18/04/07 (B391) Un grand Bravo à MMe Soleil notre voyante attitrée : encore une fois, ses prédictions se vérifient … Le Monde vient de publier un long article sur une note de la DGSE qui traitait d’Al Qaïda, qui pouvait informer les américains de l’imminence d’un attentat sur New York et qui relatait la réception d’un haut dirigeant d’Al Qaïda par Guelleh !… Aujourd’hui Mme Soleil récidive et nous annonce la publication dans les premiers jours de juin d’une nouvelle information qui devrait faire du bruit autour de la Corne de l’Afrique… (+ extrait « Le MONDE »)

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Note de l’ARDHD

Le 23 mars 2007 (B 388-A), nous avions publié un petit article
dans la chronique Radio-Trottoir, dont voici le texte repris exactement :

« De
nombreux rapports pourraient-ils sortir bientôt ?

Madame Soleil y croit. Elle affirme avoir vu la copie d’une note dans Le Monde,
qui montrerait que les Services français ne sont pas nuls. Imaginez
aussi que l’on s’agitte beaucoup, dans les prochaines semaines; autour d’un
commerce de matière fissile transitant par Djibouti et enrichissant
la bande du Parrain local… On est perplexe, mais après tout, Madame
Soleil a peut-être raison : en tout cas l’avenir nous le dira .. »

Trois
semaines après notre publication, un long article dans Le Monde reprend
une note de 328 pages de la DGSE qui informait en particulier, les services
américains de l’imminence d’un attentat sur New York et sur les activités
d’Al Qaïda.

Aujourd’hui, Mme Soleil que nous avons joint par téléphone pour
la féliciter, a tenu à manifester sa satisfaction. Plus encore,
elle nous annonce pour les premiers jours de juin, la publication de nouvelles
informations concernant les relations entre un dictateur africain (*) de la Corne de l’Afrique et Al Qaïda.

Bien sur,
ce n’est que de la fiction, mais comme Mme Soleil nous a habitué à voir l’avenir,
on peut lui confier un certain crédit. L’avenir le dira bien sur. Mais si
c’était le cas, le pauvre dictateur en question devrait être bien embarassé.
Il va certainement prendre ses précautions … pour éviter la fureur US …

___________________________________________ Extrait Le Monde Archives

11 septembre 2001 : les Français en
savaient long

C’est une impressionnante masse de documents. De loin, on croirait une thèse
universitaire. De près, rien à voir. Des coups de tampons rouges « confidentiel-défense »
et « usage strictement national » sur chacune des pages. En haut à gauche, un
logo bleu roi : celui de la DGSE, la Direction générale des services extérieurs,
les services secrets français. Au total, 328 pages classifiées. Notes, rapports,
synthèses, cartes, graphiques, organigrammes, photos satellite. Le tout exclusivement
consacré à Al-Qaida, ses chefs, sous-chefs, planques et camps d’entraînement.
A ses soutiens financiers aussi. Rien de moins que l’essentiel des rapports
de la DGSE rédigés entre juillet 2000 et octobre 2001. Une véritable encyclopédie.

Au terme de plusieurs mois d’enquête sur cette documentation très spéciale,
nous prenons contact avec le quartier général de la DGSE. Et le 3 avril, l’actuel
chef de cabinet, Emmanuel Renoult, nous reçoit sur place, dans l’enceinte
de la caserne des Tourelles à Paris. Après avoir parcouru les 328 pages que
nous posons sur son bureau, il ne peut s’empêcher de déplorer une telle fuite,
tout en nous laissant entendre que ce paquet représente la quasi-intégralité
des productions de la DGSE sur le sujet pour cette période cruciale. En revanche,
sur le fond, impossible de lui soutirer le moindre commentaire.

Trop sensible.

Il est vrai que ces chroniques des services secrets sur Al-Qaida, avec leurs
diverses révélations, soulèvent quantité de questions. Et d’abord une surprise
: le nombre élevé de notes uniquement consacrées aux menaces d’Al-Qaida contre
les Etats-Unis, des mois avant les attaques suicides de New York et de Washington.
Neuf rapports entiers sur le sujet entre septembre 2000 et août 2001. Dont
une note de synthèse de cinq pages, intitulée »Projet de détournement d’avion
par des islamistes radicaux » , et marquée d’une date… 5 janvier 2001 ! Huit
mois avant le 11-Septembre, la DGSE y rapporte les discussions tactiques menées
depuis le début de l’année 2000 entre Oussama Ben Laden et ses alliés talibans,
au sujet d’une opération de détournement d’avions de ligne américains.

