15/01/2000 – Courrier des lecteurs – Les voix d’Outre-Tombe – Qu’est devenue la piste Gadabourcie ?

Un accord de défense Djibouto-Ethiopien vient d’être signé. Les ministres n’en savaient rien, les députés, éminents représentants du peuple, n’en savaient rien et le peuple n’en savait rien. Aucune information n’a été publiée dans le journal unique et inique, dirigé par Amin Mohamed Robleh, ancien Secrétaire Général du Gouvernement qui prend, pourtant, trois grandes pages du journal pour défendre son maître attaqué, jeté à base de son piédestal, et accusé d’homicide.

Il monte au créneau, le prou chevalier, la voix de son maître, pour pourfendre la veuve et les orphelins éplorés. Il n’a pas changé les vieilles « bonnes recettes » de son prédécesseur Ismaïl Houssein TANI, cet ancien communiste reconverti à l’Islam intégriste pur et dur, depuis la chute du mur de Berlin, propulsé au poste de Directeur du Cabinet de la Présidence.

Tous ceux qui ont élu, le mal élu, sont hébétés aujourd’hui, d’avoir appris la nouvelle de l’accord de défense Djibouto-Ethiopien, nouvelle bien plus fracassante que celles attaquant directement ce « Chef d’État » porté au pouvoir par une parodie d’élection préfabriquée.

Depuis, je ne dors plus, troublé et réveillé fréquemment de mon sommeil par des cauchemars incessants. Tantôt, c’est Idris Omar Guelleh, paix à son âme, qui vient me dire : « Avez-vous oublié l’extermination des Issas, à AICHA’A, par les soldats d’Hailé SELASSIE ?  »

Tantôt, c’est Miguil, paix à son âme, cet ancien pilote, Adj. Chef de l’Armée, qui m’interpelle : « Est-on soudain devenu fou, pour signer un accord militaire de défense avec l’Éthiopie . Signe-t-on des accords de paix avec un loup ? »

Oui, je me souviens, Idriss O.G. était très jeune et avait fui AICHA’A, pour la Somalie qui lui avait donnée une bourse d’étude. Quant à Miguil, plus jeune que lui, le pauvre, il s’était caché sous les jupons d’une vieille charcharie, afin d’échapper à la mitraille. Il avait fui vers Djibouti par le train.

Et combien d’autres personnes inconnues, fauchées par la mitraille des soldats de l’Empereur, qui ne seront jamais évoquées par les enfants ingrats de ce pays ingrat, et dont les tombes inconnues accuseront inlassablement, bien qu’elles soient enfouies dans les profondeurs de la terre, ces vautours qui se repaissent du sang des autres. Les peuples djiboutiens et éthiopiens n’ont rien à voir dans ces sordides histoires, ce sont les gouvernements qui rendant compte.

A.X.