13/07/10 (B560) Nouvelles de Somalie – L’Ouganda engagé en Somalie, frappé par un double attentat sanglant – les shebab gagnent de l’envergure au sein du jihad en Afrique – L’Ouganda maintiendra ses soldats en Somalie malgré le double attentat – L’UA condamne les attentats en Ouganda – les islamistes shebab revendiquent les attentats ayant fait 74 morts (5 articles)
_______________ 5 – Bruxelles 2 – Europe de la Défense
L’Ouganda engagé en Somalie, frappé par un double attentat sanglant
74 morts à Kampala, au dernier bilan, et une soixantaine de blessés, dont certains graves.
La capitale ougandaise a été secouée hier soir par deux séries d’explosion qui ont frappé deux bars, surpeuplés à ce moment, où la finale de la coupe du monde de football se déroulait. Des attentats conçus pour tuer un maximum de personnes, et de préférence des étrangers. L’un visait l’Ethiopan Bar dans le quartier de Kabalagala à 22 heures environ.
L’autre visait, une heure plus tard, le Kyadondo Rugby Club, où plusieurs centaines de spectateurs étaient groupés, dehors, devant les écrans. Une double explosion aurait été entendue. C’est là où les victimes auraient été les plus nombreuses. Un ressortissant américain figurerait parmi les victimes.
Tous les regards se tournent naturellement vers les réseaux islamistes, les Shebabs en particulier. Ces forces islamistes présentes en Somalie, ont menacé à plusieurs reprises le gouvernement ougandais, encore tout récemment lors de la décision de l’IGAD de renforcer l’AMISOM (lire ici).
On peut aussi signaler que l’UPDF (les forces ougandaises) a mené ces derniers jours une vaste offensive contre la LRA (Lord’s Resistance Army = armée de résistance du Seigneur), au nord de l’Ouganda, en faisant pénétrer en République centrafricaine une force de plusieurs milliers de soldats.
L’Ouganda est fortement engagé dans la tentative de l’Union africaine (et de la communauté internationale) de redonner un semblant d’existence à la Somalie (Etat failli par définition). Il fournit ainsi (avec le Burundi) les troupes de l’AMISOM (la force de stabilisation en Somalie), a formé plusieurs centaines de membres des forces de sécurité somaliennes.
Il accueille encore, en ce moment, à Bihanga, un contingent complet de soldats somaliens, formés par les Européens (EUTM Somalia). Des mesures de sécurité renforcées devraient être prises prochainement tant au QG européen à Kampala que dans le camp de formation de Bihanga. Ce dernier, situé à plusieurs heures de route de Kampala, a ainsi l’avantage d’être excentré. Placé sur une petite hauteur, il diminue physiquement les chances des assaillants et permet une meilleure surveillance.
___________________ 4 – AFP
Somalie: les shebab gagnent de l’envergure au sein du jihad en Afrique
Les insurgés somaliens shebab, qui ont revendiqué lundi le double attentat de Kampala, ont gagné en envergure ces dernières années pour devenir les représentants attitrés d’Al-Qaïda en Afrique de l’Est.
Le double attentat de Kampala, qui a fait au moins 74 morts, marque la première action d’envergure du groupe à l’extérieur de la Somalie, dans la droite ligne d’un processus visant apparemment à acquérir la franchise Al-Qaïda pour l’Afrique orientale.
"Nous sommes derrière cette attaque car nous sommes en guerre avec eux", les Ougandais, a déclaré à la presse à Mogadiscio l’un des porte-parole du mouvement, Ali Mouhamoud Rage.
Plus tôt dans la journée, des sites internet proches des shebab s’étaient "félicité" de ces attentats perpétrés dans un pays pourvoyeur de la moitié des troupes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom).
Les shebab, dont la création remonterait à 2006, étaient à l’origine le mouvement de la jeunesse des Tribunaux islamiques, qui ont contrôlé brièvement la Somalie au deuxième semestre 2006 avant d’être mis en déroute par l’armée éthiopienne, un de leurs ennemis jurés.
Tandis que la majeure partie des dirigeants des Tribunaux partaient en exil, les combattants restés en Somalie pour lutter contre les troupes éthiopiennes s’unissaient sous la bannière shebab, qui devint de fait le bras armé du mouvement islamiste somalien.
