25/10/07 (B418-B) LIBERATION Une note du Quai d’Orsay révèle des pressions sur le dossier djiboutien (Info lectrice)
PATRICIA TOURANCHEAU
QUOTIDIEN : mercredi 24 octobre 2007
Une note inédite du Quai d’Orsay, révélée par le Figaro, démontre une nouvelle fois les tentatives de pression sur la justice française dans le but de dédouaner les autorités djiboutiennes de l’assassinat en 1995 du juge Bernard Borrel. Ce vade-mecum rédigé le 21 avril 2004 par Pierre Vimont, alors directeur de cabinet de Michel Barnier, à l’attention de son ministre la veille d’une rencontre avec le président Chirac, mentionne au paragraphe «Djibouti» : «Faute d’avoir obtenu un accord de la part du parquet pour que ce dernier fasse une déclaration exonérant les autorités de Djibouti de toute implication dans l’assassinat du juge Borrel, le Quai d’Orsay s’est associé à la Défense pour rédiger un communiqué très ferme.»
Les porte-parole des ministères des Affaires étrangères et de la Défense avaient bel et bien publié la veille un communiqué dans le sens de l’apaisement des relations avec Djibouti où se trouve la principale base militaire française en Afrique.
«Nonobstant le discernement du procureur de l’époque Yves Bot et sa décision de refuser, voici la démonstration absolument certaine du forcing et des pressions politiques exercées sur la justice dans ce dossier», souligne Me Olivier Morice, avocat de la veuve Borrel. Les juges Pous et Ganascia, qui instruisent le volet «pressions sur la justice» de ce dossier à tiroirs sur la foi d’une pièce postérieure, avaient saisi la note de Vimont en perquisition au Quai d’Orsay il y a six mois.
De plus, les autorités de Djibouti ont expulsé hier vers le Yémen sept membres de la famille d’un témoin clef de l’enquête. Il s’agit de Mohamed Alhoumekani, ancien militaire réfugié en Belgique, qui a déclaré avoir entendu Ismaël Omar Guelleh, actuel président de Djibouti, parler le soir de la mort du magistrat du complot meurtrier avec ses exécutants qui, du coup, font l’objet de mandats d’arrêt internationaux.
C’est pour «subornation de ce témoin» que le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman Ali et le chef de ses services secrets, Hassan Saïd Khaireh, tous deux recherchés, doivent être jugés par défaut ces prochains mois à Versailles.