26/11/05 (B326) AFP : une Association condamnée pour avoir diffamé le chef d’état-major de Djibouti. (Dépêche retranscrite par un lecteur)


PARIS – Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi Jean-Loup Schaal, Président d’une Association de Défense des Droits de l’Homme à Djibouti, pour avoir
diffamé le général Zakaria Cheikh Ibrahim, chef d’état-major de la République de Djibouti.

Le militaire djiboutien contestait plusieurs écrits parus sur le site de l’association entre avril et octobre 2003 dans lesquels il était tour à tour accusé d’avoir participé à « des atrocités commises pendant la guerre civile », d’être impliqué dans des massacres et d’avoir assassiné des opposants politiques.

Ces articles le mettaient également en cause pour s’être livré, selon eux, à des agressions sexuelles sur le personnel féminin de l’armée, pour avoir pratiqué le
nettoyage ethnique ou commis des « actes de barbarie insupportables ».

Au fil de ces propos, le chef d’état-major était par ailleurs qualifié de « liberticide convaincu » ou de « grand détourneur de fonds publics et d’aides internationales ».

Le tribunal a condamné M. Schaal mais seulement pour une partie des propos publiés,
en l’occurence ceux portant sur les agressions sexuelles et qui exposaient qu’un certain nombre de soldats de sexe féminin avaient dû fuir à l’étranger pour échapper aux
avances du général.

Directeur de la publication du site, M. Schaal a été condamné par la 17e chambre du tribunal correctionnel, présidée par Nicolas Bonnal à 1.000 euros d’amende avec
sursis et à verser un euro de dommages-intérêts au Général.

___________________________ Note de l’ARDHD
Comme le soulignait un lecteur dans un article où il analysait la décision de la 17ème chambre, l’ARDHD n’a été sanctionnée que sur les assertions de viol et pas sur les autres motifs ….

Trois victimes de viols avaient accepté de venir témoigner et elles avaient été légalement convoquées. Comme l’on pouvait s’y attendre, elle ont été empêchées de venir en raison de pressions gouvernementales djiboutiennes et françaises (refus de visa) mais aussi familiales.

Nous le comprenons très bien, car nous savons combien il est difficile pour une femme et de plus, de religion mulsumane, de venir exposer en public ce qu’elle a subi, même si elle a bien conscience que son geste peut protéger d’autres femmes dans l’avenir, qui seront moins exposées quand les criminels commenceront à être punis … C’est un acte de courage exceptionnel qui leur était demandé !

Sur ce point, nous n’avons pas pu montrer que nos articles décrivaient une réalité à Djibouti. De là à affirmer que nous n’avons pas été sanctionnés sur les autres points, parce que les témoins ont apporté des éléments concrets concernant les assertions de corruption et de détournement de fonds, de torture, de massacres de civils et de crimes de guerre, il y a un large fossé que nous laissons aux lecteurs qui le souhaiteraient, le soin de franchir, car nous n’avons aucune qualité pour commenter une décision de Justice.