14/08/2014 (Brève 424) Djibouti : la diplomatie djiboutienne entre scandales et folie des grandeurs (Par Hassan Cher)
Article publié par HC24 : lien avec l’original
Derrière le sourire carnassier du ministre des Affaires Etrangères M. Mahamoud Youssouf et son talent pour délivrer les messages de propagande qui nous rappellent celui du sinistre Goebbels, se cache une réalité beaucoup plus sombre où scandale, tyrannique dont lexploitation de personnel et le fiasco de projets pharaoniques rythment la conduite de la diplomatie Djiboutienne.
Les représentations Djiboutiennes à létranger sont épisodiquement secouées par des esclandres dignes des républiques bananières sauf que la nôtre est mafieuse.
Déjà en 1994, la diplomatie Djiboutienne faisait la « une » en Belgique dans la rubrique fait divers sordides ! En effet lambassadeur de Djibouti de lépoque M. Hassan Idriss payait le salaire de sa femme de ménage Djiboutienne au noir ce qui lui a valu la manchette du quotidien « la dernière heure ».
Toujours en Belgique, un étrange ambassadeur du nom de Mohamed Moussa Chehem a été nommé à Bruxelles en 2000. Personnage paranoïaque, teigneux et tyrannique, il symbolise à lui tout seul les dérives et lincongruité de la diplomatie Djiboutienne. Exploitation du personnel local, travail au noir, rixe avec le personnel diplomatique, filature des opposants Djiboutiens en Belgique, trafics, multiples condamnations par la justice belge, ses faits et méfaits sont largement relatés dans les détails par nos amis de lardhd qui lon affublé du titre de « prince des noisettes », les journaux « le soir » et « la dernière heure ».
Lors dune des condamnations par la justice belge, le journal « la dernière heure » na pas hésité à titrer « ambassadeur esclavagiste ». Ce nest pas le chauffeur Mohamed Youssouf ou la secrétaire Fatouma qui a été exploitée pendant 9 ans, qui dira le contraire ?
Mohamed Youssouf a décrit à la presse belge « comment son ambassadeur le faisait réveiller à 3h 30 le vendredi et lenvoyait à Paris pour quil puisse réceptionner à Roissy-Charles-de-Gaulle des arrivages de poissons spécialement pêchés pour lui la veille dans locéan Indien. Il raconte comment lambassadeur lobligeait à accélérer dans les tunnels, ou à garer la grosse Mercedes 500 Classe S en double file pour gagner du temps, mais cest à lui, au chauffeur, quil faisait payer les amendes ».
En dépit du bon sens et malgré quil ait superbement violés les lois sociales belges pendant des années (lEtat Djiboutien sera condamné par la justice belge à plusieurs centaines de milliers deuros), M. Mohamed Moussa Chehem continue de résider en Belgique !!!
En 1989, un autre grand dinosaure, M. Robleh Olhayeh, a été nommé en qualité dambassadeur de Djibouti auprès du gouvernement américain et de lOrganisation des Nations Unies.
Quand nous avons appris quIOG a retiré la nationalité Djiboutienne à des honnêtes citoyens pour militantisme à lUSN, les Djiboutiens épris de justice que nous sommes ont immédiatement pensé à ce personnage hautain qui nest venu en touriste à Djibouti quau début des années 1980. M. Robleh Olhayeh est un proche cousin dIsmail Omar Guelleh et les deux hommes ont vécu ensemble à Dire-Dawa (Ethiopie) dans leur tendre enfance.
Contrairement à IOG qui rejoindra clandestinement Djibouti en 1963, Olhayeh est resté en Ethiopie et tentait de gagner difficilement sa vie entre ce dernier pays et le Kenya. Sans jamais avoir mis les pieds à Djibouti (il ne parle pas français), il a été nommé ambassadeur de Djibouti au Kenya avant dêtre propulsé à Washington en 1989. Il gère largent détourné de Djibouti par le couple présidentiel et sa situation personnelle a récemment été à la « une » dans un décret de mise à la retraite de diplomates Djiboutiens. Alors que tous les autres diplomates de la liste ont été mis à la retraite à partir du 30 novembre 2013, ce même décret mentionne noir sur blanc que M. Robleh Olhayeh ne partirait quen août 2014 alors quofficiellement il va avoir 70 ans. « Business as usual » à Djibouti comme disent nos amis anglais ; les principes de justice et de légalité devant la loi sont bafoués même à léchelle microscopique des décisions individuelles.
En 1995, lancien ambassadeur de Djibouti en Egypte M. Aden Cheick et son comptable sont pris en flagrant délit de trafic de conteneurs de meubles par la douane Egyptienne. Laffaire sébruite dans la presse mais est vite étouffée sur lautel de lamitié arabe.
