30/10/10 (B576) ARD : Traduction du discours que Maki Houmedgaba, représentant de l’ARD pour l’Europe, a prononcé en langue Afar devant les participants du forum de Bruxelles.

Les représentants des partis politiques et des ONG étaient invités à intervenir au forum afar de Bruxelles le samedi 23 octobre 2010. Le thème abordé par Maki Houmedgaba, représentant de l’ARD en Europe, a été : « Quelle lutte pour les Afar dans la Corne de l’Afrique ? »

J’adresse mes remerciements les plus chaleureux aux jeunes organisateurs du présent forum afar de Belgique avec le soutien logistique de l’association culturelle RAMID de Bruxelles.

Si les Afar sont arrivés nombreux ici en provenance d’Ethiopie, d’Erythrée et de Djibouti ainsi que des différents pays du monde où ils vivent en diaspora, c’est pour partager l’expérience de leurs vécus et avec le désir de relever les défis de leurs survies au quotidien.

Un engagement mené pour la défense des droits légitimes de telle ou telle communauté linguistique dans tel ou tel pays de notre région doit être envisagé dans le cadre d’un engagement global pour les droits de toutes les communautés nationales dans chaque pays.

Cette région d’Afrique au nationalisme sourcilleux ne doit pas s’ériger sur des considérations identitaires qui peuvent mener au pire en croyant arracher les populations à la dictature et à la misère.

Présenter le cadre de la lutte pour les droits des Afar dans la Corne de l’Afrique doit poser d’emblée le principe suivant. Le débat doit s’atteler, pour atteindre une meilleure efficacité, à distinguer la lutte pour le développement de la culture d’une part, de la lutte pour le développement de la démocratie et des droits de l’homme d’autre part.

Les différents conférenciers ici présents ne manqueront pas d’exposer les contextes qui prévalent en Ethiopie et en Erythrée, je me limiterai pour ma part à présenter au nom de l’ARD la situation qui prévaut en république de Djibouti.

Autant les Afar de Djibouti partagent avec les autres Afar dans la région des liens étroits culturel, linguistique, géographique et historique, autant s’agissant de l’action politique, c’est avec les seuls Djiboutiens que le combat pour la démocratie, le multipartisme et l’égalité peut être mené, sans renier le besoin d’échange d’expérience entre Afar.

Parce que les communautés culturelles de Djibouti peuvent connaitre les mêmes soubresauts identitaires que celles des pays voisins, il convient d’exprimer son attachement culturel avec une attention toute particulière, notamment en veillant à préserver la fraternité et la paix sociale dans le pays.

Une telle stratégie de lutte est le seul moyen efficace qui permettra de gagner la démocratie à Djibouti, mais aussi parce qu’elle est la condition première au maintien de la cohésion nationale dans le pays.

La mobilisation générale actuellement réussie à Djibouti est la preuve vivante de l’efficacité d’une telle action menée de concert par toutes les communautés nationales, et elle est aussi la condition sine qua non pour obtenir le soutien de la communauté internationale toujours éprise de paix sociale et d’union nationale.

Le gouvernement d’Hassan Gouled Aptidon avait poussé le FRUD en 1993 à l’isolement diplomatique avec l’accusation de préparer la grande afarie, inculpation gratuite qui avait conduit la France de François Mitterrand à prendre le parti du gouvernement djiboutien.

Tirant les enseignements de cette histoire contemporaine, les Assises de l’ARD tenues en février 2010 ont permis d’organiser dans le cadre de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD) des tournées dans tout le pays et coordonné de nombreux rassemblements dans Djibouti-ville à partir d’avril 2010.

Les places publiques de Djibouti-ville à Balbala, Hawableh, Wahle Daba et Avenue Nasser ont vu se fusionner tantôt 1000, tantôt 1500, tantôt 2000 manifestants de toutes origines contre le troisième mandat, contre la violation des accords de paix et contre l’état de dictature dans le pays.

C’est bien la preuve que seule une union de toutes les forces vives de la nation rendra un jour possible l’avènement de la démocratie et de l’état de droit à Djibouti, comme ailleurs dans notre région.

Je vous remercie.

Maki Houmedgaba,
Représentant de l’ARD en Europe