17/05/2000 – TCHAD: SITUATION MILITAIRE CATASTROPHIQUE FAYA-LARGEAU DE DEBY A FEU TANDIS QUE DANNAMADJI DE NAGOUM A SANG

Contrairement aux communiqués et autres démentis du gouvernement, la situation militaire sur l’ensemble du territoire n’est guère brillante.

En effet :

1)- Piège à cons : Pris dans son propre piège, le gouvernement qui fait empoisonner les puits d’eau dans le désert pour assoiffer les rebelles et les populations civiles du Nord du pays ne peut alimenter nos braves soldats en eau potable que par avion à partir de N’Djaména. Ainsi faute d’eau potable, un soldat n’a que quelques litres d’eau par mois. Compte tenu de la canicule et l’empoisonnement des puits d’eau beaucoup de nos soldats meurent de soif par centaine parce que déshydrates.

2)- Diète noire : Mieux, seuls les soldats membres de la famille ou du clan du chef de l’Etat mangent à leur faim (repas complet avec comme sauce viande de chameau) tandis que les soldats originaires d’autres régions du Tchad devaient se contenter de la boule ou du riz sans sauce et dans les pires des cas des dattes. Ces derniers meurent par centaine parce que dénutris. Combien de malades de faim et de soif faméliques sont-ils évacués à la garnison de N’Djaména ?

3)- Evacuation sanitaire des blessés interdite : Le fait pour nous d’avoir porté ces faits à la connaissance des Tchadiens au cours de notre conférence-débat du 23 avril dernier a amené le chef de l’Etat à interdire les évacuations sanitaires sur N’Djaména. Tous les blessés, les malades de faim et de soif doivent être maintenus à Faya-Largeau quitte à ce qu’ils meurent massivement faute de soins appropriés. Pendant ce temps, les
blessés de la race arienne continuent d’être évacués.

4)- Bagarre au sein de l’ANT : Le 28 avril 2000, accrochages entre les soldats bon teint et ceux laissés pour compte. On dénombre 62 morts et 18 blessés. Beaucoup d’entre ceux-ci rejoignent armes et bagages le MDJT de M. Youssouf Togoïmi. Le 30 avril 2000, on dénombre 50 morts du côté gouvernemental. Le 1er mai 2000, 38 morts et 49 blessés etc. Trois garnisons militaires importantes à savoir Miski, Zoumri et Zouar sont conquises par le MDJT sans combat ouvrant ainsi la porte de N’Djaména par Faya-Largeau.

5)- Recrutement des militaires defflatés et retraités : Aux abois, les autorités font appel aux mercenaires soudanais, aux militaires tchadiens defflatés ou retraités à la demande de la Banque Mondiale pour la protection de Faya-Largeau afin de barrer la route de N’Djaména aux rebelles.

6)- Mercenaires arabes : Cent dix véhicules bourrés de mercenaires arabes de toutes nationalités confondues volent au secours de Idriss Déby pour former présentement une ceinture autour de N’Djaména.

7)- Refus des arabes tchadiens de se battre : La tentative de M. Abdérhahim Barre Itno, neveu d’Idriss Déby (deuxième adjoint au Chef d’Etat-Major général de l’armée) de mobiliser les arabes tchadiens pour protéger Faya-Largeau et N’Djaména a lamentablement échoué. Ces derniers lui ont opposé un refus catégorique.

8)- Déby doit démissionner : Au lieu de s’entêter, le chef de l’Etat, M. Idriss Déby, doit démissionner comme le lui recommandent les Tchadiens et depuis peu ses Pairs et pas des moindres. Seule la démission d’Idriss Déby peut débloquer la situation.

