25/05/06 (B351-B) Les tragédies de l’Histoire révèlent les grands hommes de ce monde ; mais ce sont les médiocres et les complicités aveugles dont ils bénéficient qui provoquent les plus grandes tragédies dans un pays. (Bouh Warsama)
Il y a belle lurette que dans les familles djiboutiennes on n’adresse plus ne serait-ce qu’un «compliment» à l’adresse de son Excellentissime le Tyran Ismaïl Omar Guelleh. Les enfants des écoles ont bien d’autres choses à faire et les adultes également lorsqu’ils constatent que – de jour en jour – la situation tant économique que sociale et politique se dégrade à Vitesse grand V.
De promesses en promesses sans lendemain, d’élections trafiquées outrageusement en élections bidonnées ouvertement alors que les votants en arrivent à dépasser les inscrits, les espoirs fondés en un « autre Djibouti » se sont amenuisés au point qu’ils en sont réduits à une « peu de chagrin ».
Dans ce « grand cirque Ismaïl Omar », beaucoup en viennent à regretter le temps béni des années 80 alors qu’une nouvelle bourgeoisie opportuniste et de circonstances – complice du pouvoir en place et sur laquelle IOG s’essuie les pieds… et le reste – plonge la classe moyenne djiboutienne dans la paupérisation absolue, mais en plus, elle l’humilie en se faisant l’écho inconditionnel (car grassement financé) « des jeux et du cirque électoral » imposés par Ismaïl Omar Guelleh.
L’arrivée du tyran – en mai 1999 – sur la grande scène politique locale n’a-t-elle pas été placée sous le signe du «paraître» et seulement du paraître depuis le début ? Jamais journaux et médias à sa solde ne se sont montrés aussi unanimes sur ce point.
Être n’a plus de sens, on n’a de cesse de faire dans l’artifice de façade …, dans le paraître et Allah – le Miséricordieux – fera le reste !
L’homme, qui s’est accaparé outrageusement et par le mensonge tous les rouages de l’État comme la maîtrise du secteur privé, bénéficie d’une vitrine qu’il finance à coups de millions de FD puisés allègrement sur les aides internationales qu’il fait détourner par les uns et les autres « responsables » qui prennent leur pourcentage au passage. Des communautés d’intérêts privés se sont ainsi instaurées – de facto – au sein des ministères et des grands services de l’État : dès lors on comprend que ni IOG ni ses complices ne souhaitent y mettre un terme ou dénoncer ce qu’il s’y fait.
Comme se plait à dire Ismaïl Omar Guelleh « Ces cochons de F……. sont là pour payer et ils paieront ! » (dixit un conseiller de son Excellentissime).
Et si d’aventure un journaliste étranger est en visite pour faire un reportage à Djibouti, il est aussitôt « pris en charge » à sa descente d’avion par les SDS qui lui déroulent le tapis rouge sous les pieds, le font héberger au Sheraton, l’invitent sur l’île de Musha avec son épouse et le couvrent de mille prévenances – voire de cadeaux au nom de la présidence – pour autant qu’il respecte scrupuleusement les incontournables consignes imposées par le Palais de l’Escale, et qui sont « Gloire à Ismaïl Omar Guelleh ! », « Gloire toujours et encore à Ismaïl Omar Guelleh ».
Quant à ces journalistes « étrangers » quelque peu « fouineurs » qui ont vocation de faire de l’information – au bon sens du terme – et n’entrent pas dans le jeu pervers imposé par le « seigneur et maître du pays », ils auront quant à eux – demain et après – toutes les peines du monde pour obtenir un visa afin de revenir à Djibouti pour y compléter leur reportage ; certains seront même officiellement « Interdits de séjour » dans le pays.
Observons qu’IOG n’en reste pas là, car qui n’est pas avec lui de manière inconditionnelle voire financée … est forcément contre lui. C’est ainsi qu’il a fait expulser les techniciens de RFI et qu’il n’hésite pas à faire interdire à Djibouti la vente des journaux qui auraient « l’outrecuidance » (que dis-je, véritable « crime de lèse majesté… ») de poser trop de questions embarrassantes sur la situation dans le pays et – a fortiori – qui s’intéresseraient d’un peu trop près à l’affaire de l’assassinat du Juge Bernard, en octobre 1995 à Djibouti, comme aux « cautions étrangères » dont il bénéficie depuis presque 11 années.
Enlevez à Ismaïl Omar Guelleh ses « cautions étrangères » et laissez agir la Justice française ; alors la vérité se fera jour dans cette affaire dont certains ont souhaité ou cautionné le « pourrissement » dans les heures qui ont suivi l’assassinat du « petit Juge fouineur ».
Avec IOG, l’image de la tyrannie sous toutes ses formes est sauve et lorsque cette image devient parlante, il y a alors tout de suite un os. Il est évident que cet homme ne peut enfiler que des clichés fallacieux dans sa supposée gouvernance du pays ; clichés qui ne résistent pas à une quelconque analyse – économique, sociale et politique – qui se voudrait objective.
Ismaïl Omar Guelleh n’a jamais eu de programme mais n’ayant jamais eu un quelconque adversaire politique, il est tranquille sur le point de sa propre réélection. On pourrait presque l’entendre dire « En m’autoproclamant président de la République, je fais réaliser des économies substantielles aux Finances publiques ! Démonstration de bonne gouvernance … ».
Dans les faits démontrés depuis plus de 7 ans, il n’a absolument rien d’autre à offrir aux Djiboutiens/Djiboutiennes que plus de sacrifices dans l’asservissement après chaque élection pour tenter de rendre Djibouti plus compétitive sur le marché mondial déjà saturé, plus de misère, plus d’oppression, plus d’emprisonnements, plus de tortures et de meurtres de « gêneurs » comme de « fouineurs ».
