04/04/07 (B389) L’EXPRESS (avec REUTERS) : les combats ont fait près de 400 victimes civiles en Somalie.
Des
diplomates américains, européens et africains ont lancé
un appel au calme en Somalie où les violents combats de ces derniers
jours ont fait près de 400 morts et de 700 blessés parmi la
population civile.
Ces diplomates se sont réunis au Caire dans le cadre du "groupe
de contact" international sur la Somalie pour discuter des moyens de
mettre fin aux affrontements et de faire face à l’afflux de réfugiés.
Les quatre jours de combats qui ont pris fin dimanche à Mogadiscio
sont considérés par les ONG comme les plus violents depuis quinze
ans et l’on craint que d’autres victimes restent ensevelies sous les décombres.
L’offensive lancée contre les insurgés islamistes par le gouvernement
somalien et ses alliés éthiopiens a aussi fait de nombreux morts
parmi les belligérants et les quartiers résidentiels ont essuyé
des tirs d’artillerie destructeurs.
Un calme précaire régnait mardi pour le deuxième jour
consécutif dans la capitale somalienne et les chefs du principal clan
de Mogadiscio, les Hawiye, ont rencontré les responsables militaires
éthiopiens, a rapporté Ahmed Diriye, porte-parole des Hawiye.
Les combattants des deux camps restent néanmoins retranchés
aux abords de la capitale et l’on craint une reprise rapide des combats.
L’Elman Peace and Human Rights Organisation, une ONG locale, a recensé
381 civils tués par les combats et 565 blessés.
Le Comité international de la Croix-Rouge a pour sa part dénombré
700 blessés dans les trois hôpitaux de la ville qu’il approvisionne.
Sudan Ali Ahmed, président d’Elman, a dit s’attendre à ce que
le bilan s’alourdisse. "Il y a encore des blessés et des morts
dans des maisons où personne ne s’aventure", a-t-il déclaré
à Reuters.
L’Ethiopie a fait état de 200 insurgés tués.
ACCUEIL
HOSTILE DES REFUGIES
L’Union européenne a lancé un appel à
un cessez-le-feu durable afin de permettre aux travailleurs humanitaires d’accéder
aux victimes.
"Nous sommes profondément préoccupés par l’impact
humanitaire du conflit à Mogadiscio et par le bombardement aveugle
de zones à forte densité de population", dit un communiqué
conjoint de Louis Michel, commissaire européen au Développement
et à l’Aide humanitaire, et de Javier Solana, porte-parole de la diplomatie
européenne.
Selon les Nations unies, près de 50.000 personnes ont fui Mogadiscio
ces dix derniers jours, portant le nombre de réfugiés à
près de 100.000, soit le dixième de la population de la capitale.
Pour le Haut commissariat des Nations unies pour les Réfugiés
(HCR), l’exode rappelle celui consécutif au renversement du président
Mohamed Siad Barre, en 1991, qui fut suivi de quinze ans d’anarchie.
Les réfugiés ont été accueillis avec hostilité
en de nombreux endroits où on leur a extorqué des sommes exorbitantes
pour louer un abri ou même un peu d’ombre, a rapporté le HCR.
L’intervention, en fin d’année dernière, des troupes
éthiopiennes, a été décisive pour repousser les
miliciens de l’Union des tribunaux islamiques (UTI), qui contrôlaient
Mogadiscio depuis six mois, et qui étaient en passe de prendre Baidoa,
siège du gouvernement de transition du président Abdullahi Yusuf.
L’UTI, qui nie tout lien avec Al Qaïda, a été rapidement
repoussée puis chassée de la capitale somalienne. Mais les islamistes
sont par la suite parvenus à se regrouper dans leurs bastions de Mogadiscio.
Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré
à la réunion du Caire que la réconciliation était
la seule solution mais qu’elle ne devait pas englober "ceux qui ont choisi
la voie de la violence et de l’extrémisme", apparente allusion
aux islamistes.
Les Etats-Unis, qui soutiennent le gouvernement et son allié éthiopiens,
affirment depuis longtemps que, pourvu qu’ils renoncent à la violence,
tous les Somaliens – y compris les islamistes – doivent participer à
la conférence de réconciliation prévue le 16 avril à
Mogadiscio.
DEPLOIEMENT D’UNE FORCE D’INTERPOSITION DE L’UA
Des experts somaliens n’espèrent guère que la réunion
aille au-delà d’un soutien à la conférence de réconciliation
nationale. "En fait, le fond de l’affaire c’est la totale inaction de
la communauté internationale en Somalie", a confié un diplomate.
Le vice-ministre norvégien des Affaires étrangères, Raymond
Johansen, a déclaré que la présence militaire éthiopienne
en Somalie n’était pas viable et qu’il était temps se préparer
à un retrait.
Moussa l’a approuvé en disant que la solution était de déployer
une force de l’Union africaine tandis que les Ethiopiens se retireraient.
Quelque 1.200 militaires ougandais, avant-garde de cette force de maintien
de la paix que l’Union africaine, n’ont pas réussi à éliminer
les violences et sont devenus eux-mêmes la cible des insurgés.
Le président érythréen Isaias Afwerki a déclaré
à l’issue d’une rencontre avec son homologue ougandais Yoweri Museveni
que Kampala devrait se retirer.
"L’Ouganda doit prendre des mesures correctives concernant son initiative
hâtive d’envoyer des troupes", écrit le site gouvernemental
shabait.com en citant Isaias.
Le "groupe de contact" comprend des représentants de l’Union
européenne, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de la Norvège,
de la Suède, de la Tanzanie et des Etats-Unis et les Nations unies
ainsi que l’Union africaine y ont un statut d’observateurs.