03/12/09 (B527) Nouvelles de Somalie. Attentat meurtrier à Mogadiscio (4 articles en Français)

_________________________ 4 – CRI (Chine)

Somalie: le bilan des morts s’élève à 57 dans l’attentat contre un hôtel de Mogadiscio

Le bilan des morts après un attentat suicide à la bombe survenu jeudi dans un hôtel de Mogadiscio, s’est alourdi à quelque 57, dont trois ministres somaliens, alors qu’au moins 200 autres personnes ont également été blessées, selon les services d’urgence locaux.

_________________________ 3 – RSF

Au moins deux journalistes tués et plusieurs autres blessés dans un attentat-suicide

Reporters sans frontières exprime sa stupeur et son immense tristesse après qu’un attentat-suicide, le 3 décembre 2009, dans un hôtel de Mogadiscio, a causé la mort d’une dizaine de personnes, parmi lesquelles au moins deux journalistes, trois ministres du gouvernement de transition et neuf étudiants. L’attaque s’est produite lors d’une cérémonie de remise de diplômes aux étudiants de l’université Banadir. Au moins sept autres journalistes ont été blessés.

Le bilan n’est pas définitif.

“Nous condamnons cette attaque avec la plus grande fermeté et nous exprimons toute notre solidarité aux deux médias touchés par la mort d’un des leurs, notamment l’équipe de Radio Shabelle qui a déjà perdu deux directeurs en deux ans et plusieurs de ses journalistes cette année. L’insécurité en Somalie a atteint des sommets et les journalistes qui tentent de couvrir la situation chaotique de ce pays vivent un cauchemar. Les commanditaires de ce lâche attentat portent la responsabilité de la mort de nos confrères. L’usage de ces violences aveugles doit cesser et être condamné par l’ensemble des parties au conflit”, a déclaré l’organisation.

Le 3 décembre, Mohamed Amin Adan Abdulle, âgé de 24 ans, reporter pour Radio Shabelle, et Hassan Zubeyr Haji Hassan, cameraman pour la chaîne Al-Arabia TV, ont été mortellement blessés dans l’attentat visant l’hôtel Shamo, sur l’une des principales avenues de Mogadiscio, au lieu dit "kilomètre 5". Trois ministres du gouvernement de transition ont également été tués. Un quatrième, le ministre des Sports, ancien journaliste et membre fondateur de l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), est dans un état critique après avoir été blessé.

Selon les informations de Reporters sans frontières, au moins sept journalistes, parmi lesquels le photographe de l’AFP, Mohamed Dahir, ont également été blessés.

L’attaque n’a pas été revendiquée, mais de forts soupçons pèsent sur la milice islamiste Al-Shabaab. Selon un employé de l’hôtel, l’un des étudiants participant à la cérémonie a déclenché des explosifs qu’il portait sur lui.

"Nous n’en pouvons plus de l’insécurité. La plupart de mes confrères souhaitent désormais arrêter de travailler. C’est devenu trop dangereux", a déclaré à Reporters sans frontières un ancien journaliste de Radio Shabelle basé dans la capitale somalienne.

Radio Shabelle figurait parmi les nominés, dans la catégorie Médias, du Prix Reporters sans frontières – Fnac 2009 remis à Paris le 2 décembre 2009. Station privée la plus réputée du pays, elle est aussi la plus exposée. Le 7 juin dernier, son directeur, Mukhtar Mohamed Hirabe, a été abattu de quatre balles dans la tête, en plein cœur de Mogadiscio, alors qu’il se rendait au travail (http://www.rsf.org/Le-directeur-de-Radio-Shabelle,33296.html). Avant lui, deux de ses employés avaient été tués cette année. Quant à son prédécesseur, Bashir Nur Gedi, il avait lui aussi été assassiné, en 2007.