Les shebab, qui veulent mettre en application une forme très stricte de la Charia (loi islamique), ont appelé au départ de toutes les troupes étrangères, à commencer par celles, burundaises et ougandaises, composant l’Amisom.
Jusque récemment, le groupe poursuivait des objectifs strictement internes à la Somalie et des discussions avec les dirigeants du mouvement permettaient aux agences humanitaires d’acheminer et de distribuer leur aide.
En perpétrant les attentats de Kampala, les shebab ont atteint quatre cibles physiques et symboliques à la fois: Kampala pour sa participation à l’Amisom et pour l’organisation prochaine d’un sommet de l’Union africaine (fin juillet), un restaurant éthiopien et le football, une pratique jugée "non-islamique", parmi d’autres.
Les explosions de Kampala sont les plus meurtrières dans la sous-région depuis les attentats d’août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam qui avaient fait 224 morts et avaient été revendiquées par Al-Qaïda.
Plusieurs suspects recherchés pour ces attentats ont été repérés ces dernières années en Somalie, parmi eux le Comorien Fazul Abdullah Muhammad, qui occuperait un poste important dans la hiérarchie shebab.
En octobre 2008, les shebab avaient franchi un premier cap en organisant des attaques suicide simultanées dans les deux régions autonomes du nord du pays, le Puntland et le Somaliland.
Courant 2009, un afflux sans précédent de combattants étrangers renforçait les craintes des Etats-Unis et de leurs alliés de voir la Somalie devenir un nouveau sanctuaire d’Al-Qaïda.
Le mouvement n’est cependant pas complètement homogène: une attaque suicide lors d’une cérémonie de remise de diplômes à Mogadiscio fin 2009 provoquait un débat interne au sommet de l’organisation entre "étrangers" et Somaliens.
La ligne dure du mouvement a semble-t-il pris le dessus et se réclame régulièrement de l’idéologie du jihad mondial prôné par Al-Qaïda.
Le chef des shebab, Mohamed Abdi Godane, alias Abou Zubaïr, est un religieux natif du Somaliland qui compense ses très rares apparitions publiques par la diffusion de messages enregistrés via des médias locaux ou internet.
Les shebab, qui contrôlent environ 80% de la Somalie, seraient en mesure de mobiliser 7.000 hommes, dont 3.000 réellement aguerris.
___________________ 3 – Le Vif (Belgique) avec Belga
L’Ouganda maintiendra ses soldats en Somalie malgré le double attentat
L’Ouganda maintiendra ses soldats dans la force de paix de l’Union Africaine en Somalie, en dépit du double attentat de Kampala attribué aux islamistes somaliens shebab (64 morts), a assuré lundi un ministre ougandais.
"Ces gens sont des lâches, les Ougandais ne sont pas des lâches, et nous n’allons pas nous enfuir de Mogadiscio simplement à cause de cet acte lâche", a affirmé à l’AFP le vice-ministre des Affaires étrangères Okello Oryem.
La police ougandaise a fait le lien entre le double attentat qui a fait 64 morts dimanche soir dans deux lieux publics de Kampala retransmettant la finale du Mondial, et les menaces récentes des shebab de s’en prendre aux populations de l’Ouganda et du Burundi.
Ces deux pays fournissent à eux deux la totalité des 6.000 soldats d’une force de paix de l’Union Africaine en Somalie (Amisom) chargée de protéger le très fragile gouvernement provisoire de ce pays des assauts des insurgés islamistes dans la capitale Mogadiscio.
Le double attentat de Kampala n’avait cependant toujours pas fait l’objet de revendication lundi en milieu de journée. Le président ougandais Yoweri Museveni a lui aussi condamné "la lâcheté" des auteurs du double attentat, en les mettant au défi de "s’en prendre à des soldats" plutôt qu’à des amateurs de football.
_____________________ 2 – Le Figaro avec AFP
L’UA condamne les attentats en Ouganda
L’Union africaine condamne "dans les termes les plus forts" le double attentat qui a fait 64 morts à Kampala dans deux restaurants qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde, a déclaré le commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra.