Dès lors on comprend pourquoi toutes les campagnes électorales depuis 1999 se soient transformées en farce médiatique dans lesquelles il n’y eut non pas deux camps politiques mais un seul, une certaine UMP (Union des Médiocres Prédateurs) « à la Gloire d’IOG » d’où une totale impossibilité pour l’opposition de se présenter face à lui donc de se lancer dans des confrontations telles que le prévoient la Constitution et le Code des Élections.
Qu’un opposant intervienne dans la presse et les médias étrangers en dénonçant la situation de catastrophe que subissent à leur corps défendant les familles djiboutiennes restées au pays et le voici aussitôt la cible des « soudards » à la solde du pouvoir.
Menaces verbales et tentatives de meurtre (y compris en territoire étranger, comme à Bruxelles), licenciement immédiat sans motif de membres de sa famille, expulsion du logement et saisie des biens, voire viols de femmes ; tous les moyens sont bons pour faire taire et contraindre à « rentrer dans le rang » ledit opposant.
Rien d’étonnant que dans de telles ignobles conditions – imposées par le tyran local, contraires à toute démocratie et aux droits de l’homme – nul n’ait assisté depuis 1999 à des joutes politiques s’appuyant sur des projets respectifs pour la société djiboutienne, mais à des diabolisations émanant du pouvoir en place et de quelques « caciques » à l’encontre de l’opposition politique. Ajoutons à cela que la liste des Députés (es) …élus (es)…lors des législatives est connue 8 jours avant la date du scrutin correspondant.
Djibouti est vraisemblablement le seul pays d’Afrique qui n’a jamais eu un seul élu d’opposition dans une quelconque assemblée, a fortiori dans ce qui fait office d’élections présidentielles. Pour cause, l’élimination par empoisonnement de Mohamed Djama Elabeh fin 1996 (AMIN) reste présent dans toutes les mémoires et constitue la meilleure arme de dissuasion qu’il soit. Ajoutons à cela que l’État dirigé par Ismaïl Omar Guelleh vient de l’enterrer une seconde fois en faisant saisir un bien immobilier qui appartenait à la famille du défunt.
Un politicien et censé présenter l’image d’un homme équilibré, d’un homme à qui la fortune sourit, d’un homme responsable.
Tant pis si Ismaïl Omar Guelleh est sans cesse éclaboussé par des scandales, mis en cause par bien plus que des suspicions dans l’affaire Borrel, par des meurtres perpétrés sur son ordre et par des affaires troubles de trafics comme de fomentations de révoltes armées en Somalie, au Somaliland et en Éthiopie.
Disposant de ce qu’il considère être des atouts et des cautions externes qui ont « baissé culotte » face au chantage qu’il exerce, il peut prononcer et faire sottises sur sottises, faire détourner pour partie les aides internationales tout comme les dons en médicaments des ONG pour les revendre, insulter qui bon lui semble et faire racketter qui il veut.
Il lui suffit d’être présent à la tête de ce qu’il reste d’État djiboutien car au fond ce n’est pas lui qui paie et qui supportera demain les « erreurs » et le financement de son Palais à Dubaï. Il lui suffit d’avoir un air volontaire, d’élever la voix comme un redresseur de torts et de paraître avoir réussi dans la vie.
Chaque chose ayant une fin, la crise qui sévit à Djibouti – économique, sociale et politique – devrait être mortelle pour ce système mafieux, pour son pourrissement sur pied à court terme.
En effet, la classe très minoritaire et dominante – qui s’est autoproclamée à la tête du pays – a de plus en plus de peine à faire accepter par l’UE ses « mécanismes électoraux » mais surtout à maîtriser la jeunesse du pays durement frappée par un « chômage galopant ».
Plus de 85 % des personnes dites « en âge d’avoir un emploi » sont confrontées aux affres du chômage ; Qui dit mieux ?
Chaque année, ce sont quelques milliers de jeunes qui sortent du système scolaire et arrivent sans formation adaptée au monde local du travail. Cette situation se trouve d’autant aggravée par le fait que le Code et les Lois commerciales, les textes qui régissent les entreprises ne sont plus respectées dans un état qui n’a d’existence que son artificielle façade.
Que dire de ce qui fait office de Justice si ce n’est qu’elle est aux ordres du pouvoirs et de ses caciques véreux.
Des « états dans l’état » se sont ainsi créés, sortes de « jardins privés » où chacun fait sa propre loi et prélève ce que bon lui semble en reversant une partie non pas aux Finances publiques mais au …Palais de l’Escale.
Tout s’achète et tout se vend !
Par ailleurs, des lignes de « crédit » (aides internationales) sont effacées épisodiquement au niveau de la Banque centrale de Djibouti. Où va cet argent … sous couvert de passeports diplomatiques ?
Las de supporter des rackets hélas que trop connus à Djibouti lorsque l’on exerce une activité et que l’on n’est pas « affilié » au pouvoir en place, comment ne pas comprendre alors que bon nombre d’entreprises et surtout de commerces se voient contraints de mettre la clé sous la porte alors que d’énormes capitaux – y compris djiboutiens ou qui sont « nettoyés sur place » – s’envolent vers Dubaï et ailleurs.
Fussent-ils immensément riches les tyrans comme les médiocres ne finissent jamais rien eux-mêmes, ils attendent toujours la fin.
Qui aura le courage d’écrire ce mot de « FIN » ?