Pierre-Antoine Lorenzi, chef de cabinet du patron de la DGSE jusqu’en août
2001, aujourd’hui président d’une société spécialisée dans les stratégies
de crise et d’influence (Serenus Conseil), parcourt devant nous ces 328 pages
et tombe en arrêt, lui aussi, sur cette note. Il hésite, prend le temps de
la lire et admet : « Je me souviens de celle-là. » « Il faut se rappeler, précise
M. Lorenzi, que jusqu’en 2001, le détournement d’avion n’a pas la même signification
qu’après le 11-Septembre. A l’époque, cela implique de forcer un appareil
à se poser sur un aéroport pour mener des négociations. On est habitué à gérer
ça. » Mise en perspective utile pour comprendre pourquoi cette alerte du 5
janvier n’a provoqué aucune réaction chez ses destinataires : les piliers
du pouvoir exécutif.

Dès janvier 2001, la direction d’Al-Qaida se montre néanmoins transparente
aux yeux – et aux oreilles – des espions français. Les rédacteurs détaillent
même les désaccords entre terroristes sur les modalités pratiques du détournement
envisagé. Jamais ils ne doutent de leur intention. Provisoirement, les djihadistes
privilégient la capture d’un avion entre Francfort et les Etats-Unis.

Ils établissent une liste de sept compagnies possibles. Deux seront finalement
choisies par les pirates du 11-Septembre : American Airlines et United Airlines
(voir fac-similé). Dans son introduction, l’auteur de la note annonce : « Selon
les services ouzbeks de renseignement, le projet d’un détournement d’avion
semble avoir été discuté en début d’année 2000 lors d’une réunion à Kaboul
entre des représentants de l’organisation d’Oussama Ben Laden… »

Des espions ouzbeks renseignent donc les agents français. A l’époque, l’opposition
des fondamentalistes musulmans au régime pro-américain de Tachkent s’est fédérée
dans le Mouvement islamique d’Ouzbékistan, le MIO. Une faction militaire de
ce parti, emmenée par un certain Taher Youdachev, a rejoint les camps d’Afghanistan
et prêté allégeance à Oussama Ben Laden, lui promettant d’exporter son djihad
en Asie centrale. Des livrets militaires et des correspondances du MIO, trouvés
dans des camps afghans d’Al-Qaida, en attestent.

Alain Chouet a gardé en mémoire cet épisode. Il a dirigé jusqu’en octobre
2002 le Service de renseignement de sécurité, la subdivision de la DGSE chargée
de suivre les mouvements terroristes. Selon lui, la crédibilité du canal ouzbek
trouve son origine dans les alliances passées par le général Rachid Dostom,
l’un des principaux chefs de guerre afghans, d’ethnie ouzbek lui aussi, et
qui combat alors les talibans. Pour plaire à ses protecteurs des services
de sécurité de l’Ouzbékistan voisin, Dostom a infiltré certains de ses hommes
au sein du MIO, jusque dans les structures de commandement des camps d’Al-Qaida.
C’est ainsi qu’il renseigne ses amis de Tachkent, en sachant que ses informations
cheminent ensuite vers Washington, Londres ou Paris.

La formulation de la note française de janvier 2001 indique clairement que
d’autres sources corroborent ces renseignements sur les plans d’Al-Qaida.
Selon un dispositif bien huilé en Afghanistan, la DGSE ne se contente pas
d’échanges avec des services secrets amis. Pour percer les secrets des camps,
d’une part elle manipule et « retourne » des jeunes candidats au djihad originaires
des banlieues des grandes villes d’Europe. D’autre part, elle envoie des hommes
du service action auprès de l’Alliance du Nord du commandant Massoud. Sans
compter les interceptions des téléphones satellitaires.

Un proche de Pierre Brochand, l’actuel patron de la DGSE, nous a assuré que
le service disposait d’une « cellule Oussama Ben Laden » depuis au moins 1995.

L’alerte du 5 janvier s’appuie donc sur un système éprouvé. Alain Chouet,
après nous avoir demandé de préciser qu’il ne s’exprimait pas au nom des institutions
françaises, reste laconique mais clair : « Il est rare qu’on transmette un
papier sans recouper. » D’autant que ledit papier suit et précède de multiples
rapports de la DGSE étayant la crédibilité des incantations guerrières d’Oussama
Ben Laden.

Dans sa note, la DGSE estime enfin que la volonté d’Al-Qaida de concrétiser
son acte de piraterie contre un appareil américain ne laisse aucun doute :
« Au mois d’octobre 2000, Oussama Ben Laden a assisté à une réunion en Afghanistan
au cours de laquelle la décision de principe de mener cette opération a été
maintenue. » Nous sommes le 5 janvier 2001, les dés sont jetés, les Français
le savent… Et ils ne sont pas les seuls.

Comme toutes les informations évoquant des risques contre des intérêts américains,
la note a été transmise à la CIA par le service des relations extérieures
de la DGSE, responsable des coopérations entre alliés (renommé depuis service
des liaisons). Son premier destinataire est le chef de poste de la CIA à Paris,
Bill Murray, un francophone au physique de John Wayne, rentré depuis aux États-Unis.

