14/07/10 (B560) Nouvelles de Somalie – la revendication des Shebab semble authentique – Les militants somaliens ont effectué leur premier attentat suicide en 2006 – Les Shebab somaliens menacent les pays de l’Amisom : après l’Ouganda, le Burundi – Le Kenya renforce la sécurité aux frontières avec la Somalie – 60 personnes tuées dans les combats à Mogadiscio au cours de la semaine dernière (ONU) – Appel à plus de troupes – Au lieu d’affaiblir les Shebab, on les a renforcés – Les Shebab ou le spectre d’Al-Qaïda en Afrique de l’Est (8 articles)

_________________ 8 – RFI

Attentat de Kampala : la revendication des Shebab semble authentique

Le dispositif explosif découvert sur un gilet qui n’a pas explosé, utilisé lors du double attentat à la bombe de Kampala. Il a été présenté par la police ougandaise au cours d’une conférence de presse, le 13 juillet 2010.

L’enquête progresse à Kampala après le double attentat qui a frappé dimanche soir, 11 juillet 2010, deux restaurants, tuant 76 personnes selon les derniers bilans. Des explosifs intacts ont été retrouvés dissimulés dans une sacoche d’ordinateur portable sur un troisième site, une boîte de nuit de la capitale ougandaise. L’attentat a été revendiqué à Mogadiscio par les Shebab, la milice islamiste qui contrôle désormais la majeure partie de la Somalie. Une revendication jugée crédible par les experts, même si c’est la première fois que les Shebab frappent hors de Somalie. La montée en puissance de jihadistes étrangers au sein du mouvement explique l’apparition de ces méthodes terroristes.

En décembre 2009 un attentat suicide à Mogadiscio a tué 25 personnes. L’émotion fut immense dans l’opinion et jusque dans les rangs des miliciens shebab, peu accoutumés jusqu’alors à ce type d’acte terroriste.

A partir de là, chacun a pris conscience que le noyau de combattants jihadistes arrivés de l’étranger, venait de prendre les rênes du mouvement. Ces jihadistes ont importé des méthodes terroristes violentes et ils ont affilié les Shebab aux réseaux al-Qaïda. Cette montée en puissance des étrangers est le fait de l’émir du mouvement, Ahmed Abdi Godane.

« Il s’est appuyé sur ces jihadistes pour prendre le pouvoir et écarter les éléments jugés trop modérés », affirment les experts d’International Crisis Group. Le centre de recherche américain estime que plusieurs centaines de combattants étrangers sont présents au sein des Shebab. La plupart viennent du monde arabo-musulman et de la diaspora somalienne. On y trouve des Pakistanais, des Tchétchènes, mais aussi des Somaliens du Kenya, d’Europe ou d’Amérique. S’ils sont moins nombreux que les combattants locaux, ils possèdent en revanche une expérience, un équipement et des ressources financières qui leur assure un certain leadership sur les commandants locaux.

Reste que la conception radicale et l’obscurantiste de l’islam véhiculée par les jihadistes étrangers ne les rend pas populaires, ni auprès des populations ni auprès des combattants locaux. D’ailleurs certains analystes estiment qu’un schisme au sein du mouvement n’est plus qu’une question de temps.

_________________ 7 – Milkaa’s blog

Les militants somaliens qui ont formé le groupe terroriste extrémiste al-Shabab ont effectué leur premier attentat suicide en 2006, au plus fort de la violence en Irak. Le monde à peine remarqué.

Cette semaine, Al-Shabab devenue la plus récente groupe mondial de la terreur internationale, après avoir remporté deux explosions dans la capitale ougandaise Kampala lors de la finale Coupe du Monde qui a tué 76 personnes.

La police a montré mardi une ceinture large de suicide non explosées, suggérant les militants avaient espéré une troisième explosion et plus de carnage. autorités ougandaises ont arrêté cinq personnes et a laissé entendre que les ressortissants somaliens ont été parmi les personnes arrêtées.

Le FBI et les US Homeland Security Department a averti dans une évaluation distribué aux représentants de la loi que si al-Shabab – "les jeunes" en arabe – est responsable des coups de l’Ouganda, cela pourrait signifier que le groupe peut attaquer les États-Unis

Le fait que le groupe al-Qaïda ont mené des attaques loin de sa base à Mogadiscio "n’augure rien de bon pour les autres pays voisins", a déclaré Frank van Rooyen, chercheur à l’Institut sud-africain des affaires internationales.

