14/02/07 (B382) Nouvel Obs / DJIBOUTI Affaire Borrel : le président de Djibouti sera entendu

La
juge chargée de l’enquête sur la mort du juge français
a demandé à entendre comme témoin, vendredi à
Paris, le président Ismail Omar Guelleh.

La
juge chargée de l’enquête sur la mort du juge français
Bernard Borrel en 1995 à Djibouti a demandé à entendre
comme témoin, vendredi à Paris, le président djiboutien
Ismail Omar Guelleh, a indiqué mercredi 14 février une source
proche du dossier. Le chef d’Etat doit participer au sommet Afrique-France
à Cannes.

En mai
2005, la juge française Sophie Clément avait déjà
demandé à entendre le président djiboutien, en visite
à Paris où il avait rencontré le président Jacques
Chirac à l’Elysée, mais Ismail Omar Guelleh avait quitté
la capitale sans se rendre à la convocation de la magistrate.

Elisabeth
Borrel, veuve du juge et partie civile avec ses enfants, "a demandé
l’audition du chef de l’Etat djiboutien", a confirmé Me Olivier
Morice, avocat de la famille Borrel selon qui "la présence d’Ismaïl
Omar Guelleh sur le sol français est une insulte à la mémoire
du juge assassiné à Djibouti en 1995".

Le juge
Bernard Borrel, à l’époque conseiller du ministre djiboutien
de la Justice, avait été retrouvé mort en 1995, le corps
à demi-calciné, au pied d’un ravin. L’enquête djiboutienne
a conclu à un suicide, et le président de Djibouti avait réaffirmé
que "personne n’a tué" le magistrat français.

Trafic d’armes et attentats

L’enquête
judiciaire française en cours privilégie quant à elle
la thèse de l’assassinat dans une affaire qui pourrait toucher de hautes
personnalités djiboutiennes. La responsabilité présumée
du président djiboutien et de membres de son entourage dans la disparition
du juge a été évoquée par plusieurs témoins
lors de l’instruction.

La
justice française a délivré en octobre 2006 des mandats
d’arrêt contre deux repris de justice djiboutiens en fuite, Awalleh
Guelleh et Hamouda Hassan Adouani, considérés comme de possibles
exécutants d’un assassinat.

Selon
l’épouse du juge, Elisabeth Borrel, son époux enquêtait
sur des trafics d’armes et des attentats dans lesquels le président
Guelleh aurait été impliqué.

L’affaire
Borrel a suscité de vives tensions entre Djibouti et la France qui
possède une importante base militaire dans ce petit pays de la Corne
de l’Afrique, stratégiquement situé face à la péninsule
arabique.