24/01/10 (B535) Nouvelles de Somalie : importations illégales d’armement. (3 articles en Français)

________________________ 3 – Momos Info avec XINHUA (Chine)

Le gouvernement somalien rejette le rapport d’Amnesty International

Le gouvernement somalien a rejeté vendredi comme « faux » et « infondé » un récent rapport d’ Amnesty International appelant à la suspension des livraisons d’ armes au gouvernement somalien dont les forces sont accusées de violation des droits de l’Homme.

Amnesty International a affirmé cette semaine que les armes livrées au gouvernement somalien étaient utilisées pour commettre des crimes à l’encontre de civils et que certaines de ces armes finissaient entre les mains d’insurgés armés opposés au gouvernement.

« Les affirmations d’Amnesty International sont fausses et ses accusations à l’encontre du gouvernement somalien sont infondées », indique un communiqué du bureau du Premier ministre.

Les experts ont mis en garde que si ces armes n’étaient pas mises à la disposition du gouvernement somalien, les combattants islamistes qui contrôlent actuellement une grande partie du sud et du centre du pays pourraient facilement s’emparer du reste du pays.

Un embargo de 10 ans est imposé sur ce pays ravagé par les conflits, mais le gouvernement somalien, bénéficiant d’une reconnaissance internationale, bénéficie d’une exemption des Nations unies permettant à ses forces gouvernementales de se procurer armes et munitions.

Le communiqué du Premier ministre, dont Xinhua a obtenu copie, souligne la légitimité du gouvernement somalien, soutenant que le gouvernement somalien reconnu a « le droit légitime de se procurer et d’acheter des armes d’autres pays pour défendre la population somalienne contre les groupes terroristes ».

Les armes reçues par le gouvernement sont « utilisées de manière responsable » par les forces de sécurité du gouvernement, pour lutter contre les forces islamistes, ajoute-t-il.

Les armes obtenues par le gouvernement somalien n’ont jamais été détournées au profit de groupes radicaux islamistes, affirme le communiqué, soulignant également que ses soldats sont formés dans le respect des droits de l’Homme.

Le gouvernement somalien a indiqué que le mouvement islamiste Al-Shabab recevait ses armes de l’Érythrée et d’Al-Qaïda, mais Asmara a toujours démenti fournir des armes aux mouvements insurgés de Somalie.

La Somalie est dépourvue de gouvernement central fort et son gouvernement de transition, en grande difficulté, est réduit à lutter pour sa survie.

________________________ 2 – Le Temps (Suisse)

Armes américaines entre les mains des rebelles

Angélique Mounier-Kuhn

L’ONG Amnesty International a mené l’enquête. La politique internationale de soutien au gouvernement de transition de Somalie attise le conflit et mène à des violations des droits de l’homme et à des crimes de guerre. L’an passé, Washington a livré jusqu’à 40 tonnes d’armes à Mogadiscio

La stratégie internationale de soutien au gouvernement fédéral de transition de la Somalie (GFT) n’est pas seulement vaine. En attisant le conflit, elle mène à des violations des droits de l’homme et à des crimes de guerre, dénonce Amnesty International. Dans un rapport publié jeudi, l’ONG enjoint aux pays occidentaux de suspendre toute livraison d’armes au GFT tant que des garde-fous n’ont pas été mis en place.

«Le gouvernement de Somalie est très faible et attaqué par des groupes armés puissants. La communauté internationale pense que la seule solution est de l’armer. Mais cela ne doit pas être fait à n’importe quel prix. La priorité doit aller aux populations civiles», indique Bénédicte Goderiaux, chercheuse pour l’ONG à Londres.

En 1992, alors que la Somalie sombrait dans la guerre civile, les Nations unies ont imposé un embargo sur les armes. Toujours en vigueur, il n’a jamais cessé d’être violé, par l’Ethiopie, le Yémen et l’Ouganda notamment. Le trafic d’armes est un négoce florissant à Mogadiscio, dont se repaissent toutes les parties prenantes au conflit.

L’ONU avait aussi prévu la possibilité de dérogations à cet embargo.

Amnesty International a mis la main sur des documents montrant qu’en plusieurs occasions, au printemps et à l’été 2009, les Etats-Unis ont sollicité l’ONU, et auraient obtenu son feu vert, pour livrer jusqu’à 40 tonnes de matériel militaire au gouvernement du président Cheikh Sharif Ahmed.

A l’époque, ce dernier, menacé par une offensive islamiste de grande ampleur, avait appelé la communauté internationale à la rescousse. Washington l’a entendu et, sans délai, des caisses de munitions, des fusils d’assaut, des armes automatiques, des roquettes ou encore des mortiers sont parvenus dans le port de Mogadiscio.

Prix cassés sur les armes

«Au total, plus d’armes sont arrivées en Somalie que les forces de l’ordre ne comptent d’hommes. Certaines se sont retrouvées directement sur le marché de Bakara (ndlr: le marché principal de la capitale), où à la mi-juillet les prix s’étaient effondrés de 30 à 40%», explique Peter Pham, directeur Afrique du National Committee on American Foreign Policy, un groupe de réflexion new-yorkais. «Un fusil M16 ne valait plus que 95 dollars, un AK-47 195 dollars et les munitions étaient moins chères qu’aux Etats-Unis.

A peine 30 cents pour une cartouche d’AK-47», poursuit le spécialiste. Selon lui, outre le canal de la corruption, difficile à attester, c’est l’absence de loyauté envers le GFT qui est le principal pourvoyeur d’armes sur le marché noir. «Le GFT paie tellement mal ses hommes que certains s’enrôlent, récupèrent des armes et s’en vont aussitôt les vendre ou rejoignent les groupes islamistes qui paient mieux», indique Peter Pham.

________________________ 1 – Amnesty Int. (Belgique)

Aide militaire à la Somalie : il faut renforcer les contrôles

Amnesty International a demandé que les transferts d’armement à destination du gouvernement somalien soient suspendus jusqu’à ce que des garanties appropriées soient mises en place pour éviter que des armes soient utilisées pour commettre des crimes de guerre et des atteintes aux droits humains.