25/04/2013 (Brève 139) Mohamed Moussa Aïnaché nous a adressé le compte-rendu de la réunion de samedi à Paris, qui a réuni différentes personnalités : des responsables de l’opposition djiboutienne et des membres d’organisations françaises impliqués dans le combat pour l’instauration de la démocratie à Djibouti.

Compte rendu de la Conférence sur la situation à Djibouti

Lieu : IREA-Maison de l’Afrique,
7 rue des carmes 75005 Paris

Date : Samedi 20 avril 2013 – de 14h00 à 19h30

La conférence de Paris a été un succès bien au-delà de nos espérances. Elle a accueilli une diaspora djiboutienne – à l’image du peuple djiboutien – avide de libertés et de débats démocratiques. Toutes les sensibilités du paysage politique et associatif djiboutien étaient représentées. Plusieurs sujets ont été évoqués au cours de cette conférence, en présence de nombreux démocrates africains et français : les questions des droits de l’Homme, de la démocratie, de la nature de l’État, des élections récentes ainsi que les rôles de la jeunesse et de la diaspora.

Quelques axes de solidarité avec le peuple de Djibouti ont été explorés par les organisations amies (africaines et françaises).

La conférence a débuté avec un rappel historique de Mohamed Kadamy sur les origines de la crise et des dérives actuelles qui découlent du choix fait dès l’indépendance de confisquer les libertés et de tourner le dos à la constitution d’un État national.

Mohamed Moussa Aïnaché, ancien Directeur Général de la Radio et de la Télévision, a décrit la chape de plomb médiatique que subit Djibouti. Il a rappelé que c’est le pays d’une seule télévision, d’une seule radio et d’un seul journal et qu’il se loge au 167ème rang du classement mondial de « Reporters Sans Frontières ». Et paradoxe : des puissances démocratiques internationales continuent de soutenir le régime.

Mahdi Ibrahim God a mis en parallèle l’énorme soutien et rentes occidentaux que reçoit le régime et la misère que vit le peuple djiboutien.

Le représentant de la FIDH, Florent Geel, a ensuite présenté l’état des droits de l’homme à Djibouti. Sa présentation basée sur des faits a mis en exergue les différentes violations des droits de l’homme dans ce pays (exécutions extrajudiciaires, arrestations arbitraires et tortures).

Ensuite Ahmed Kassim Issé a rappelé les punitions collectives, l’injustice, la discrimination et l’impunité dont jouissent les responsables des crimes commis, autant d’éléments qui alimentent la crise qui secoue ce pays.

Le débat qui s’est instauré après ces interventions, a permis aux uns de critiquer les exposés et aux conférenciers de préciser certains points.

Plusieurs orateurs ont mis l’accent sur la nécessité de préparer dès à présent la transition vers la démocratie.

Après une brève pause la conférence a repris avec le témoignage de Cassim Ahmed Dini, qui a partagé avec l’auditoire son vécu personnel en tant que témoin oculaire des derniers événements en cours. Il a évoqué également les limites de l’action des partis politiques ainsi que certaines faiblesses de l’opposition.

Maki Houmed Gaba a pris la parole pour décrire la nature du régime et ses dérives en matière de droits de l’homme ainsi que sa difficulté récurrente à tenir ses engagements nationaux (l’accord de paix de mai 2001 entre le régime et l’opposition armée est restée lettre morte) ou internationaux (beaucoup d’engagement sur les droits de l’homme, ou convention contre la torture, non respectés).

Alexis Mohamed a de son côté décrit la place de la jeunesse et l’exclusion dont elle est l’objet dans la sphère économique du pays. Il a précisé que cette exclusion touche l’ensemble du peuple djiboutien. Dans le souci de désenclaver médiatiquement et politiquement l’entité djiboutienne, l’apport de la diaspora et le rôle de la solidarité africaine et française avec le peuple djiboutien ont été abordés.

Nidal Mahmoud Ibrahim a passé en revue la place que doit prendre la diaspora dans la promotion des droits de l’homme et des libertés démocratiques. Il a souligné la nécessité pour cette diaspora de s’affranchir des pesanteurs tribales et se mettre à la disposition du peuple djiboutien dans ses aspirations au changement et à la démocratie. L’originalité de cette conférence consacrée à la situation à Djibouti est la participation importante des démocrates africains et français qui a fait l’objet de la 3ème table ronde. Outre leur solidarité agissante à l’égard du peuple de Djibouti en lutte pour la démocratie, ces organisations ont chacune proposé quelques pistes pour faciliter les actions des démocrates djiboutiens.

Sylvie Jan du PCF (ancienne présidente de FDIF) qui a plaidé pour une autre politique de la France à Djibouti, a demandé que les aides de la France soient conditionnées au respect des Droits Humains et à la transparence des élections.

Acheik Ibn Oumar (Tchad CNCD – ancien ministre des Affaires étrangères du Tchad), Augusta Epanya (Cameroun UPC), Kecheri Doumbia (Mali FNC) ont tous affirmé que les luttes des djiboutiens ne doivent pas être isolées et doivent être relayées à l’extérieur par les démocrates africains,

Ayivi Raymond de la plate-forme panafricaine et Zang-Nezoune Mahamat, de l’Amicale panafricaine ont chacun de leur côté, estimé que les organisations africaines (UA, IGADD) devaient jouer un rôle proactif dans la recherche d’une sortie de crise à Djibouti, avant que la situation ne devienne explosive, en facilitant le dialogue entre le pouvoir et l’opposition

Enfin, David Gakunzi, a rappelé à l’auditoire que l’IREA-Maison d’Afrique est un espace de dialogue et de paix ouvert à tous et notamment à la communauté djiboutienne. Il a également ajouté que cette conférence ne sera pas la dernière et qu’en accord avec les autres organisateurs d’autres conférences sont prévues.

A noter également dans la salle, la présence du nouveau délégué spécial pour l’union de salut national (USN) aux affaires étrangères globales, Mr Abdourahman Borreh, ainsi que d’autres invités de marque. .