"On peut s’attendre à ce qu’ils commencer à porter des attaques
terroristes encore là", a déclaré van Rooyen.

L’attentat suicide contre l’ancien 2006 le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed, et a été menée par d’anciens membres de l’Union des tribunaux islamiques, un groupe d’opposition somaliens qui ont tenté de rétablir l’ordre en Somalie, après près de deux décennies d’anarchie après les chefs de guerre ont renversé de longue date dictateur Siad Barre en 1991. Mais les tentatives de l’unité de soins intensifs de la gouvernance a échoué, et le groupe plus tard, a donné lieu à Al-Shabab.

Les membres de l’ICU compris les hauts dirigeants religieux et même l’actuel président de la Somalie, Cheikh Sharif Cheikh Ahmed.
Mais un an après la levée de la Cour islamique de l’Union, ce qui semblait au départ être bénigne de soutien pour l’islam transformé en une interprétation radicale de la religion, semblable à la marque dures pratiquée par le régime des talibans en Afghanistan. Les éclats soins intensifs, et l’aile conservatrice militant pris le pouvoir, faisant al-Shabab.

"Le groupe a été membre de l’Union des tribunaux islamiques, mais il avait toujours son agenda caché extrêmes. Ils se concentraient sur les formations et s’armer", a déclaré Cheikh Ahmed Siyad, un membre ex-USI.

Al-Shabab batailles de l’Union africaine et les forces somaliennes dans les rues de Mogadiscio par jour, dans un effort pour renverser la Somalie administration faible, soutenu par l’ONU. Ces attaques manquent souvent leurs cibles militaires et les échanges de tirs tue des dizaines de civils, une raison al-Shabab cité en tentant de justifier les attaques de l’Ouganda. Le groupe espère installer sa lecture conservatrice de l’Islam en Somalie. Musique serait interdit. peines officiel inclurait les amputations et les lapidations.

Au cours des deux dernières années, les combattants étrangers dans la numérotation des centaines faible expérience en Afghanistan, le Pakistan et l’Irak ont rejoint al-Shabab, selon des responsables internationaux, l’augmentation du niveau du groupe d’expertise militante. Somalie-Américains ont été recrutés et pris part à des attentats suicides.

Des membres d’Al-Shabab ont commencé à faire serment d’allégeance à Al-Qaïda l’an dernier. Et un de ses membres les plus célèbres est connu sous le nom d’Abou Mansour al-Amriki, l’ordre, ou "l’Américain". Il est apparu dans une vidéo jihadiste en mai 2009.

Mais le groupe a longtemps été sur le radar de l’Amérique. L’une des premières du groupe hauts dirigeants, Aden Hashi Ayro, a été tué dans un raid aérien américain en 2008. Dernière mise à Septembre, un raid de commando américain en Somalie du sud rural tué Saleh Ali Saleh Nabhan, recherché pour l’attentat de 2002 voitures d’une station balnéaire au Kenya et une tentative d’abattre un avion de ligne israélien.

Un responsable du gouvernement somalien de renseignement estimé la force Al-Shabab est compris entre 3.000 et 7.000. Le fonctionnaire, qui a demandé de ne pas être identifié en raison de son travail, a déclaré combattants étrangers et des jeunes recrues somaliens continuent de grossir les rangs du groupe.

A Washington, une analyse du renseignement du lundi et obtenue par l’Associated Press a annoncé mardi que les citoyens américains liés à Al-Shabab pourrait retourner aux Etats-Unis ", éventuellement de procéder à des actes de violence."

Les responsables du renseignement ont déjà considérés comme le groupe Al-Qaida affiliés une menace pour les États-Unis en 2007 et 2008, environ 20 hommes somaliens-américains ont été recrutés et ont quitté la zone de Minneapolis à rejoindre al-Shabab.

Le
chef d’Al-Shabab est Ahmed Abdi Mohamed Godane, qui est surtout connu comme Abu Zubayr, originaire de la région séparatiste de la Somalie qui a déjà travaillé comme comptable d’une entreprise de télécommunications. Son groupe la plupart des contrôles de la Somalie méridionale et centrale, y compris de larges étendues de Mogadiscio, la capitale.