Nous avons pu établir le contact, mais M. Murray n’a pas souhaité donner suite
à nos demandes. Pierre-Antoine Lorenzi, dont les responsabilités à la DGSE
couvraient alors les questions relatives à la coopération avec les agences
étrangères, ne conçoit pas que ces renseignements-là ne lui aient pas été
remis : « Ça, typiquement, c’est le genre d’information qui est transmise à
la CIA. Ce serait même une faute de ne pas l’avoir fait. »

De l’autre côté de l’Atlantique, deux anciens agents de la CIA spécialistes
d’Al-Qaida, que nous avons sollicités, ne se souviennent pas d’alertes particulières
envoyées par la DGSE. Ni Gary Berntsen, rattaché à la direction des opérations
de l’agence de 1982 à 2005, ni Michael Scheuer, ancien responsable de l’unité
Ben Laden au siège de la CIA, n’ont gardé en mémoire des informations spécifiques
en provenance de la DGSE.

A Washington, la commission d’enquête du Congrès sur le 11-Septembre, dans
son rapport final publié en juillet 2004, a mis l’accent sur l’incapacité
du FBI, de la CIA ou des services d’immigration d’agréger des données éparses
visant certains membres des commandos du 11-Septembre. A aucun moment la commission
n’a évoqué la possibilité que la CIA aurait répercuté au pouvoir politique,
dès janvier 2001, des renseignements émanant des services français sur le
choix tactique d’Oussama Ben Laden d’organiser des détournements d’avions
américains.

Au-delà, le plus confondant, à la lecture des 328 pages de la DGSE, tient
peut-être dans la juxtaposition entre les notes qui alertent sur des menaces
– comme celle de janvier 2001 – et celles qui décrivent très tôt, et avec
minutie, le fonctionnement de l’organisation. Dès le 24 juillet 2000, avec
la rédaction d’un rapport de treize pages intitulé »Les réseaux d’Oussama Ben
Laden », l’essentiel se révèle consigné noir sur jaune pâle, la couleur des
originaux de la DGSE.

Le contexte, les détails anecdotiques et tous les aspects stratégiques relatifs
à Al-Qaida y figurent déjà. Bien souvent, les documents ultérieurs se contentent
de les préciser. Ainsi, l’hypothèse de la mort de Ben Laden – qui a connu
un certain succès en septembre 2006 – prend, dans cette note du 24 juillet
2000, les intonations d’un refrain connu, mais néanmoins fondé : « L’ex-Saoudien,
qui vit depuis plusieurs années dans des conditions précaires, se déplaçant
sans cesse, de camp en camp, souffre également de problèmes rénaux et dorsaux.
(…)

Des rumeurs récurrentes font état de sa mort prochaine, mais il ne paraît
pas avoir, jusqu’à présent, changé ses habitudes de vie. »

Sur un cliché aérien du 28 août 2000, les agents de la DGSE localisent un
homme-clé, très proche d’Oussama Ben Laden. Son nom : Abou Khabab. Cet artificier
d’origine égyptienne, connu pour avoir enseigné la science des explosifs artisanaux
à des générations de djihadistes, constitue une cible en théorie prioritaire.
Dans deux notices biographiques sur ce personnage, du 25 octobre 2000 et du
9 janvier 2001, la DGSE énumère les renseignements échangés avec le Mossad
israélien, la CIA et les services de sécurité égyptiens à son sujet. On n’ignore
rien de son parcours et de ses déplacements.

C’est également le cas d’Omar Chabani, l’émir chargé d’encadrer tous les militants
algériens venus en Afghanistan, selon la DGSE. Grâce à lui, au cours de l’année
2001, Al-Qaida a mis des infrastructures à la disposition du Groupe salafiste
pour la prédication et le combat (GSPC), le mouvement terroriste algérien
dont le chef historique Hassan Hattab, ex-allié de Ben Laden, a souscrit en
2006 à la politique de réconciliation nationale du président algérien Abdelaziz
Bouteflika – ce qui avait provoqué l’ire des jeunes générations du GSPC. Celles-ci
ont repris depuis le mois d’octobre la lutte armée délaissée par leurs aînés,
en se réclamant d’un nouveau GSPC – renommé Al-Qaida pour le Maghreb islamique
– qui semble être responsable des attentats du 11 avril à Alger.

En marge des aspects opérationnels sur le fonctionnement d’Al-Qaida, ces documents
de la DGSE proposent un autre regard sur les relais politiques de son chef.

