19/12/2011 (B635) ARD / Transcription en Français du discours de Cassim Ahmed Dini à Djibouti, au cimetière d’Arhiba, le 18 décembre 2011.
TRANSCRIPTION EN FRANÇAIS
DU DISCOURS PRONONCÉ PAR CASSIM AHMED DINI
20ÈME COMMÉMORATION DU MASSACRE D’ARHIBA
L’événement que nous commémorons aujourd’hui s’est déroulé il y a 20 ans.
Ce n’est pas peu, 20 ans, dans une existence. Mais si nous sommes encore là au bout de tout ce temps, c’est pour deux raisons.
Premièrement, c’est pour dire que nous n’avons pas oublié ! Et le devoir de mémoire est le fondement de toute Lutte.
Deuxièmement, c’est pour rappeler que ces martyrs n’ont pas été vengés, ni leurs familles indemnisées. Et que l’injustice dont ils ont été victimes est encore là, que nous devons plus que jamais combattre. Ce n’est pas le lieu ici, mais ensemble nous définirons une stratégie de mobilisation pour en finir avec cette dictature et que appliquerons rapidement. En attendant, retenez une chose avec moi : tuer des innocents qui sont dans l’incapacité de se défendre n’est pas un acte de courage mais de lâcheté.
A l’époque, on l’appelait le Barbu ; aujourd’hui nos traîtres le nomment le Vieux (ce qu’il n’est pas puisqu’il n’aime pas la Paix) ou encore le Chef de l’Etat, mais il n’y a pas d’Etat. En Ethiopie, il y a un proverbe amhara qui dit : « Yé firé moto amsa ». Je traduis pour vous, pas pour lui, et pour cause : « le lâche te tape dessus 150 fois » de peur que tu ne te relèves pour le combattre.
Effectivement, est un lâche celui qui :
- utilise le chantage à l’emploi et au salaire pour obtenir la soumission des travailleurs,
- répond par la force brutale et l’emprisonnement aux légitimes revendications d’étudiants anxieux pour leur avenir,
- cherche à imposer le silence aux religieux dénonçant dans les mosquées toutes les dérives de la mauvaise gouvernance.
Une actualité récente montre que des peuples se sont débarrassés de tyrans plus forts et plus intelligents que notre despote local. Alors, qu’Allah vienne en aide à ceux qui ont encore peur de lui !
Lorsque le Peuple égyptien a commencé à se soulever contre Moubarak, Israël a demandé aux Etats-Unis d’intervenir pour empêcher le renversement de leur meilleur allié dans la région. Les Américains ont refusé, estimant que tout peuple avait le droit et le devoir de se soulever contre une dictature. Ce que je veux dire par là, c’est que nous nous soulèverons encore et, ce jour-là, aucune puissance, qu’elle soit occidentale ou africaine, ne pourra rien pour le dictateur de Djibouti.
Mais, pour lutter efficacement, deux faiblesses doivent être combattues.
Premièrement, il ne faut pas considérer le Combat collectif comme un investissement personnel pour accéder au pouvoir. Regardez autour de vous :
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Adan Mohamed Abdou a perdu son travail depuis 15 ans parce qu’il défend aussi le droit de tous les travailleurs ;
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nos frères ici présents Farah Abadid Hildid et Houssein Robleh Dabar n’ont pas été torturés et ne sont pas là aujourd’hui parce qu’ils voudraient être députés ou ministres ;
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si notre Président Ahmed Youssouf, capable d’exercer les plus hautes charges de l’Etat, est encore à nos côtés à son âge, ce n’est pas par goût du pouvoir.
Le vrai Combat s’engage dan l’intérêt de tous.
Deuxièmement, se recueillir au cimetière des martyrs et avoir soi-même peur de mourir sont deux choses incompatibles. Nous n’avons tous qu’une seule vie terrestre et y tenons tous avec la même intensité.
Mais aucune Lutte n’est possible sans le sacrifice de soi.
Nos vies ne sont pas plus précieuses que celles qui ont été arrachées, nous ne valons pas mieux que les morts, nos épouses ne valent pas plus que les veuves des martyrs, ni nos enfants plus que leurs orphelins. Alors, debout !
C.A.D