14/05/03 (B197) Pour quelles raisons, la communauté internationale, toutes nations confondues, doit-elle cesser immédiatement de financer Guelleh ? Actuellement les aides produisent un effet inverse, puisqu’elles contribuent à l’appauvrissement de la population.

Certains fonctionnaires,
français par exemple, vous répondront que si la France arrêtait
ses aides à Djibouti, ce serait le peuple qui en subirait les conséquences
et que cela n’est pas envisageable.

En poursuivant la discussion,
vous évoquez l’importance des détournements. Ils répondent
en général, qu’ils le savent, mais qu’il y a toujours une fraction
de l’aide qui va au bénéfice de la population.

Etc…

Nous ne pouvons plus
accepter ces arguments !

Quelles que soient les
sommes, en forte augmentation depuis quelques années, qui ont été
données par la France, par le FMI, par la Banque mondiale, au titre
d’aides exceptionnelles, de financements spéciaux, de programmes particuliers,
de location de la base militaire, etc… nous constatons que le pays s’appauvrit
et que les fonctionnaires ne sont toujours pas payés en temps et en
heure, pour le travail qu’ils ont accompli. Les entreprises privées
sont pressurées par de nouveaux impôts, par un racket souterrain
dirigé par le pouvoir et la majorité des entrepreneurs sont économiquement
contraints de cesser leur activité, générant de nouveaux
chômeurs.

Pourtant Guelleh, qui
tire d’énormes profits de ses détournements, trouve cela normal,
puisqu’il a osé déclaré, sans se rendre compte de la
gravité de ses propos honteux qui prouvent combien cette situation
le laisse absolument indifférent  » On peut parler de chômage
en Occident. Sous nos cieux, c’est l’emploi lui même qui est une exception,
du fait du nombre élevé de sans emploi. « 

Les aides internationales
: un effet pervers qui a provoqué l’inverse des résultats attendus
au niveau de l’amélioration de la vie des citoyens.

Force est de constater
sur le terrain, que les aides internationales, loin d’avoir permis une amélioration
de la vie des Djiboutiens, ont contribué à la dégrader.

Comment expliquer cela
?

Les aides ont toujours
été détournées : au début et sous le régime
d’Hassan Gouled, une partie seulement était détournée.
Puis le pourcentage a augmenté sans cesse au fil des années.
Guelleh a voulu avoir le même train de vie que le Président d’un
état de 50 millions ou plus d’habitants : palais somptueux (payé
deux fois par les Djiboutiens, pour sa construction, puis pour sa location
…), avion privé, résidences dans le Monde : Paris, Ranch
en Afrique du Sud et d’autres lieux non encore découverts.

Or Djibouti ne compte
que de 500 à 700.000 habitants selon les estimations habituellement
admises. Pour prélever les mêmes montants en valeur absolue que
certains de ses collègues (alors que son pays a une population infiniment
plus faible que les leurs) Guelleh a du appliquer des pourcentages plus importants
au titre du détournement des aides internationales et certains signes
nous laissent penser qu’ils pourraient avoisiner les 100 % aujourd’hui.

Prenez par exemple,
la location des bases aux US et à la France, nouvelle formule :

au total, ce sont environ
60 millions d’€ qui tombent dans l’escarcelle de Guelleh.

Imaginez qu’il y ait 600.000
habitants pour faire un compte rond.

Cela fait combien par
tête d’habitants, rien que pour ce poste ?

100 €, pour chaque
djiboutien, enfant, vieillard, maris, femmes, jeunes, retraités, …

Prenez maintenant une
famille moyenne de six personnes : cela fait 600 € par an. Compte-tenu
du niveau de vie à Djibouti, voilà une aide qui serait significative
pour un grand nombre de familles : trois, quatre mois de salaires supplémentaires
pour un fonctionnaire ? 25 % de ressources en plus pour la famille, rien que
pour ce poste et pour tous les Djiboutiens ?

Et des exemples comme
cela, il y en a de nombreux. Les occidentaux et en particulier les européens
ayant une capacité d’imagination inégalée pour inventer
des aides, des programmes, des fonds spéciaux, des contributions, etc….

Nous avons la conviction
que le total de l’aide financière internationale pour Djibouti pourrait
permettre :

– aux Djiboutiens de retrouver
un niveau de vie acceptable,

– au pays de fonctionner,
sans compter les retombées économiques, puisque l’argent recommencerait
à circuler, ce qui n’est plus le cas depuis plusieurs années.

Donc, loin d’atteindre
leurs objectifs, souvent généreux (et parfois moins ! car dictés
par des basses considérations géopolitiques d’un autre siècle),
les aides qui sont censées permettre aux djiboutiens de vivre décemment,
ont suscité des effets totalement inversés.

Et nous en arrivons à
ce constat alarmant :  » Plus on donne de l’argent à Guelleh,
plus le peuple s’appauvrit « 
. Guelleh détourne tout ;
il empêche l’argent de circuler, puisqu’il en thésaurise la majeure
partie. (Dans quelles banques ? A l’étranger, très certainement,
mais le Crédit Agricole – Indosuez devrait pouvoir nous renseigner,
puisque c’est lui en particulier qui, au mépris des nouveaux accords
internationaux sur le blanchiment de l’argent sale, accepterait sans poser
de questions, de faire transiter des sommes importantes, dont l’origine est
pour le moins douteuse.)

Tant que Guelleh et sa
clique sont au pouvoir, il est maintenant du devoir de la Communauté
de cesser tout versement. Chaque centime donné n’aura pour effet que
de renforcer le pouvoir de Guelleh et sa main mise sur toute l’économie
:

– achat des hommes et
des consciences  » les obligés « , pour constituer une garde
rapprochée et pour susciter des divisions au sein de la communauté
djiboutienne,

– achat de mercenaires
pour défendre son système,

– achat d’armes et de
moyens de répression pour terroriser la population et pour réprimer
dans le sang toute velléité de juste rebellion.

Que se passerait-il
ensuite, si la communauté fermait provisoirement tous les robinets?

Plusieurs hypothèses
sont envisageables.

L’état s’asphyxie
complètement et il se bloque. C’est la faillite de l’état avec
des répercutions graves pour Guelleh. Devra-t-il alors lâcher
les commandes ? Possible !

Les Djiboutiens finissent
par se rebeller. Les mercenaires cherchent d’autres employeurs. Les policiers,
les militaires et les gendarmes ne sont plus payés ; ils se rangent
du côté des manifestants et provoquent la fin du régime.

Catastrophe irréversible
?

Pas du tout ! Tous les
versements internationaux, qui ont été suspendus, ont été
versés dans un compte d’attente.

Ils sont aussitôt
mis à la disposition d’une nouvelle équipe d’hommes nouveaux,
à charge pour elle de respecter une charte précise pour le rétablissement
de la Démocratie, de la Justice et de l’économie. Cet argent
permet de faire redémarrer très rapidement le pays et l’on peut
espérer des résultats visibles en quelques mois et rassurants
en un an ou deux.

Certes, ce serait un nouveau
coup dur pour les Djiboutiens, mais nous ne voyons pas d’autres solutions
pour faire déguerpir les prédateurs actuels.

A vouloir transiger sans
cesse avec le crime et à laisser perdurer la situation, la communauté
internationale en devient la complice.

Elle ne fait qu’aggraver
la situation au lieu de contribuer à la remonter.

Pour les Djiboutiens,
ne vaudrait-il pas mieux subir ce coup dur, le plus vite possible pour rebondir
rapidement ensuite, plutôt que de subir encore l’asservissement et la
pénurie pendant de longues années ?

Jean-Loup
Schaal