02/02/11 (B589) L’astuce du jour / Le guide du tricard, pour dictateur en exil ou 5 règles pour devenir ou pour rester dictateur en poste ! (extrait de LePost.fr)

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Voilà une question que bon nombre de chefs d’Etat aux quatre coins du monde se posent actuellement.

Comment faire taire une révolution populaire ?

Voici par exemple, une liste exhaustive des « meilleures » solutions trouvées par les chefs d’état dictatoriaux au travers du globe pour y arriver.

Règle n°1 : Censurer la presse Locale et Internationale

Censurer la presse est un moyen sûr et efficace d’atténuer tout mouvement révolutionnaire. Un moyen permettant de ne pas laisser se propager des mouvements de grognes susceptibles au travers de la presse de gonfler et prendre une ampleur trop importante.

Le meilleur moyen par ailleurs restant de nationaliser bon nombre de médias importants tout en faisant « couler » les plus petits avec l’aide notamment de sabotages, d’intimidations en tous genres, ou encore d’attentats envers les locaux de récalcitrants, voire en piratant les médias concernés.

Dans toute guerre populaire, la gangrène redoutée par les chefs d’état est la presse. Et d’autant plus la presse internationale, qui relayant d’une façon ou d’une autre les informations sur les évènements d’un pays, crée une mauvaise image dudit pays et par la même occasion du gouvernement en place, avec en tout premier lieu, une (très?) mauvaise image du leader politique national.

En Irak, Corée du Nord, Egypte, etc.. cette méthode porte ses fruits et écarte à coup sûr du lieu des manifestations les journalistes imprudents qui voient là le risque de se retrouver arrêtés pour des contrôles de visas et gentiment emmenés dans des postes de polices ou de contrôles loin des mouvements. Une méthode qui a fait ses preuves, certaines nations n’hésitant pas par ailleurs, à directement condamner les journalistes puis à les exécuter pour « troubles à l’ordre public », ou encore « espionnage ». Les spécialistes du genre étant notamment la Corée du Nord et l’Iran.

Des préceptes mis en place notamment par feu le « Président » Ben Ali, ou encore le Général Kadhafi, voire même les présidents Bouteflika et Moubarak.

Des valeurs sûres donc, qui n’ont pas hésité à mettre cette règle n°1 en application, mais attention il arrive parfois que certains médias changent de camp en cours de route, et là tout devient plus compliqué pour les gouvernements.

Règle n°2 : Couper les communications cellulaires
Contrôler les communications cellulaires, une idée intéressante, permettant de ne pas voir les informations aller trop vite d’une région à l’autre ou encore d’un pays à l’autre. Une méthode permettant de désunifier les mouvements qui peuvent poindre à divers endroits d’une même citée, tout en déséquilibrant la corrélation populaire liée à l’accession aux communications cellulaires.

Une méthode mise notamment en place par le Président Moubarak en Egypte sur les lieux des manifestations, permettant ainsi de mieux refouler par exemple les médias occidentaux qui étaient dans l’impossibilité de transmettre les « directs » à leur employeurs et à leur spectateurs.

Règle n°3 : Imposer un couvre-feu
Quel meilleur moyen pour avoir un semblant de calme que d’imposer aux rues de se vider sous peine de représailles ? Aucun. La meilleure façon pour cela est de décréter un couvre-feu.

En effet, grâce à cette mise en application du couvre-feu, toutes les personnes présentent dans la rue passé l’horaire de mise en application sont déclarées hors la loi. Dans ce cadre, il est donc « légal » d’arrêter ces personnes ou encore de les détruire, ces dernières ayant volontairement outrepassé les directives nationales en bravant l’autorité judiciaire.

Une méthode souvent utilisée, mais qui présente beaucoup de limites, car si beaucoup se mettent d’accord au sein de la population pour braver la loi, alors il devient plus que difficile pour le gouvernement de faire taire les opposants. Cela ferait bien trop de monde à arrêter ou tuer sans que cela ne soit repris ensuite par les médias de tous horizons.

