23/04/07 (B392-B) REUTERS – Mogadiscio continue de se vider de ses habitants

MOGADISCIO
(Reuters) – L’exode se poursuit à Mogadiscio, théâtre
pour la sixième journée consécutive de violents combats
entre les forces gouvernementales appuyées par l’armée éthiopienne
et les insurgés islamistes.

« Tous ceux qui avaient la possibilité de s’enfuir sont partis »,
a dit Mohamed, un habitant de la capitale somalienne vivant à proximité
de la zone des combats.

Au moins 230 personnes ont péri dans les derniers combats en date,
qui ont repris mercredi dernier, avancent des organisations de défense
des droits de l’homme. Fin mars, de précédents combats avaient
fait plus de 1.000 morts, des civils pour la plupart.

Les hôpitaux sont surchargés et des tentes ont été
dressées à l’extérieur pour faire face à l’afflux
de blessés. Des médecins consultent même sous l’ombre
des arbres.

Illustrant les menaces, Médecins sans Frontières (MSF) a annoncé
qu’un obus de mortier s’était abattu vendredi sur sa clinique de Mogadiscio.
Personne n’a été blessé mais, souligne l’ONG, « vu
le peu de structures médicales disponibles, il est crucial que la population
puisse se rendre dans celles qui fonctionnent encore ».

Des affrontements ont également éclaté à Kismayo,
port du sud du pays.

EXODE SANS PRÉCÉDENT DEPUIS SEIZE ANS

Le gouvernement s’emploie depuis quatre mois à reprendre le contrôle
total de Mogadiscio, dont les milices islamiques ont été chassées
au tournant de l’année.

Le Premier ministre du gouvernement fédéral de transition, Ali
Mohamed Gedi, a promis qu’il n’y aurait aucun répit dans l’offensive
lancée contre les dernières poches de résistance des
islamistes, qui seraient soutenus par des djihadistes étrangers et
d’anciens miliciens du clan Hawiye.

« La lutte continuera tant que les terroristes n’auront pas été
éradiqués de Somalie », a-t-il dit. « Je veux dire ceci
au peuple somalien et au monde: il n’existe aucun combat entre le clan Hawiye
et le gouvernement; la bataille est clairement engagée entre des terroristes
liés à Al Qaïda et le gouvernement, soutenu par les forces
éthiopiennes et de l’Union africaine (UA). »

Pour l’heure, les 1.500 soldats ougandais qui forment l’avant-garde de la
force de maintien de la paix de l’UA n’ont pu endiguer les effusions de sang.

Les combats en cours se déroulent autour d’un bastion insurgé
de Mogadiscio, où des cadavres pourrissent au soleil, nul n’étant
en mesure de les récupérer.

Près d’un demi-million d’habitants auraient fui la ville, qui abritait,
selon les estimations, entre 1 et 2,4 millions de personnes avant les combats.
Cet exode est sans précédent depuis la chute de Mohamed Siad
Barré, en 1991, renversé par les « seigneurs de guerre ».
Les Nations unies redoutent une catastrophe humanitaire.