Cheikh Ali Mohamud Rage, porte-parole d’Al-Shabab, a averti lundi que de nouvelles attaques pourraient être destinées à l’Ouganda et le Burundi, deux pays ayant des troupes déployées à Mogadiscio dans le cadre de la force de maintien de la paix Union africaine il. Les analystes disent que l’Éthiopie, le Kenya et Djibouti pourrait également face à des attaques.

Le chef de la police du Kenya anti-terrorisme, Nicholas Kamwende, dit que les forces de sécurité ont été mis en état d’alerte élevé. Un fonctionnaire au Burundi, le gouvernement a augmenté la sécurité.

"Le gouvernement prend les menaces d’al-Shabab très au sérieux et qu’il prend des mesures plus préventives pour enrayer toute attaque», a déclaré Gervais Abayeho, un fonctionnaire dans le bureau du président burundais.

Les États-Unis de marque Al-Shabab une organisation terroriste en 2008, plus d’un an après que l’Éthiopie a envoyé des troupes en Somalie et a déclenché un islamiste et de l’insurrection nationaliste, qui continue de faire rage.

Kamwende cité Fazul Abdullah Mohammed, qui est recherché par les Etats-Unis pour les attentats de 1998 contre l’ambassade américaine au Kenya et en Tanzanie et qui est censé se cacher en Somalie, comme l’un des membres d’Al-Qaïda soupçonnés de donner un soutien à Al-Shabab.

_________________ 6 – Liberté Algérie

Les Shebab somaliens menacent les pays de l’Amisom
Après l’Ouganda, le Burundi

Par : Djamel Bouatta

L’onde de choc du double attentat de dimanche soir à Kampala, en Ouganda, a été ressentie à Bujumbura, la capitale du Burundi, qui est également dans la ligne de mire des insurgés islamistes somaliens, présumés auteurs des explosions qui fait 74 morts et 71 blessés dans la capitale ougandaise.

Le double attentat a été précédé de peu par des menaces d’Al Shebab, de jeunes insurgés islamistes opposés au pouvoir central à Mogadiscio, de s’en prendre directement à la sécurité du Burundi et de l’Ouganda, si les deux pays ne se retiraient pas vite les 6 000 soldats qu’ils ont mis à la disposition de la Mission de maintien de la paix de l’Union africaine (UA) en Somalie (Amisom). Les attentats de Kampala ont eu lieu deux semaines avant la tenue du sommet de l’Union africaine qui doit justement se tenir dans la capitale ougandaise.

Le voisin burundais est également dans la ligne de mire des islamistes somaliens. Les forces de défense et de sécurité burundaises ont annoncé des mesures sécuritaires supplémentaires au lendemain du double attentat de Kampala.

Le renforcement de la sécurité commence à l’aéroport international de Bujumbura où les accompagnateurs de voyageurs restent à bonne distance, dans les jardins ou le parking. Le laser est également d’introduction récente pour mieux sécuriser l’unique aéroport de classe internationale dont dispose le Burundi.

À Bujumbura, la capitale économique et politique du pays, des fûts, sacs géants bourrés de sable, des murs en béton et autres passages à sens uniques filtrent également la circulation piétonne et automobile aux alentours des places stratégiques de la République et des chancelleries occidentales dans une ville naguère sans soucis sécuritaires liés directement au terrorisme mondial. On rappelle que deux explosions de bombes ont secoué Kampala, capitale de l’Ouganda, dans un pub où des amoureux du ballon rond regardaient la retransmission en direct de la finale de la Coupe du monde 2010.

L’autre explosion s’est produite dans un restaurant éthiopien.

Le choix de ce dernier est particulièrement instructif, compte tenu du fait que les combattants somaliens en lutte contre le gouvernement fédéral de transition (TFG) de leur pays, considèrent l’Ethiopie comme un ennemi pour avoir envoyé en 2006 des troupes soutenir le TFG. Le président ougandais qui s’est rendu sur les lieux des explosions est formel : il s’agit d’attentats suicide.