Une méthode à utiliser donc avec parcimonie car les limites sont importantes, et vraiment risquées pour les dictateurs.

Règle n°4 : Censurer la Toile et les Réseaux Sociaux
Internet est devenu un formidable outil de cohésion pour les peuples opprimés. Un outil permettant de se réunir, de discuter, de s’organiser, de se mobiliser, et de débattre sur les évènements de tel ou tel pays.

Un moyen aussi de s’informer sur ce qu’il se passe au sein d’une nation sans que les médias tributaires des règles n°2 et n° 3 n’en soient informés. La toile, ou la vie en 2D, est devenue plus qu’une arme de destruction massive de dictats à travers le monde, et beaucoup commencent vraiment à la craindre, celle-ci ne pouvant réellement être contrôlée en toute discrétion par personne.

Une méthode qui a notamment porté ses fruits en Libye, où le général Kadhafi est passé maître dans l’application de cette règle. Un poison pour les chefs d’états dictateurs qui est plus dangereux encore pour eux qu’une arme atomique.

Twitter, Facebook, etc… des noms qui font trembler les pires gouvernements du monde. Des noms encore inconnus il y a quelques années qui aujourd’hui ont réussi grâce à des jeunesses fougueuses à renverser les dictatures les plus installées.

Ben Ali par exemple, le président dictateur tunisien avait sous-estimé cette force de frappe populaire, et a fini par s’enfuir de Tunisie face à la pression populaire.

En Egypte, le président Moubarak n’a pas fait la même erreur et a censuré directement, dès les prémices des mouvements populaires, ces moyens d’expression pour ne pas avoir lui aussi à migrer en direction de l’Arabie Saoudite. Les réseaux sociaux sont une réalité fictive ayant découlé sur une vérité réelle, une vie en 2D qui a fait des ravages en 3D.

Règle n°5 : Ne pas perdre la puissance militaire
La puissance militaire. Cette force de frappe armée et surentraînée, capable à elle seule de remporter tous les combats. Une force essentielle à la pérennité d’un gouvernement et à la protection de ses acquis.

Une force permettant à elle seule de ne pas craindre les révoltes populaires et de gérer sans difficultés aucune toutes les situations de crise à l’intérieur d’une nation.

Perdre le soutien et l’appui de cette force est automatiquement signe de défaite pour un dictateur, comme le Président Ben Ali a pu le prouver en Tunisie.

Or s’attacher et fidéliser les services d’une armée sous l’égide de son gouvernement permet de garantir la quiétude du chef en place. En Corée du Nord, Egypte, Algérie, Libye, etc, l’armée agit pour le compte du gouvernement en place et cela sans vergogne ce qui permet aux leaders de tout bords de ne pas craindre réellement de renversement politique. Pour faire une bonne dictature, bien solide, l’essentiel est donc d’avoir une armée puissante.

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Vous l’aurez compris, pour être un bon dictateur et annihiler toute menace populaire, l’essentiel est de « Censurer la Presse Locale et Internationale », « Couper les Communications Cellulaires », « Imposer un Couvre Feu », « Censurer la toile et les Réseaux Sociaux », et « Avoir la confiance de l’armée ».

Grâce à ces 5 règles plus que simples, il est impossible de gagner une guerre civile, d’autant plus si toutes les règles sont appliquées en même temps, et que vous êtes à la tête d’un état réputé pour sa qualité d’exportation, le mieux étant d’être une nation productrice de pétrole, et/ou encore de représenter un vrai intérêt diplomatique pour les autres nations du globe. Être dictateur ne s’improvise pas, et pour faire un bon dictateur il y a certaines règles qu’il faut absolument connaître sans quoi votre pouvoir n’en sera que plus éphémère.

Voici donc la liste des 5 règles appliquées en Tunisie (en son temps), Algérie, Libye, Mauritanie, Egypte, Cisjordanie, Corée du Nord, Iran, etc…et qui ont fait la force des dirigeants politiques en place.

Des règles qui, appliquées à la lettre, seront gages de succès pour nos dictateurs en devenir.

Comme quoi, la dictature tient vraiment à peu de choses.