Préoccupée par le contexte d’insécurité croissante dans lequel sont contraints de travailler les professionnels des médias en Somalie, Reporters sans frontières avait octroyé, en juillet dernier, une aide de 2 000 dollars et fait parvenir vingt gilets pare-balles à des journalistes somaliens (http://www.rsf.org/Aide-aux-journalistes-somaliens.html).

Avec huit journalistes tués en 2009, la Somalie est le deuxième pays le plus meurtrier du monde pour les médias, après les Philippines. Le pays occupe la 164e place (sur 175 pays) du classement 2009 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

_________________________ 2 – AFP

Attentat à Mogadiscio: 19 morts dont 3 ministres

Dix-neuf personnes dont trois ministres du gouvernement de transition somalien (TFG) ont été tués jeudi dans un attentat-suicide visant un hôtel de Mogadiscio où se déroulait une cérémonie officielle, a indiqué la force de paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom) dans un communiqué.

"Un kamikaze a déclenché une explosion à l’intérieur de l’hôtel Shamo (…) pendant une cérémonie de remise de diplômes d’étudiants en médecine de l’université de Banadir, causant la mort, selon un bilan encore provisoire, de 19 civils et blessant plusieurs autres", selon l’Amisom.

Un peu plus tôt, un responsable sécuritaire participant à l’enquête sur cet attentat, avait fait état à l’AFP de 18 victimes, des étudiants pour "la plupart".

L’attaque a eu lieu dans la matinée à l’intérieur de l’hôtel Shamo, dans la petite partie de la capitale somalienne encore sous contrôle du gouvernement, au cours d’une cérémonie officielle de remise de diplômes à des étudiants.

Plusieurs ministres du TFG, de nombreux officiels ainsi que des journalistes somaliens étaient présents. Un étudiant a apparemment déclenché des explosifs qu’il portait sur lui, selon un employé de l’établissement, qui a fait état d’au moins six morts.

Trois ministres ont été tués: le ministre de l’Education supérieure, Ibrahim Hassan Addow, le ministre de l’Education, Mohamed Abdullhai Waayel, et la ministre de la Santé, Qamar Aden Ali, a indiqué un responsable gouvernemental en charge de la sécurité.

Un quatrième membre du TFG, le ministre des Sports, Suleyman Olad Roble, a été blessé, selon cette même source.

Deux journalistes somaliens figurent parmi les morts: le correspondant de radio Shabelle, Mohamed Amin Aden, et un cameraman travaillant pour la télévision al-Arabiya, Hassan Zuber Hadji.

Le photographe de l’AFP, Mohamed Dahir, qui couvrait l’évènement et ne se trouvait qu’à quelques pas des deux journalistes tués, a été légèrement blessé.

"Nous étions en train d’attendre devant la salle quand une énorme explosion a eu lieu. Je me suis retrouvé par terre au milieu de la fumée et des cris", a raconté M. Dahir.

"Je suis allé récupérer mon appareil photo, c’est là que j’ai vu les corps des trois ministres", a-t-il précisé. L’hôtel Shamo est situé le long de l’une des principales avenues de Mogadiscio, au lieu dit "kilomètre 5", qui mène à la Villa Somalia, la présidence somalienne.

Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le TFG du président cheikh Sharif Ahmed (au pouvoir depuis janvier 2009) ne contrôle que quelques quartiers de la capitale, avec le soutien des 5.300 soldats la force de paix de l’Union africaine (Amisom), face aux insurgés shebab et du Hezb al-Islam. Les membres du TFG sont régulièrement la cible d’attentats menés par ces insurgés islamistes, en particulier des shebab, qui se réclament d’Al-Qaïda et de son idéologie du jihad mondial.

Le 18 juin, un attentat-suicide avait coûté la vie au ministre de la Sécurité intérieure, le colonel Omar Hashi Aden, et à 19 autres personnes à Beledweyne (300 km au nord de Mogadiscio). L’attaque avait été revendiquée par les shebab.