_________________ 5 – Casafree (Maroc)

Afrique : Le Kenya renforce la sécurité aux frontières avec la Somalie

Les forces de sécurité kenyanes, en alerte maximale, ont renforcé la sécurité en déployant plus d’hommes aux frontières avec la Somalie, selon un responsable kenyan.

Les forces de sécurité sont en alerte maximale depuis vendredi dernier et la sécurité a été encore renforcée après le double attentat de Kampala, a indiqué le porte-parole de l’armée kenyane Bogita Ongeri.

Le Kenya soutient avec les autres membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), une organisation régionale, le gouvernement fédéral de transition en Somalie (TGF).

Les insurgés somaliens d’Al shabab avaient menacé, l’année dernière, de perpétrer des attaques au Kenya si ce pays n’arrête pas de former les forces de police du gouvernement et d’entraîner dix mille soldats essentiellement des jeunes somaliens dans les camps du Kenya pour combattre les groupes islamiques, selon le porte-parole de ce groupe, Sheikh Ali Mohamoud.

Les services de sécurité avaient renforcé, en mars dernier, les contrô les dans les différents points frontaliers à la suite de l’évasion du commissariat de police de Busia (ouest) de Hussein Hashi Farah, un australien d’origine somalienne soupçonné d’être un collecteur de fonds pour Al Shabab et d’avoir préparé une attaque terroriste en 2009 contre une base militaire d’Holsworthy en Australie.

Les insurgés d’Al Shabab, très actifs au sud de la Somalie, avaient pris le contrôle de la ville de Dhobley, proche de la frontière commune, alors que plusieurs miliciens islamistes ont fait des incursions à plusieurs reprises au Kenya.

Le double attentat perpétré dans deux restaurants de la capitale ougandaise Kampala qui retransmettaient la finale de la coupe du monde a fait 74 tués.

_________________ 4 – Les Afriques

Somalie : Appel à plus de troupes

D’après un communiqué de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique orientale, des dirigeants africains souhaitent que 20 000 soldats soient déployés en Somalie pour soutenir le gouvernement fédéral de transition assiégé.

Cet appel a été lancé lundi 5 juillet à Addis-Abeba, après une réunion des dirigeants.

Ces derniers ont annoncé qu’ils allaient porter immédiatement le nombre de soldats de l’Union africaine (UA) en Somalie à 2000, et atteindre le plein effectif prévu de 8100 soldats.

Ils ont en outre réitéré un appel antérieur au Conseil de sécurité des Nations Unies pour convertir « sans délai » la mission de l’UA en une opération de maintien de la paix de l’ONU.

________ 3 – Quotidien du Peuple (Chine) avec XINHUA

60 personnes tuées dans les combats à Mogadiscio au cours de la semaine dernière (ONU)

Au moins 60 personnes ont été tuées dans les combats à Mogadiscio la semaine dernière, a déclaré lundi l’Offfice des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Selon un communiqué publié lundi à Nairobi par l’OCHA, les combats dans la capitale somalienne ont fait également plus de 120 blessés, dont la plupart était des femmes et enfants.

Les violences quotidiennes et les violations des droits de l’homme en Somalie continuent à faire déplacer des milliers de civils, note l’OCHA, précisant que plus de 200 000 personnes ont été forcées de quitter leurs maisons depuis le début de cette année par les combats.

Depuis le 1er juillet, l’HCR a notifié 9600 personnes déplacées par les combats à Mogadiscio.

Selon l’OCHA, les violences contre les employés humanitaires ont connu une hausse depuis le 5 juillet suite à l’enlèvement de trois membres d’un ONG et leur chauffeur par des hommes armés à Mogadiscio. Ils ont été libérés par leurs ravisseurs après par la suite pour des raisons inconnues.

La poursuite des combats a provoqué des épidémies de choléra et de diarrhée en Somalie, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait appelé le mois dernier, lors d’une conférence internationale sur la Somalie tenue à Istanbul, la communauté internationale à agir rapidement pour mettre fin aux violences en Somalie pour qu’elles ne se propagent pas dans les pays voisins.

_______________ 2 – Libération

Au lieu d’affaiblir les Shebab, on les a renforcés

Interview de Roland Marchal, spécialiste de la Somalie, analyse l’échec de la stratégie occidentale :

Par CHRISTOPHE AYAD

Roland Marchal, chargé de recherches au CNRS, enseigne à Sciences Po Paris et à l’université Paris-I. Il est le meilleur spécialiste de la Somalie en France.

