17/05/06 (B350-A) LDDH : Lettre ouverte au Chef de l’Etat Djibouti, le 16 mai 2006 

Monsieur le Président,

L’urgence impose à la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (L.D.D.H.) de
vous adresser une lettre ouverte car vous êtes de par la constitution le
garant de la Paix civile et l’ultime recours officiel pour apporter une
solution pragmatique à la grave crise politique et sociale que traverse
notre pays.

Cette démarche nous est dictée par une claire conscience de notre mission,
l’échec de nos multiples tentatives de médiation pour la résolution des
conflits politiques et sociaux auprès des différents ministères concernés et
la conviction que cette impasse ne saurait perdurer sans conséquences
fâcheuses pour notre pays qui reste le seul pays de la région depuis le
lendemain de votre élection à ce jour à ne pas connaître de conflit armé.

La conviction qui nous anime dans cette démarche, c’est aussi le constat
avéré qu’aucun pouvoir nulle part au monde n’a durablement gouverné sans
troubles majeurs en écartant du processus de prise de décision d’aussi
incontournables forces vives d’un pays que sont les syndicats ou les partis
politiques légaux dans le cadre d’un dialogue dépassionné et serein : seul
un tel cadre rendra possible une sortie de crise pacifique à l’actuelle
impasse.

C’est dans le cadre de ses missions de défense des droits inaliénables de
tous les Djiboutiens, de prévention et résolution des conflits que la
L.D.D.H. vous invite à initier ce dialogue salutaire !

Le souhait de la L.D.D.H. dans cette démarche désintéressée est de prendre
date avec l’Histoire en apportant sa contribution à la tradition
Djiboutienne établie de règlement des conflits sans interférences
étrangères.

Il nous semble utile de rappeler qu’au plus fort du conflit civil qui a
déchiré notre pays, la L.D.D.H. avait déjà lancé fin 1999 le même Appel au
dialogue qui a sans tarder, été entendu de part et d’autre.

La L.D.D.H. reste raisonnablement optimiste quant à une suite favorable à
son Appel au Dialogue : d’abord parce que le silence des armes depuis
février 2000 vous est en partie redevable, ensuite parce que toutes les
forces vives ont toujours officiellement affirmé leur disposition à la
négociation, enfin parce que nous sommes convaincus qu’il n’y a aucune autre
solution politique durable à cette grave crise.

En espérant pour la Paix à Djibouti, une oreille attentive et responsable à
notre appel, veuillez agréer, Monsieur le Président l’expression de nos
sentiments déférents.