Le 17 septembre, 21 personnes avaient été tuées dans un double attentat-suicide à l’aéroport de Mogadiscio contre le quartier général de l’Amisom. Là aussi revendiquée par les shebab, l’attaque avait fait 17 morts parmi les soldats ougandais et burundais de la paix, dont le numéro deux de la force, le général burundais Juvénal Niyonguruza.

S’exprimant depuis Kampala, l’envoyé spécial de l’UA en Somalie, Wafula Wamunyini, a "condamné dans les termes les plus fermes" ce nouvel attentat, qui visait "à intimider le TFG". "Nous voulons rassurer tout le monde: nous continuerons notre mission, nous continuerons à soutenir" le gouvernement somalien, a déclaré M. Wamunyini.

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1 – Le Point avec Reuters

Une bombe fait 19 morts dont trois ministres à Mogadiscio

Un kamikaze déguisé en femme voilée a fait exploser sa bombe, tuant 19 personnes, dont trois ministres somaliens, lors d’une remise de diplômes universitaires dans un hôtel de Mogadiscio, annonce la force de l’Union africaine (Amisom) en Somalie.

Le kamikaze a d’abord écouté assis les discours pendant un certain temps avant de se diriger vers l’estrade et de déclencher la bombe.

C’est l’attentat le plus grave en Somalie depuis le 17 septembre, quand les miliciens islamistes du mouvement Al Chabaab avaient attaqué avec deux voitures piégées la base de la force de l’UA dans la capitale, faisant 17 morts.

Le gouvernement du président Cheikh Charif Ahmed, soutenu par les Nations unies, ne contrôle que quelques rues de Mogadiscio. Ces derniers jours, des rumeurs faisaient état d’une prochaine offensive gouvernementale contre les rebelles.

Un journaliste de Reuters présent à l’hôtel Chamo a précisé que l’établissement était rempli d’étudiants, de parents et de personnalités pour la remise des diplômes de l’université Benadir quand l’explosion s’est produite.

Le ministre de la Santé, Kamar Aden Ali, celui de l’Education, Ahmed Abdoulahi Waayil, et celui de l’Enseignement supérieur, Ibrahim Hassan Addow, ont été tués. Leur collègue des Sports, Saleban Olad Roble, a été blessé.

Un témoin, un étudiant en médecine, Mohamed Abdoulkadir, a précisé qu’au moins neuf étudiants et un enseignant avaient également péri.

LES MILICIENS D’AL CHABAAB MONTRÉS DU DOIGT

"Beaucoup de mes amis sont morts", a-t-il dit à Reuters. "J’étais assis près d’un enseignant qui venait juste de prendre la parole, il a été tué."

La chaîne de télévision Al Arabya, basée à Dubaï, a annoncé qu’un de ses cameramen, Hassan al Zoubaïr, avait aussi été tué.

Ali Yassine Gedi, vice-président de l’Organisation Elman pour la paix et des droits de l’homme, a parlé de quarante blessés, dont le doyen de la faculté de médecine qui a été évacué en avion vers le Kenya.

Les soupçons se portent sur Al Chabaab, qui a tué le ministre de la Sécurité et une trentaine de personnes en juin lors d’un attentat suicide contre un hôtel de Baladwayne, dans le centre du pays.

Le groupe islamiste, qui passe à Washington pour être l’allié d’Al Qaïda dans la région, contrôle une grande partie du pays.

La Somalie est plongée dans le chaos depuis près de deux décennies et peu de signes laissent espérer que la dernière tentative en date pour y établir un gouvernement central soit plus fructueuse que les quatorze qui l’ont précédée depuis 1991.

Depuis le début 2007, les combats et attentats ont fait 19.000 morts et un million et demi de personnes déplacées.

Avec Abdi Cheikh à Mogadiscio
et Abdiaziz Hassan à Nairobi,
version française Grégory Blachier et Guy Kerivel