vit dans la localité portuaire, des miliciens d’al-Chabab ont patrouillé dans le centre-ville après les violences, criant à la population depuis leurs véhicules de rester calme.

Al-Chabab et le Parti islamique contrôlaient conjointement Kismayo mais la semaine dernière, le premier groupe s’est déclaré seul administrateur de la ville.

Cheikh Ismail Adow, un porte-parole du Parti islamique, a déclaré que les affrontements avaient éclaté après une attaque lancée par des militants d’al-Chabab contre des membres d’Hizboul Islam.

Un porte-parole d’al-Chabab, Cheikh Ali Mohamoud Rage, a de son côté affirmé que son groupe ne visait pas le Parti islamique mais l’un de ses principaux commandants dans le sud du pays qui, selon lui, « s’oppose au djihad (guerre sainte) en Somalie ».

Le mois dernier, les membres d’al-Chabab ont prêté allégeance à Al-Qaïda. Le groupe somalien a été désigné par le Département d’Etat américain comme une organisation terroriste.

_____________________________ 2 – L’Express avec Reuters

Les combats entre islamistes somaliens font neuf morts

Des combats entre les islamistes somaliens d’Al Chabaab et leurs rivaux du Hizbul Islam, qui se disputent le contrôle du port de Kismayo dans le sud du pays, ont fait au moins neuf morts jeudi.

Membres armés du Hizbul Islam à Kismayo. Des combats entre les islamistes somaliens d’Al Chabaab et leurs rivaux du Hizbul Islam, qui se disputent le contrôle du port de Kismayo dans le sud du pays, ont fait au moins neuf morts jeudi. (Reuters/Feisal Omar)

Selon des témoins, des hommes armés appartenant au groupe Al Chabaab se sont heurtés à leurs anciens alliés dans le port, poussant des centaines de personnes à prendre la fuite ou à se réfugier dans leurs habitations.

« Les combats se déroulent partout dans la ville. Il y a de violents échanges de coups de feu et nous avons pu voir la milice prendre part aux combats », a dit un habitant de Kismayo joint au téléphone par Reuters.

Un infirmier de l’hôpital de la ville a précisé que trois personnes ont été tuées et au moins 15 autres ont été blessées. « Ils utilisent des armes lourdes », a-t-il précisé.

Un autre habitant a indiqué que les cadavres de six hommes armés ont été abandonnés devant sa maison.

Ces affrontements, qui risquent de s’étendre à d’autres régions de la Somalie, menaçaient d’éclater depuis plusieurs jours. Des miliciens avaient commencé mercredi à creuser des tranchées.

Les relations entre les deux organisations se sont dégradées la semaine passée lorsqu’Al Chabaab a désigné son propre conseil pour diriger la cité portuaire, excluant tous les membres du Hizbul Islam.

Jusqu’alors les deux mouvances, malgré des tensions et des divergences, réussissaient à gérer conjointement la ville.

Considérés comme tenants d’une ligne plus modérée, les partisans du Hizbul Islam ont promis de poursuivre leurs adversaires d’Al Chabaab « partout » dans le pays.

Cette menace laisse entrevoir la possibilité d’une extension des combats dans la capitale Mogadiscio où les deux factions avaient combattu ensemble les troupes du président cheikh Charif Ahmed.

Un haut responsable militaire d’Hizbul Islam à Kismayo a affirmé que les combats de jeudi ont débuté lorsqu’un groupe armé d’Al Chabaab a attaqué les positions tenues par ses hommes.

Un porte-parole d’Al Chabaab a assuré que les combattants de son groupe allaient triompher et chasser les partisans du Hizbul Islam de la ville « dans les heures qui viennent ».

Le port du sud du pays et les taxes qui y sont levées garantissent d’importants revenus aux rebelles en guerre contre le fragile gouvernement soutenu par les puissances occidentales.

________________________________ 1 – Le Monde

Somalie: violents combats entre factions islamistes à Kismayo (sud)

De violents combats ont éclaté jeudi matin entre les islamistes extrémistes « shebab » et leurs anciens alliés du Hezb al-Islam à Kismayo, port stratégique du sud de la Somalie, ont indiqué à l’AFP des témoins.

« Les combats sont très intenses, les shebab ont attaqué à l’aube les positions du Hezb al-Islam », a déclaré un habitant de Kismayo, Abdi Baruud, interrogé au téléphone par l’AFP.

Plusieurs habitants ont confirmé l’information, ainsi que la violence des affrontements.

« Nous avons été attaqués par nos frères sans raison », a déclaré à la presse un porte-parole local du Hezb al-Islam, cheikh Ismail Hadji Adow.

« Ils (les shebab, ndlr) ont attaqué très tôt ce matin, sur plusieurs fronts. Les combats sont très violents mais nous nous défendons », a expliqué Hadji Adow. Des centaines de familles sont en train de fuir la ville, a-t-il ajouté.

Les partisans des deux groupes, normalement alliés dans leur lutte contre le gouvernement somalien de transition (TFG), s’opposent depuis des semaines pour le contrôle du port stratégique de Kismayo, à environ 300 km au sud de Mogadiscio.

La tension s’était encore accrue ces derniers jours, avec l’entrée dans la ville de miliciens du Hezb al-Islam lourdement armés.

Mercredi, les shebab avaient affirmé leur intention de « défendre » Kismayo contre ces « milices claniques », alors que des habitants commençaient à fuir par peur des affrontements.