09/07/05 (B306) Radio-Trottoir : reportage sur une profession lucrative où il y a le plein emploi. Avis à tous ceux qui envisagent une reconversion professionnelle pour sortir du chômage …

Il est une nouvelle profession à Djibouti qui connaît le plein emploi … En dehors de la carrière de « compagnon » institutionnel de la mafia local, qui permet toujours d’associer la tranquilité politique à l’enrichissement rapide, une autre filière est prometteuse.

C’est le métier de Marabout. Pour réussir, il est conseillé aux futurs diplômés de se munir d’une nationalité étrangère : Mali, Kenya et surtout depuis la réussite et l’ascension rapide de l’un des leurs, Sénégal.

Ne dit-on pas en Ville, que le Premier Ministre aurait réussi à se maintenir à son poste, grâce à la présence chez lui, d’un marabout sénégalais, qu’il aurait fait venir à grands frais depuis son pays natal. Le marabout installé carrément à son domicile, après les élections, lorsque l’on parlait de remaniement ministériel, lui aurait promis le maintien au simulateur du Poste de Pilotage(*). Si Dileyta avait ressenti un urgent besoin d’être coaché par un Marabout, c’est uniquement parce qu’une réponse de Guelleh l’aurait paniqué …

L’histoire commence un jour où pensant aller dans le sens de l’histoire, Dileyta présentait à son Grand Chef, un projet de nouveau Gouvernement, avec des nouveaux et surtout beaucoup d’anciens Ministres. Guelleh aurait balayé d’un simple revers le devoir laborieux et difficile réalisé par notre homme potiche, en lui disant simplement : « Dileyta, t’occupe pas de cela, c’est moi qui le fais ! »

Abasourdi par cette réponse pourtant simple et précise, Dileyta aurait aussitôt imaginé la possibilité d’un licenciement possible. Les jambes tremblantes, terrorisé et en état de choc, à cette simple pensée, il aurait alors lancé ses plus fins limiers à la recherche du meilleur marabout de l’époque. Déniché au Sénégal, l’homme, avant d’accepter, aurait demandé quel serait le montant de sa rémunération, en cas de succès de sa mission (c’est à dire de renouvellement au Poste de Premier Ministre) : Dileyta lui aurait accordé un terrain en ville et la construction à ses frais d’un petit Palais.

Eh bien ! Le Marabout a réussi ! Le terrain lui a été cédé et les travaux de construction ont commencé. Nul doute qu’il va faire fortune avec une première référence de qualité comme celle-là !

A quoi tient la carrière d’un Premier Ministre à Djibouti ?

Pourquoi notre homme s’accroche-t-il tant au poste de Premier des Ministres ?

On nous a proposé une version qui pourrait être crédible. En tant que Premier, il bénéficie de petits plaisirs simples et très humains, dont l’appétit augmente proportionnellement avec l’âge. De garçonnière en garçonnière, notre homme cavale, comme on dit en France. Et des collaborateurs sont spécialement chargés du recrutement discret de quelque « sémillante manolla » (**)

Mais cela ne va pas sans dommages collatéraux ou plutôt conjugaux. Son épouse légitime, ne supportant plus le ridicule, a bien tenté à plusieurs reprises des sorties de théâtre dans le style : « si c’est comme cela, je retourne chez ma mère ». Mais elle revient à chaque fois et les Djiboutiens se racontent les anecdotes sous le sceau du secret … de polichinelle ..

Le cirque continue à Djibouti, avec l’argent des contribuables … Comme nous l’écrivons depuis bien longtemps, le couple Guelleh, de façon séparée et autonome, fait aussi une grande consommation de Marabouts, Sorciers et Bonimenteurs de tous poils, y compris ceux qui pratiquent des incantations particulières, incluant l’offrande de certains animaux…

En quelque sorte, la version moderne de l’adoration du veau d’or, réhabilitée à Haramous ?

On en sait un peu plus sur les conditions de l’attaque qui a frappé le Ministre des A.E. de l’ancien Gouvernement. Disons qu’il jouait ‘aux cartes’ chez une voisine. Frappé vers 2 heures du matin par une attaque, la propriétaire aurait estimé que la prudence imposait de ne pas appeler les secours mais d’attendre la venue du chauffeur au petit matin. Ces heures d’angoisse ont privé le cerveau du Ministre de son oxygène, d’où des séquelles beaucoup plus importantes qu’elles n’auraient été s’il avait reçu immédiatement les soins de son médecin attitré … La réducation lui permettra-t-elle de retrouver une vie à peu près normale ?

Les membres du Gouvernement djiboutien vivent-ils plus dangereusement qu’ailleurs ?

(*) La tradition veut qu’à Djibouti, le Premier Ministre soit installé à un Poste de Pilotage où les commandes en plastique n’aboutissent à aucun organe de manoeuvre opérationnel. Comment dire ? Elles sont factices en quelque sorte. C’est le Président qui tient la barre et qui donne les instructions d’une seconde cabine : le Premier Ministre devant se contenter d’admirer le paysage … pendant que le train roule et écrase chaque jour, un peu plus, le Peuple humilié et asservi !

(**)Extrait de la Périchole d’Offenbach