28/10/1999 – Lettre de Jean-Claude LEFORT, député, à Hubert VEDRINE, Ministre français de A.E.

Jean-Claude LEFORT
Député du Val-de-Marne
126 rue de l’Université
75355 PARIS Cedex 07 SP

Le jeudi 28 octobre 1999

M. Hubert VEDRINE
Ministre des Affaires Étrangères
37 quai d’Orsay
75351 Paris Cedex 07

Monsieur le Ministre,

Je tiens à attirer vivement votre attention sur la situation des prisonniers politiques incarcérés dans la prison de Gabode à Djibouti.

Plusieurs dizaines de militants démocratiques sont torturés et emprisonnés sans jugement, depuis plusieurs années, dans des cellules de 2 à 3 mètres carrés et des conditions d’insalubrité effroyables. Plusieurs sont morts de l’absence de soins, d’autres sont mourants.

Au mois d’avril dernier, la grève de la faim de ces prisonniers, relayée par plusieurs exilés djiboutiens à Paris et Bruxelles, avait débouché sur l’envoi de plusieurs missions d’enquête du CICR, de la FIDH, du ministère français de la Justice et de l’Observatoire international des prisons.

Devant l’absence d’améliorations concrètes, les 45 prisonniers politiques, dont une trentaine de membres du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD), ont repris leur grève de la faim le 19 octobre. Ils demandent des soins immédiats aux détenus malades et blessés, l’accès à des avocats, la subordination de l’aide française au respect des droits humains à Djibouti.

En effet, la France est présente à Djibouti par la présence d’une base militaire de 3200 hommes. Elle soutient économiquement le régime du nouveau Président Omar Guelleh, neveu du précédent Président qui, en vingt-trois ans de règne, a ramené son pays au rang des pays les plus pauvres du monde.

Le non-respect des droits démocratiques s’est encore illustré récemment quand les journalistes de France 2 se sont vus arrêtés, et leurs films détruits, alors qu’ils tournaient un sujet sur ce pays.

Au regard du poids de la France auprès du régime de Djibouti, je vous demande, d’intervenir instamment, Monsieur le Ministre, pour obtenir la libération et le respect de ces prisonniers politiques.

En vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à cette situation, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en mes plus sincères salutations.

Jean-Claude LEFORT
Député du Val-de-Marne
Membre de la Commission
Des affaires étrangères