"C’est un acte terroriste. Il doit être condamné dans les termes les plus forts", a-t-il dit par téléphone depuis les Seychelles où il participe à une réunion sur la lutte contre la piraterie somalienne dans l’océan Indien. "Nous condamnons cet acte dirigé contre un pays africain engagé activement dans la promotion des objectifs de l’Union africaine", a-t-il ajouté.
_______________________ 1 – AFP
Ouganda: les islamistes shebab revendiquent les attentats ayant fait 74 morts
Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué lundi un double attentat ayant fait 74 morts et 85 blessés la veille à Kampala, dans deux restaurants qui retransmettaient la finale du Mondial, l’acte terroriste le plus meurtrier depuis douze ans en Afrique de l’Est.
"Nous sommes derrière cette attaque car nous sommes en guerre avec eux (les Ougandais)", a déclaré le porte-parole des shebab, Ali Mohamoud Rage, devant des journalistes à Mogadiscio.
"Nous poursuivrons les attaques s’ils continuent à tuer notre peuple. C’était une mesure défensive contre les Ougandais qui sont venus dans notre pays et ont tué notre peuple. C’était des représailles à leurs actions", a ajouté le porte-parole.
Les shebab, qui contrôlent la plus grande partie de la Somalie et qui ont fait voeu d’allégeance à Al-Qaïda, combattent à Mogadiscio une force de paix de l’Union africaine (Amisom), qui protège de son côté le fragile gouvernement provisoire du président Sharif Cheikh Ahmed, élu début 2009.
L’Ouganda a été le premier pays à offrir des soldats à l’Amisom, dont les 6.000 hommes sont aujourd’hui pour moitié ougandais et pour moitié burundais.
Avant même cette revendication, le vice-ministre ougandais des Affaires étrangères Okello Oryem avait assuré à l’AFP que les forces ougandaises "n’allaient pas (s’)enfuir de Mogadiscio simplement à cause de cet acte lâche".
Le double attentat commis à Kampala est le plus meurtrier en Afrique de l’Est depuis celui contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam le 7 août 1998 (224 morts).
Selon le chef de la police ougandaise Kale Kayihura, trois bombes ont explosé, une dans un restaurant éthiopien du sud de Kampala et deux dans le bar d’un club de rugby de l’est de la ville, provoquant un carnage parmi la foule réunie à l’occasion du match de football Espagne-Pays-Bas.
Ce dernier a précisé que le nombre de blessés s’élevait désormais à 85, contre 65 lors d’un précédent bilan.
Le président américain Barack Obama a promis que les Etats-Unis étaient "prêts à fournir toute aide demandée" par le gouvernement ougandais, alors qu’au moins un ressortissant américain a été tué. Un ressortissante irlandaise figure également parmi les victimes identifiées.
La France, la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon ont également assuré l’Ouganda de leur solidarité.
Dans le principal hôpital de Kampala, délabré et sous-équipé, des jeunes fans de football ont parcouru lundi les couloirs pour retrouver un proche disparu. "Nous ne savons pas (où il est). Je le cherche. Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé", s’inquiétait ainsi Collins Zziwa, 25 ans, à la recherche d’un ami.
Le chef de la police ougandaise avait immédiatement lié l’attentat aux menaces récentes des shebab de s’en prendre aux populations de l’Ouganda et du Burundi en représailles de l’engagement militaire de ces deux pays en Somalie.
"Vous connaissez la région où nous sommes et notre engagement en Somalie", a déclaré M. Kayihura. "Evidemment, il s’agit de terrorisme".
Ce dernier a indiqué lundi soir que des arrestations avaient été menées sans toutefois donner aucune précision.
La semaine dernière, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d’Afrique de l’Est, avait décidé de déployer rapidement 2.000 hommes supplémentaires au sein de l’Amisom.
Cette offre doit être examinée par le prochain sommet de l’UA convoqué à Kampala du 25 au 27 juillet. Le porte-parole ougandais Fred Opolot a assuré que ce sommet était maintenu, mais avec une sécurité renforcée.
Le Kenya a annoncé pour sa part un renforcement de la sécurité le long de ses 680 km de frontière avec la Somalie.