Qui sont les Shebab ? D’où viennent-ils ?

Ce mouvement à une triple origine. C’est important de le souligner car les Occidentaux ne mettent l’accent que sur la dimension internationaliste, liée à Al-Qaeda. Il y a bien un groupe de Somaliens ayant fait ses armes en Afghanistan et qui, de retour au pays après la chute des talibans fin 2001, était décidé à mettre en œuvre ce qu’il avait appris. En termes numériques, les deux autres groupes sont plus importants. Il s’agit des islamistes salafistes d’Al-I’tissam, une formation issue de la scission d’Al-Ittihad, la matrice des mouvements islamistes somaliens dans les années 90 : leur agenda a toujours été intérieur. Le troisième pilier des Shebab est formé des jeunes recrutés et instruits par les tribunaux islamiques pour appliquer leurs jugements et transcender les divisions claniques. Ces trois tendances ont fusionné au deuxième semestre 2004 pour former un groupe peu influent et peu connu à l’époque.

Qu’est-ce qui explique une montée en puissance aussi fulgurante ?

La politique occidentale menée par les Etats-Unis, par leur meilleur allié régional qu’est l’Ethiopie, mais aussi par l’Europe – à commencer par la France et la Grande-Bretagne -, a eu un effet catastrophique. Elle a réussi à transformer une organisation groupusculaire en une force qui contrôle désormais 80% du territoire du centre et du sud de la Somalie et plus encore en termes de population. Au lieu d’affaiblir les Shebab, la stratégie contre-terroriste [assassinats ciblés, invasion de l’Ethiopie en décembre 2006, ndlr] les a renforcés.

Qu’en est-il de la présence d’éléments d’Al-Qaeda parmi les Shebab ?

Sur ce point, il est difficile de démêler les rumeurs de la vérité. On estime qu’un petit groupe de 200 personnes vient effectivement du Pakistan, d’Afghanistan, du Bangladesh ou du monde arabe. Ces combattants sont utilisés comme troupes de choc des Shebab. Ils font aussi office de police secrète et participent à l’endoctrinement des jeunes recrues. Mais l’essentiel des étrangers présents au sein des Shebab sont des Somaliens de la diaspora, à 70% ou 80%, auxquels il faut y ajouter les habituels soldats des causes perdues.

La multiplication des attentats-suicides n’est-elle pas la preuve d’une «al-qaedisation» des Shebab ?

L’attentat-suicide s’est globalisé. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que la plupart ont été commis par des Somaliens recrutés dans la diaspora et non pas des combattants du cru. A part les attentats-suicides, l’apport d’Al-Qaeda n’a pas fondamentalement changé la donne du conflit en Somalie : une guerre urbaine menée au lance-roquettes et à la kalachnikov.

Les Occidentaux ont-ils tiré des leçons de l’échec de leur stratégie antiterroriste dans le pays ?

Non, on reste dans l’illusion militaire et sécuritaire. Les Occidentaux ont coopté, à la présidence, Cheikh Chérif [un islamiste modéré, ancien chef de l’Union des tribunaux islamiques] en marginalisant toutes les autres tendances de l’opposition islamiste, notamment Hassan Daher Aweys, qui est la bête noire de l’Ethiopie et que Washington a mis sur la liste des terroristes les plus recherchés. Résultat : son parti, Hizb al-Islam, qui a une réelle puissance militaire, s’est allié aux Shebab. C’est d’autant plus absurde qu’en Afghanistan, les Occidentaux incitent Karzaï à une forme de dialogue politique avec les talibans afin de les détacher d’Al-Qaeda. En Somalie, tout a été fait pour globaliser le conflit.

La guerre civile en Somalie peut-elle finir par se propager ?

La stratégie des Occidentaux consiste à «fixer» les jihadistes sur un conflit et un terrain qui ne présentent pas d’intérêt stratégique. La Somalie n’intéresse personne. Mais ils ne se rendent pas compte que l’impact du conflit est très fort dans la diaspora somalienne, qu’elle réside en Afrique, en Europe ou aux Etats-Unis. Surtout, ce conflit a exacerbé les revendications des communautés musulmanes d’Afrique de l’Est. L’Ouganda vient d’en faire l’amère expérience et d’autres pays de la région pourraient suivre.

