07/07/11 (B610) Vers la fermeture de la base française de Djibouti ??? Au Tchad, l’opération Épervier en question (La Croix)

Le Quai d’Orsay a tempéré mercerdi 6 juillet l’annonce par Alain Juppé de la fin du dispositif Épervier au Tchad.

Une volonté qui traduit la volonté de la France de repenser sa présence militaire en Afrique.

QU’A DIT ALAIN JUPPÉ ?

« Nous sommes en train de discuter avec le Tchad d’un nouvel accord de coopération. Nous avons un dispositif là-bas, Épervier, avec plus d’un millier d’hommes, dont la présence ne se justifie pas, que nous avons à rapatrier », a déclaré mardi 5 juillet le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Une annonce qui s’entend comme une réponse à la déclaration du président tchadien Idriss Deby qui, en août 2010, avait remis en cause Épervier. « Nous nous acheminons vers une révision de l’accord de siège entre Épervier et le Tchad », avait-il déclaré avant de reprocher à la France de ne rien payer pour sa présence militaire.

QUELLE EST LA MISSION D’ÉPERVIER ?

Le dispositif a été mis en place en 1986, à la demande du président Hissène Habré, pour s’opposer militairement à l’avancée des forces libyennes dans le nord du Tchad. Les militaires français sont présents dans deux bases : N’Djamena et Abéché.

« Depuis la normalisation des relations entre le Tchad et la Libye en 1994, l’utilité stratégique d’Épervier est nulle. D’autant que la situation du Tchad est stable, depuis la fin du conflit avec le Soudan par rébellions interposées », juge Roland Marchal, du Centres d’études et de recherches internationales (Ceri).

Selon lui, Épervier offrait surtout « à la France la possibilité d’avoir un terrain d’entraînement pour ses pilotes dans un espace aérien faisant le double du sien ».

L’ARMÉE FRANÇAISE EST-ELLE EN TRAIN DE SE REDÉPLOYER EN AFRIQUE ?

Le Quai d’Orsay a précisé, mercredi 6 juillet, que s’agissant du retrait d’Épervier, il n’y avait « pas de décision » mais plutôt une « réflexion en cours ». Mais l’annonce d’Alain Juppé s’inscrit dans la refonte de la présence militaire française en Afrique, annoncée par Nicolas Sarkozy en 2008 et qui s’appuie sur la renégociation des accords de défense liant Paris à ses anciennes colonies.

En Afrique, depuis le départ annoncé en avril 2010 des troupes françaises stationnées au Sénégal, la France est, outre le Tchad, toujours présente militairement à Djibouti, au Gabon et en Côte d’Ivoire.

Pour Roland Marchal, « la fermeture de Djibouti sera sans doute la prochaine étape de ce redéploiement : la présence de la communauté française est faible et l’ouverture en 2009 de la base d’Abou Dhabi la rend même nécessaire ».

Quant à la force Licorne en Côte d’Ivoire, ses effectifs -1.700 soldats au plus fort de la crise postélectorale en avril 2011 – seront réduits à « 300-400 hommes d’ici à la fin de l’année », a précisé mardi Alain Juppé.

LAURENT LARCHER