Quelques années plus tard, ledit ambassadeur est promu conseiller du président pour les questions arabes. Ce vieux diplomate ayant un faible pour largent, eh bien le voilà nommé, cumulativement avec ses fonctions, à la tête dune institution de bienfaisance pour les pauvres ainsi décrite par lADI (lagence officielle de propagande du régime) « lorganisation Diwan Al-Zakat a pour mission la collecte et la redistribution en faveur des couches les plus démunies de la population des dons consentis au titre de la Zakat, qui constitue lun des cinq piliers de lIslam » , lexpression faire entrer le loup dans la bergerie prend ici tout son sens !
En 2006, la nomination de monsieur Mohamed-Siad Doualeh en qualité dambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République de Djibouti auprès de la Confédération Helvétique navait pas fait beaucoup des bruits au pays. Par contre, moins dun mois après sa nomination le vieux démon de lécole de la diplomatie du régime de Gouled/Guelleh se manifeste chez la personne précitée. Un somalien exilé en Suisse a été utilisé comme chauffeur et licencié neuf mois après sans lui payer ce nest une demi-journée de son salaire. La comble de chose est que la voiture diplomatique utilisée la période susmentionnée nétait autre que celle du pauvre chauffeur somalien exploité.
En 2007 toujours une jeune fille ramené de Djibouti comme femme de ménage se plaigne des traitements esclavagistes et fait un scandale afin quelle soit rapatrié dans son pays dorigine.
En 2013, une autre jeune fille ramenée de Djibouti comme femme de ménage prend la fuite après avoir subi des traitements esclavagistes. La famille de la victime, à Djibouti, a même eu la visite de la milice IOG en signe de répression.
Dans la dernière vague de nominations dambassadeurs de 2010, nous retiendrons deux personnages qui avaient défrayé la chronique à Djibouti en tant que ministre. Le premier se prénomme Abdallah Abdillahi Miguil et le second Abdi Ibrahim Absieh.
Abdallah Abdillahi Miguil a occupé jusquen mai 2014 le poste dambassadeur de Djibouti en Chine. Individu intelligent et roué, Abdallah possède une attirance maladive pour largent à tel point quil figure dans le trio ministériel le plus corrompu sous le triste règne dIsmail Omar Guelleh. A ce titre, il a été affublé du surnom de « Warabé Kalhaya » qui signifie approximativement « hyène avide en quête de carcasse » par le Djiboutien de la rue. En qualité de secrétaire général du ministère de lintérieur, il avait détourné plusieurs millions de dollars de vivres que le HCR consacrait aux réfugiés éthiopiens et somaliens en République de Djibouti. Laffaire avait provoqué une sérieuse crise avec lONU dans les années 1990 et Djibouti a reconnu piteusement sa responsabilité !
Tout récemment en 2011, en sa qualité de ministre de la santé, M. Abdallah Abdillahi Miguil na pas hésité à détourner plusieurs millions de dollars du compte de lONUSIDA. Les commissaires aux comptes de cette agence onusienne ont constaté le « trou » et laffaire a fait lobjet de publications dans la presse internationale. Finalement ce sont 2 fonctionnaires du ministère de la santé de Djibouti qui porteront le chapeau et notre « hyène tachetée » sest retrouvé ambassadeur pour bénéficier de limmunité diplomatique et ainsi être à labri dun éventuel mandat darrêt dInterpol. Bien sûr M. Abdallah na pu sen tirer aussi facilement, étant un être malin il a réussi à « mouiller » son parrain Ismail Omar Guelleh dans les détournements.
Quand à son ancien collègue du gouvernement en poste en Russie, M. Ahmed Ibrahim Absieh, il a brassé beaucoup dargent à la tête du ministère de léducation nationale et de lenseignement supérieur et principalement à loccasion de la création, durant son mandat, de luniversité de Djibouti. Cest dans les nouveaux grands projets que les corrompus font fortunes à Djibouti et Ahmed Ibrahim Absieh na pas échappé à cette sinistre pente.
En lieu et place de locaux appropriés dont le gouvernement avait préalablement reçu les fonds étrangers nécessaires (FADES), les étudiants Djiboutiens ont été parqués dans des préfabriqués de fortune mal éclairés et mal aérés. La bibliothèque de luniversité de Djibouti na que 40m² pour une population estudiantine de plus de 5000 étudiants ..au passage notre actuel ambassadeur en Russie a eu le temps dacheter trois appartements en France En mai 2014 il vient dêtre nommé président du Conseil Constitutionnel par le mal élu Ismail Omar Guelleh. La présidentielle de 2016 est-elle verrouillée à lavance ?
Et voilà quIOG nomme en décembre 2013 six nouveaux « ambassadeurs » dont aucun nappartient au corps du ministère des affaires étrangères. Décidément à Djibouti, sous IOG, les barbouzes et autres racontars de mabrazes ont de beaux jours devant eux Ceci est conforme à ladage « chasser le naturel il revient au galop » puisquIOG est constamment rattrapé par son passé davant lindépendance de la République de Djibouti où il officiait en qualité dun des principaux policiers supplétifs des colons français.
Dans la rubrique « Démesures et folie des grandeurs » nous évoquerons dans un premier temps la conférence de réconciliation somalienne quIOG avait organisé à Djibouti de Février à Août 2000. Comme dhabitude Ismail Omar Guelleh a vu grand en simaginant trouver rapidement une solution clé en main à limbroglio somalien.
