03/01/07 (B376) REUTERS : l’armée éthiopienne veut rester quelques semaines en Somalie.
MOGADISCIO
(Reuters) – Les troupes éthiopiennes resteront plusieurs semaines en
Somalie pour aider le gouvernement fédéral de transition à
stabiliser la situation, après la guerre-éclair de deux semaines
qui a chassé les islamistes des villes qu’ils contrôlaient, font
savoir les autorités d’Addis-Abeba.
"Les
forces éthiopiennes demeureront en Somalie pendant quelques semaines
afin d’aider le gouvernement fédéral de transition à
stabiliser le pays", a déclaré au parlement le Premier
ministre Meles Zenawi.
"Il
incombe à la communauté internationale de déployer sans
attendre une force de maintien de la paix en Somalie pour éviter qu’un
vide se crée et que reviennent les extrémistes et les terroristes",
a-t-il ajouté.
Les islamistes
somaliens, pour leur part, ont rejeté l’appel à la reddition
lancé par le gouvernement. "Nous ne pouvons accepter l’offre du
gouvernement de faire notre reddition", a déclaré par téléphone
à Reuters un de leurs porte-parole, Abdirahim Ali Moudeï. "Si
le monde pense que nous sommes morts, il se trompe. Nous allons renaître
de nos cendres", a-t-il ajouté.
Au lendemain
de l’entrée des troupes éthiopiennes dans la ville de Jilib,
dans le sud du pays, deux de leurs soldats ont été tués
mardi dans une embuscade. Trois Somaliens ont également été
tués, selon un témoin.
De source
gouvernementale somalienne, on confirme l’embuscade mais on fait état
de la mort d’un seul soldat éthiopien.
"Cette
attaque, c’est ce que nous avons promis, un changement de tactique dans la
lutte contre les Ethiopiens. Nous sommes disséminés un peu partout,
nos soldats sont presque partout", a déclaré Moudeï.
Selon
Meles, l’armée éthiopienne a écrasé un groupe
rebelle éthiopien, le Front de libération oromo (OLF), qui avait
massé des combattants du côté somalien de la frontière
avec l’Ethiopie en prévision d’une offensive. Un autre groupe rebelle
éthiopien qui s’était allié aux islamistes somaliens,
le Front national de libération de l’Ogaden (ONLF) a également
été battu à Dinsoor, en territoire somalien, a-t-il affirmé.
STABILISER
MOGADISCIO
En vue
du déploiement d’une force internationale, l’Ouganda a proposé
d’envoyer un bataillon mais a dit mardi souhaiter, avant de l’engager, qu’une
stratégie de départ claire soit définie pour les troupes
internationales en Somalie, ainsi que leur ordre de mission.
Le gouvernement
somalien indique que le Nigeria pourrait affecter des troupes dans le cadre
d’une mission de maintien de la paix de l’Union africaine (UA) qui avait déjà
reçu le feu vert des Nations unies avant le déclenchement de
la guerre éclair.
Le Groupe
de contact sur la Somalie, mis sur pied en juin dernier par Washington et
qui comprend nombre d’organisations internationales dont la Ligue arabe et
l’Union africaine, ainsi que plusieurs pays, doit se réunir mercredi
à Bruxelles pour discuter de la situation.
A Mogadiscio,
où le gouvernement de transition a mis en place des lieux de collecte
d’armes à feu, dans le cadre d’une campagne de désarmement de
l’une des villes les plus dangereuses au monde, le Premier ministre Ali Gedi
a déclaré de son côté que les troupes éthiopiennes
resteraient peut-être des mois.
"Les
Ethiopiens partiront lorsqu’ils auront éliminé les terroristes
et pacifié la Somalie. Cela prendra des semaines et des mois, pas plus",
a-t-il dit.
Pour l’heure,
les derniers éléments islamistes sont en fuite au sud de Kismayo.
Le Kenya voisin a déclaré avoir fermé sa frontière
nord-est, bien qu’elle soit poreuse, et indiqué qu’il accueillait actuellement
le président somalien, Abdullahi Yusuf, venu pour discuter de sécurité.
Selon
des habitants, les islamistes se sont regroupés dans le secteur des
collines de Buur Gaabo, du côté somalien de la frontière
avec le Kenya. Au large, des bâtiments de la Ve Flotte américaine
patrouillent afin d’empêcher des islamistes de fuir, ont déclaré
des diplomates.
Des combattants
érythréens, mais aussi de pays arabes et des rebelles musulmans
éthiopiens, qui luttaient dans le camp des Tribunaux islamiques, ont
été faits prisonniers durant les combats en Somalie, selon Gedi.
"Cela montre clairement que des éléments armés étrangers
étaient impliqués", a-t-il dit.
Le gouvernement
a demandé aux habitants de Mogadiscio de restituer leurs armes d’ici
jeudi, faute de quoi ils seraient désarmés par la force. Beaucoup
de personnes, affirme Gedi, ont déjà afflué vers les
lieux de collecte d’armes, mais dans l’un d’eux où s’est rendu Reuters,
pas la moindre arme n’avait encore été recueillie.
Stabiliser
Mogadiscio est la priorité numéro du gouvernement de transition,
dont la légitimité dépendra de son aptitude à
s’installer dans la capitale et à y rétablir l’autorité
fédérale, pour la première fois depuis la chute du dictateur
Mohamed Siad Barre en 1991.