_______________ 1 – Jeune Afrique avec AFP

Les Shebab ou le spectre d’Al-Qaïda en Afrique de l’Est

Avant même que les Shebab ne revendiquent le double attentat de Kampala, qui a fait 74 morts dimanche soir, d’après un bilan officiel provisoire, ils étaient accusés par les autorités ougandaises.

Cette réaction de Kampala prouve que ces milices inquiètent désormais toute la région. Le groupe était à l’origine un mouvement de jeunesse (Shebab signifie « les jeunes » en langue arabe) affilié à l’Union des tribunaux islamiques (UTI) somaliens, qui s’était emparé du pouvoir à Mogadiscio en 2006.

Faible mobilisation de l’Amisom

L’UTI a été chassée du pouvoir par l’intervention de l’armée éthiopienne fin 2006. Mais, tandis que ses chefs s’exilent, les combattants restés en Somalie pour lutter contre cette armée "d’infidèles" (l’Éthiopie est majoritairement chrétienne-orthodoxe même si les musulmans constituent une très importante minorité) s’unissent sous la bannière des Shebab.

La Somalie devenue un bourbier pour son armée, l’Éthiopie décide finalement de se retirer après une intervention de plus de deux ans. La force déployée par l’Union africaine (Amisom) depuis mars 2007, avec pour objectif initial de rassembler plus de 8 000 soldats, est censée prendre le relai pour soutenir le fragile gouvernement de transition de la Somalie.

Au départ de l’armée éthiopienne, l’Amisom ne compte que 3 400 hommes. Aujourd’hui, elle serait composée d’environ 5 000 soldats ougandais et burundais, mais on est encore loin des promesses initiales. Entre temps, la force de l’UA n’a pas pu contenir la montée des Shebab. Ceux-ci renforcent leur emprise sur la Somalie et acculent le gouvernement provisoire, qui ne contrôle qu’une petite partie de la capitale.

Dissensions

En octobre 2008, le groupe dirigé par Mohamed Abdi Godane, alias Abou Zubaïr (un religieux natif du Somaliland) franchit un cap en organisant des attaques-suicides simultanées dans les deux régions du Nord du pays qu’il ne contrôle pourtant pas.

À partir de 2009, des combattants djihadistes venus d’autres pays pour se joindre aux Shebab commencent à investir le pays. Il semble que cet afflux, qui inquiète particulièrement les États-Unis, n’est pas complètement maîtrisé par les Somaliens. Fin 2009, un attentat-suicide, mené lors d’une cérémonie de remise de diplômes, coûte ainsi la vie à plusieurs ministres du Gouvernement fédéral de transition (GFT) et provoque un débat interne au sommet de l’organisation entre « étrangers » et Somaliens.

La ligne dure semble l’avoir emporté. En février 2010, les agents du Programme alimentaire mondial (PAM) ont dû faire face à un refus d’accès aux populations car ils « n'[ont] pas rempli les conditions » posées par les Shebab.

80% de la Somalie sous contrôle

Aujourd’hui, les Shebab contrôleraient environ 80 % de la Somalie et seraient en mesure de mobiliser 7 000 hommes, dont 3 000 réellement aguerris. Le 5 juillet, les pays de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, regroupant, outre la Somalie, Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Kenya, le Soudan et l’Ouganda) s’étaient mis d’accord pour déployer rapidement 2 000 hommes supplémentaires. Le même jour, les Shebab avaient appelé les Somaliens à chasser Ougandais et Burundais du pays.

Le double attentat de Kampala, attribué aux Shebab par le gouvernement ougandais (même s’ils ne l’ont pas revendiqué) est l’attaque terroriste la plus meurtrière dans la région depuis celles d’août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar es-Salaam (Tanzanie). Celles-ci, revendiquées par Al-Qaïda, ont fait plus de 200 morts.

Plusieurs djihadistes recherchés pour les attentats de 1998, dont le Comorien Fazul Abdullah Muhammad, ont été repérés en Somalie ces dernières années. Fazul Abdullah Muhammad occuperait désormais un poste important dans la hiérarchie des Shebab.