Il na pas hésité à saigner les maigres finances de lEtat Djiboutien afin de réunir plus de 1000 politiciens et membres de la société civile somalienne à Arta pour plus de 6 mois sans lappui financier daucun partenaire étranger. Les commerçants Djiboutiens, les fonctionnaires, les employés, tous les acteurs dune économie déjà mal en point et même les nomades ont été mis à contribution. Jusquen Ethiopie, chaque nomade Issa a été prié damener qui une chèvre qui un buf afin de soutenir ce projet pharaonique.
Au final la montagne a accouché une souris car lANT (Assemblée Nationale de Transition) qui a élu M. Abdiqasim Salad Hassan à la présidence de la Somalie a aussitôt été contestée, les armes à la main, par le Conseil de Réconciliation et de Restauration en Somalie (CRRS), composé de seigneurs de guerre de différentes régions du pays et opportunément sponsorisé par des puissants voisins. En somme, beaucoup de bruits pour rien avec IOG.
Après le fiasco dArta, celui de la campagne onéreuse pour le poste de Directeur Général de lUNESCO en 2013. En effet, le représentant de Djibouti à Paris un certain Rachad Farah, marié en seconde noce à une japonaise dont les rumeurs rapportent quelle est membre de la mafia japonaise des Yakuzas, sest cru capable dassumer le prestigieux poste de Directeur Général de lUNESCO, lui qui na pas écrit, après une carrière de plus de 30 ans, un seul article scientifique en sciences sociales.
Par delà les qualités intrinsèques du candidat présomptueux Rachad Farah, cest le timing choisi par le dictateur de Djibouti qui montre lamateurisme de la diplomatie Djiboutienne. Alors que les résultats des élections législatives du 22 février 2013 que lopposition a remporté nont toujours pas été publiés, le régime tyrannique et corrompu de Djibouti sest lancé dans une manuvre dilatoire à coup de millions deuros pour appuyer la vaine candidature de Rachad Farah en lui offrant une tournée internationale.
Face à cette supercherie, un groupe dintellectuels aux origines très diverse a décidé de réagir en publiant une lettre ouverte aux membres du Comité Exécutif de lUNESCO afin dattirer lattention sur la nature du régime en place à Djibouti.
Dans leur lettre ils ont indiqué que le candidat Rachad Farah « représente un régime qui est la négation de lidée de progrès social : il nexiste à Djibouti aucune presse libre, aucune organisation libre, les syndicalistes sont harcelés, tous les artistes embrigadés ; même lArmée a sa troupe artistique chantant les louanges du parti au pouvoir. Ce candidat est présenté et appuyé par un régime dictatorial qui figure parmi les derniers dans les classements internationaux en matière de liberté de la presse, de transparence budgétaire ou de développement humain Le régime a validé ces fraudes (élections législatives du 22 février 2013) sans publier aucun résultat sorti des bureaux de vote. Lopposition et le peuple djiboutien ont rejeté ce hold-up électoral. Depuis, la répression du régime sest abattue sur les personnalités de lopposition et tous ceux qui refusent cette situation : tirs à balles réelles sur la foule qui manifeste chaque jour, rafles, emprisonnements massifs, tortures ». Parmi les signataires de cette lettre ouverte figurent notamment lécrivain Djiboutien de stature internationale Abdourahman Waberi, lécrivain sénégalais Boubacar Boris Diop qui a été lun des premiers à dénoncer le discours néocolonialiste de Sarkozy à Dakar en 2007 ou lancien président du Conseil Constitutionnel de Djibouti, Djama Amareh Meidal.
Inutile de dire que cet appel a fait mouche puisque le candidat de Djibouti a subi une cuisante défaite dès le premier tour par 13 voix contre 38 à Mme Irina Bokova. Une déconvenue personnelle pour IOG qui a couté au passage très cher au trésor national alors quà Balbala certains ne survivent quavec un seul repas par jour !!!
La dernière folie dIOG, lhomme pour qui la République de Djibouti est décidemment trop exiguë, a été de toujours voir grand en soffrant cette fois un Institut dEtudes Diplomatiques. Sur financement chinois un bâtiment flambant neuf est inauguré en mai 2014 juste à côté du ministère des affaires étrangères.
Le personnel diplômé de luniversité du ministère étant largement inférieur à la trentaine, le djiboutien de la rue ne peut que sinterroger sur ce énième gaspillage de largent public. Ne faudrait-il pas plutôt renforcer le CERD (Centre dEtudes et de Recherches de Djibouti) au lieu de se lancer dans la construction de cet éléphant blanc ? Il est vrai quavec IOG nous baignons dans la médiocrité à limage du nouveau directeur de lInstitut dEtudes Diplomatiques M. Ali Meigag, un ancien comptable qui fait difficilement la différence entre la Libye et la Liban (dixit Andrei Gromyko).
Auteur : Hassan Cher