Un
exemple : dans une note du 15 février 2001 consacrée en partie aux risques
d’attentats contre la base militaire française de Djibouti, les auteurs relèvent
la présence dans le pays du représentant d’Oussama Ben Laden pour la Corne
de l’Afrique, Nidal Abdel Hay al Mahainy.

L’homme,
arrivé sur place le 26 mai 2000 est-il précisé, a, ni plus ni moins, « rencontré
le président de la République djiboutienne »
.

Mais c’est surtout l’Arabie saoudite qui apparaît comme une préoccupation
constante à propos des sympathies extérieures à l’Afghanistan dont profite
Oussama Ben Laden. Les rapports de la DGSE explorent ses relations avec des
hommes d’affaires et diverses organisations de ce pays. Certaines personnalités
saoudiennes ont proclamé leur hostilité à Al-Qaida, mais, manifestement, elles
n’ont pas convaincu tout le monde. Pierre-Antoine Lorenzi se souvient bien
de l’état d’esprit des responsables du renseignement français :

« La DGSE a eu beaucoup de mal à considérer définitivement qu’il n’avait plus
de relation avec la monarchie saoudienne, parce qu’il était en rupture de
ban. C’était difficile à admettre. »

La note du 24 juillet 2000 mentionne un virement de 4,5 millions de
dollars au profit du chef d’Al-Qaida par l’International Islamic Relief Organisation
(IIRO), une structure directement placée sous la tutelle de la Muslim World
League, elle-même considérée comme l’instrument politique des oulémas saoudiens.


Il faudra attendre pourtant le 3 août 2006 pour que des bureaux de l’IIRO
figurent sur la liste officielle des organisations de financement du terrorisme
du département américain du Trésor. Au cours de ce mois de juillet 2000, deux
ans après les attentats de Nairobi et Dar-es-Salam, les auteurs de ce mémo
doutent de la sincérité des positions affichées par la famille Ben Laden elle-même
: « Il semble de plus en plus probable qu’Oussama Ben Laden ait gardé des contacts
avec certains membres de sa famille, bien que celle-ci, qui dirige l’un des
plus importants groupes de travaux publics dans le monde, l’ait officiellement
renié.

L’un de ses frères jouerait un rôle d’intermédiaire dans ses contacts professionnels
ou le suivi de ses affaires. » Selon M. Lorenzi, c’est la récurrence de ces
doutes, et plus spécifiquement l’ambivalence de l’IIRO, qui conduiront la
DGSE à se mobiliser avec le Quai d’Orsay, en 1999, quand la diplomatie française
proposera aux Nations unies une convention internationale contre le financement
du terrorisme.

Une autre note des services secrets français, datée du 13 septembre 2001,
et intitulée « Eléments sur les ressources financières d’Oussama Ben Laden »,
réitère ces soupçons à l’encontre du Saudi Ben Laden Group, l’empire familial.

Elle présente aussi un puissant banquier, autrefois proche de la famille royale,
comme l’architecte historique d’un dispositif bancaire qui « semble avoir été
utilisé pour transférer au terroriste des fonds provenant des pays du Golfe ».
Une annexe de cette note du 13 septembre 2001 répertorie les actifs a priori
sous le contrôle direct d’Oussama Ben Laden. Surprise, au milieu de structures
connues que le »Cheikh » a dirigées au Soudan, au Yémen, en Malaisie et en Bosnie
figure encore, en 2001, un hôtel situé à La Mecque, en Arabie saoudite.

Alain Chouet exprime un réel scepticisme sur la volonté des autorités
de Riyad d’appréhender Oussama Ben Laden avant le 11-Septembre : « Sa déchéance
de la nationalité saoudienne est une pantalonnade (…)
A ma connaissance,
personne n’a mis quoi que ce soit en œuvre pour le capturer entre 1998 et
2001. » En témoigne cette note du 2 octobre 2001 – « Le départ du prince Turki
al-Fayçal, chef des services de renseignement saoudiens : une éviction politique »
– qui révèle les dessous de ce spectaculaire limogeage juste avant le 11-Septembre.
Les auteurs soulignent « les limites de l’influence saoudienne en Afghanistan
(…) Lors de récents voyages à Kandahar du prince Turki, il n’avait pas réussi
à convaincre ses interlocuteurs d’extrader Oussama Ben Laden. »

Et six ans plus tard ?

Dans un ample rapport de la DGSE que nous avons pu consulter, intitulé « Arabie
saoudite, un royaume en péril ? » et daté du 6 juin 2005, les agents français
dressent un bilan plus positif des initiatives du régime saoudien contre Al-Qaida.
Certains paragraphes trahissent toutefois des craintes persistantes.

Les services secrets français redoutent toujours les penchants pour
la guerre sainte de quelques docteurs de la foi saoudiens.

Guillaume
Dasquié

(*)
Cherchez bien. Après tout le nombre de candidats potentiels est relativement
limité …