06/09/07 (B411) AFP L’opposition somalienne unie pour réclamer le retrait de l’armée éthiopienne.
ASMARA (AFP) — Des personnalités de l’opposition somalienne, dont les plus hauts responsables islamistes, ont ouvert jeudi en Erythrée une conférence visant à créer un nouveau mouvement politique, en appelant à un retrait de l’armée éthiopienne de leur pays en guerre civile depuis 1991.
Réunis à Asmara, dont le gouvernement ne cesse de dénoncer la politique d’Addis Abeba dans la Corne de l’Afrique, quelque 400 leaders islamistes, opposants au gouvernement de transition somalien, dignitaires religieux et représentants de la société civile et de la diaspora, ont ouvert jeudi leurs travaux qui doivent durer dix jours.
"Nous tenons cette conférence pour fonder une organisation politique qui libère le pays et mette fin à la violence et au chaos", a déclaré le numéro deux des tribunaux islamiques de Somalie, cheikh Sharif Cheikh Ahmed.
Le chef des islamistes somaliens, cheikh Hassan Aweys, recherché par les Etats-Unis qui le considèrent comme un terroriste, participe également à la conférence.
Cheikh Ahmed s’en est d’ailleurs pris à la politique américaine en Somalie. "La politique étrangère des Etats-Unis à l’égard de la Somalie a été étrangement conflictuelle", a jugé le responsable islamiste, qui a appelé Washington à "jouer un rôle plus positif dans le conflit somalien".
Washington a soutenu l’intervention de l’armée éthiopienne en Somalie aux côtés des forces du gouvernement de transition, qui s’est traduite fin décembre 2006 début 2007 par une déroute militaire des islamistes. Les forces des tribunaux islamiques avaient auparavant brièvement contrôlé Mogadiscio et le sud du pays.
L’aviation américaine a également mené en Somalie des attaques contre des positions de présumés terroristes liés au réseau al-Qaïda d’Oussama ben Laden.
Pour le dirigeant islamiste, un conflit prolongé menace la stabilité de toute la Corne de l’Afrique, région déjà particulièrement troublée.
"Nous appelons l’Ethiopie à retirer se troupes sans condition de Somalie et à mettre fin à son aventure impérialiste dans notre pays", a ajouté cheikh Ahmed, répétant une revendication constante des islamistes.
L’ancien vice-Premier ministre somalien, Hussein Mohammed Aïdid, a toutefois estimé que l’opposition avait sa part de responsabilité dans la crise somalienne.
"Cette rencontre (…) n’est pas une rencontre d’anges. Nous avons tous, directement ou indirectement, contribué à l’insécurité persistante dans Mogadiscio et le reste du pays. Aucun des délégués ne peut se prétendre totalement innocent", a-t-il déclaré.
L’Erythrée, qui entretient des relations extrêmement tendues avec l’Ethiopie depuis une guerre frontalière (1998-2000), sert depuis plusieurs mois de base aux leaders des insurgés islamistes.
Le rassemblement d’Asmara se tient après une énième conférence nationale de réconciliation somalienne, entamée le 15 juillet à Mogadiscio et terminée le 30 août, sans résultat tangible.
L’échec de cette conférence, qui visait à ramener la paix dans un pays dévasté par 16 ans de guerre civile, était annoncé dès son ouverture, en l’absence des principaux opposants au gouvernement – les leaders islamistes et une grande partie des membres du clan Hawiye, le plus puissant de Mogadiscio – qui la boycottaient.
Les islamistes estimaient que des pourparlers de paix ne pouvaient être engagés sans retrait préalable des troupes éthiopiennes.
Les six semaines de conférence avaient été marquées par une intensification des violences à Mogadiscio.