01/03/11 (B593) SURVIE / Communiqué / Soutien français aux dictatures : enfin le changement ?!

Communiqué, le 28 février 2011

Au lendemain de l’annonce par le Président de la République de la nouvelle ligne de la politique extérieure de la France, l’association Survie se félicite des premières mesures concrètes que devrait annoncer les nouveaux ministres, afin de couper tout soutien français aux dictatures africaines.

Après l’annonce ce dimanche soir 27 février 2011 par Nicolas Sarkozy que « nous ne devons avoir qu’un seul but : accompagner, soutenir, aider les peuples qui ont choisi d’être libres » et qu' »il nous faut tout faire pour que l’espérance qui vient de naître ne meure pas », le nouvel exécutif a décidé d’anticiper les mouvements populaires dans tout son ancien « pré-carré ».

Quelques heures avant l’annonce officielle que devraient faire ce soir les nouveaux ministres de la Défense et des Affaires étrangères[1], l’association Survie a appris avec soulagement que la France souhaitait enfin agir fermement à l’encontre des régimes alliés ne donnant pas les garanties démocratiques suffisantes.

Parmi les mesures qui devraient être annoncées dans la soirée, Survie salue notamment :

  • le rappel en France des centaines de coopérants militaires et policiers présents au Cameroun, au Gabon, au Togo, au Maroc, à Djibouti, à Madagascar, au Burkina Faso, au Tchad, en Centrafrique, en Mauritanie, etc. ;
  • la fermeture définitive et complète des bases militaires françaises au Gabon, au Sénégal, au Tchad (opération Epervier), à Djibouti et à Abu Dhabi ;
  • le gel des avoirs financiers et la saisie des Biens Mal Acquis de tous les dictateurs sur le territoire français, notamment l’hôtel particulier récemment acheté par l’Etat gabonais rue de l’Université à Paris ;
  • la suspension de l’aide budgétaire bilatérale au Cameroun et au Tchad si Paul Biya et Idriss Déby ne renoncent pas à se représenter aux élections prévues cette année ;
  • un audit public des services de Bercy sur les investissements des multinationales françaises à capitaux publics implantées dans des Etats où les droits humains ne sont pas respectés ;
  • l’annulation du récent décret d’attribution de la Légion d’honneur à Jean-Dominique Okemba, pilier du régime de Sassou Nguesso, et la nomination à titre posthume des opposants congolais Bruno Ossebi et tchadien Ibni Oumar Mahamat Saleh et du président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme, Maître Goungaye.

Certes, si ces informations transmises officieusement à l’association Survie sont confirmées, cela pourrait entraîner la chute des actions d’Areva et de Total au CAC 40, même si c’est le prix à payer pour une politique étrangère responsable. En revanche, si elles ne sont finalement pas annoncées officiellement par le gouvernement, cela indiquera une fois de plus que Nicolas Sarkozy fait de belles déclarations, mais ne change absolument rien à la politique française criminelle de soutien aux dictatures africaines.

[1] Alain Juppé, également ministre des Affaires étrangères, a reçu le 27 avril 1994 deux des pires extrémistes hutu, en plein cœur du génocide en cours envers les Tutsi.

Stéphanie Dubois de Prisque
Chargée de communication
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