27/08/2013 (Brève 172) ALERTE ROUGE – Revue de presse – RFI et Europe 1

1 – RFI
Le témoin-clé dans l’affaire Borrel arrêté au Yémen ne pourra pas être extradé vers Djibouti Le témoignage de Mohamed Saleh Alhoumekani désigne Ismail Omar Guelleh (photo), le président de Djibouti, comme commanditaire de l’assassinat du juge Borrel.

Par RFI

Un témoin-clé dans l’affaire du juge Borrel a été interpellé la semaine dernière au Yémen. Mohamed Saleh Alhoumekani a été arrêté par la police à Sanaa alors qu’il était venu rendre visite à sa famille. Des ONG de défense des droits de l’homme djiboutiennes craignent son extradition vers Djibouti.

Les autorités belges, après avoir contacté Sanaa, disent qu’une telle extradition est impossible.

Dès que l’arrestation de Mohamed Saleh Alhoumekani a été connue, défenseurs des droits de l’homme et avocats ont craint une extradition vers Djibouti de ce témoin-clé dans l’affaire Borrel. Car cet officier de la Garde républicaine est celui par qui l’enquête sur la mort du juge français a été relancée. L’un des témoins grâce à qui la piste du suicide a finalement été écartée.

En cas d’extradition, « on sait très bien qu’on ne le reverra jamais »

« Mohamed Saleh Alhoumekani est un témoin important qui vient conforter les circonstances de l’assassinat de Bernard Borrel et qui est recherché par les autorités djiboutiennes parce qu’il met en cause l’actuel président de la République de Djibouti [Ismail Omar Guelleh, ndlr] comme pouvant être le commanditaire de l’assassinat de Bernard Borrel, explique Me Olivier Morice, avocat de la veuve du juge français. Donc il est important que M. Alhoumekani ne puisse pas faire l’objet d’une extradition tout simplement parce qu’on sait très bien qu’on ne le reverra jamais et qu’il sera dans l’impossibilité de venir témoigner ensuite devant les juridictions françaises ».

Alhoumekani avait obtenu l’asile en Belgique et la nationalité belge après avoir quitté Djibouti en 2007. Il possède également la nationalité yéménite. Hier, lundi, les autorités belges disent avoir eu des garanties de leurs homologues de Sanaa sur l’impossibilité d’une extradition. L’article 45 de la Constitution du Yémen empêche en effet qu’on extrade un ressortissant yéménite vers un autre pays.

2 – Europe 1
Mort du juge Borrel : un témoin clé menacé

Il a mis en cause l’actuel président de Djibouti dans la mort du juge. L’avocat de la veuve Borrel craint le pire.

L’INFO. Encore un nouveau rebondissement dans l’affaire Borrel ? Mohamed Salah Alhoumekani, le témoin clef dans l’enquête sur la mort du magistrat français à Djibouti en 1995, est actuellement en danger. Arrêté samedi au Yémen où il rendait visite à sa famille, Djibouti réclame désormais l’extradition de cet opposant politique au régime, qui a fui le pays en 2007 et sollicité l’asile en Belgique. L’homme a été condamné par contumace à Djibouti pour dénonciations calomnieuses, justement dans le cadre de l’affaire Borrel.

Pourquoi est-il menacé ? Il y a 18 ans, le juge français Bernard Borrel, détaché à Djibouti, était retrouvé mort, le corps en partie carbonisé en contrebas d’un ravin.

Dans un premier temps, les autorités djiboutiennes et françaises avaient privilégié la thèse du suicide. Mais le témoignage de Mohamed Salah Alhoumekani, un ancien officier de la garde républicaine de Djibouti, avait finalement renforcé la piste de l’assassinat. L’homme avait mis en cause l’actuel président djiboutien et son entourage dans la mort du juge. Selon ses dires, le magistrat français aurait enquêté de trop près sur les affaires et les activités du président et de ses proches.

C’est lui qui a permis de relancer l’enquête, à tel point que désormais, la thèse de l’assassinat est privilégiée par les enquêteurs français.

>> Maître Olivier Morice, l’avocat de la veuve du juge Borrel, craint qu’un retour forcé à Djibouti signifie le pire pour ce témoin et sonne le glas de l’instruction des juges français sur l’assassinat de Bernard Borrel. Il se confie mardi au micro d’Europe 1.

« On ne le reverra pas « . 
Pour maître Morice, pas de doute, « c’est un témoin clef qui est menacé ». « Ce témoin a eu le courage d’expliquer qu’au lendemain de la découverte du corps de Bernard Borrel, il avait vu une Jeep revenir d’Arta, l’endroit où a été retrouvé le corps », précise-t-il. « A ce moment là, il avait entendu l’un des responsables de ce groupe dire que le juge Borrel avait été tué. Il avait compris que celui qui pouvait être le commanditaire de l’assassinat de Bernard Borrel était Ismail Omar Guelleh, qui est aujourd’hui le président de la République de Djibouti », poursuit-il. « C’est donc essentiel que ce témoin puisse être préservé notamment pour les juges français qui continuent à instruire dans cette affaire ».

Et Me Morice de craindre le pire en cas d’extradition :

« il ne faut surtout pas que Mohamed Salah Alhoumekani puisse être renvoyé à Djibouti. On ne le reverra pas. Il sera très probablement exécuté, parce que les méthodes qui sont utilisées là- bas à l’encontre des opposants au président sont des méthodes cruelles qui font suspecter les plus grandes craintes à son égard », précise-t-il. Selon le Figaro, un cousin d’Alhoumekani a pu rencontrer l’opposant dimanche, dans un local de la police yéménite. L’homme, en slip, était couvert d’hématomes sur le corps.