9)- Les sites des 300 puits de pétrole du sud brûlent : Actuellement la situation au sud n’est pas non plus brillante. Le site du pétrole notamment les sous-préfectures de Doba, Bébédjia, Goré, Mbaïbokoum, Moundou, Beinamar, Krim-Krim, Bénoye où se trouvent les 300 puits de pétrole est à feu et à sang. Des enseignants, des militaires démobilisés ou retraités dans le cadre de la réduction de l’effectif de l’armée et ce, avec l’argent
de la France et de la Banque Mondiale sont pris dans leurs villages respectifs et innocemment exécutés sans aucune forme de procès(cf. N’Djaména-Hebdo n°419, 420 et 421 des 20, 27 avril 2000, 3 et 10 mai 2000, ma lettre du 18 avril 2000, Le Temps n°208 et 209 des 3 et 10 mai 2000, L’Observateur n° 95 et 96 des 4 et 10 mai 2000 etc.). Des villages pillés et les populations passées à tabac etc.

10)- Engagement massif de jeunes recrues dans la rébellion du sud : Face à ces tracasseries militaires dont ils sont l’objet parce que soupçonnés d’intelligence avec la rébellion, les jeunes disparaissent massivement dans la nature à la recherche des foyers de rébellion pour s’y engager. Des militaires démobilisés ou retraités en font autant quand ils voient leurs collègues être abattus comme des chiens. Nous attendons la liste des personnes tuées depuis cette campagne de génocide.

11)- De nouveau, le génocide au sud: Les militaires envoyés au sud sont pour la plupart des déserteurs bon teint et de bonne famille du front Nord. Reconditionés pour le besoin de la cause, ils promettent la pire des politiques de la terre brûlée plus terrible et plus féroce que celle des années passées notamment d’octobre 1997 à mai 1998 (lire Noir silence de François-Xavier Vershave, Editions, Les Arènes, 2000).
Pendant ce temps, les déserteurs originaires d’autres régions du Tchad sont passés purement et simplement par les armes une fois repris. Pour traquer Moise Ketté, la plus part des vieilles personnes de son village, Bounguey dans le canton Béboto, sont arrêtées et passées à tabac. Parmi elles, il y a le chef de village et son fils aujourd’hui dans un piteux état après tortures. Mieux, les militaires auraient obligé les populations des villages du canton de Béboto à se déplacer à Béboto pour couper la retraite et l’approvisionnement à Moise Ketté Nodji. Bientôt, il en sera de même pour les populations du canton Bodo, Yanbodo.
Les deux préfets du Logone Oriental et Occidental en campagne de sensibilisation dans les cantons Bodo et Béboto promettent la pire des politiques de la terre brûlée, parce que pour eux, les foyers de rébellion au sud y sont, de tout temps, nés. On comprend, pour quelles raisons, les populations de ces deux cantons déguerpissent massivement leurs villages pour les sous-préfectures de Bébédija, Goré ; Koumra, Doba, Moissala etc.

12)- Armes chimiques : Idriss Déby serait allé à la recherche des armes chimiques en Turquie pour la destruction massive des populations innocentes du nord comme du sud comme le laisse croire la presse.

13)- Dannamadji, village de Nagoum YAMASSOUM, Premier Ministre à feu et à sang : Il y a trois jours Dannamadji dans la sous-préfecture de Maro est à feu et à sang. En effet, des militaires aidés par les membres de leur famille ont ouvert le feu sur les populations sans raison apparente. La réaction ne s’est pas fait attendre. Les populations de Dannamadji (ngama, mbaye, gor et sara) ont attaqué ces militaires . Bilan six (6) morts du côté des militaires et leurs familles et trois (3) et 40 maisons brûlées du côté des autochtones.

14)- Faya-Largeau, village d’Idriss Déby à feu et à sang : A Faya, les militaires zagawa soudanais, pour la plupart des chefs, auraient tué deux militaires originaires du sud avant d’attaquer l’escadron blindé dans le but de les déposséder de leurs armes lourdes. La réactions des militaires de l’escadron ne se fait pas attendre. Ils auraient quitté la ville et mis hors d’état de nuire leurs agresseurs. 25 Toyota bourrées de ces zagawa venus du Soudan auraient fui Faya-Largeau pour leur pays. Fada et Bardaï
encerclés (à suivre).

Le Coordinateur Exécutif Fédéral
Ngarlejy YORONGAR LE MOÏBAN