12/02/08 (B434) AFP Un humanitaire allemand enlevé dans le nord de la Somalie (Au Puntland NDLR – Une région qui regorge de pirates, de preneurs d’otages et de passeurs mercenaires prêt à jeter les passages par dessus bord… mais tous ces business rapportent …)
MOGADISCIO (AFP) Un Allemand travaillant pour une organisation humanitaire a été enlevé mardi dans le nord de la Somalie par des hommes armés qui ont blessé son chauffeur, a-t-on appris auprès des autorités traditionnelles du district d’Erigabo (900 km au nord de Mogadiscio).
« Les ravisseurs ont intercepté le véhicule de l’humanitaire allemand, blessé son chauffeur, et l’ont pris en otage », a déclaré à l’AFP un chef traditionnel du district d’Erigabo, Abdallah Salah Botan, joint par téléphone de Mogadiscio.
Un porte-parole de l’organisation humanitaire allemande Welthungerhilfe (German Agro Action), installée à Bonn, a confirmé à l’AFP l’enlèvement dans le nord de la Somalie d’un de ses collaborateurs.
Ce « chargé de projet expérimenté », qui a été en poste en Afghanistan avant de s’engager il y a deux ans dans un projet de nutrition dans la région, était en route pour la côte où il devait participer à une rencontre avec des pêcheurs locaux, a-t-il précisé.
La voiture où se trouvait également une collaboratrice allemande, un collaborateur local et le chauffeur, a été arrêtée à 64 km au nord d’Erigabo par un groupe d’hommes armés qui ont enlevé l’Allemand et blessé légèrement le chauffeur lors d’un échange de tirs, selon la même source.
Le ministère allemand des Affaires étrangères s’est pour sa part refusé à tout commentaire.
Welthungerhilfe est l’une des rares organisations internationales ayant envoyé des collaborateurs dans le Somaliland.
Le district d’Erigabo est revendiqué par deux entités rivales de Somalie, la République autoproclamée du Somaliland, et la région autoproclamée autonome du Puntland.
L’administration du Puntland a confirmé de son côté cet enlèvement. « On nous a dit que des miliciens de la région ont enlevé un humanitaire étranger, mais la zone où il a été enlevé n’est pas sous notre administration », a déclaré un responsable du ministère de l’Information du Puntland, Bile Mohamoud Qabowsade.
La Somalie est en guerre civile depuis 1991 et fait face à une crise humanitaire aiguë avec nombre d’enlèvements et d’affrontements entre bandes armées.
Le 26 décembre, deux humanitaires – espagnole et argentine – de Médecins sans frontières (MSF) avaient été enlevées à Bosasso, la capitale du Puntland, avant d’être libérées une semaine plus tard.
Toujours en décembre, un journaliste français, Gwen Le Gouil, avait également été enlevé à Bosasso et retenu en otage huit jours par des hommes armés qui réclamaient une rançon.
Deux diplomates libyens ont également été enlevés brièvement le 5 janvier à Mogadiscio.
Le chargé d’affaires libyen Neji Gsouda et un autre diplomate, Fethi Abou Daya, avaient été enlevés près du marché de Bakara, le plus important et le plus dangereux de la capitale somalienne, par des hommes armés aux visages dissimulés, selon une source officielle libyenne.
Le 1er février, MSF a annoncé qu’elle avait retiré l’ensemble de son personnel international de Somalie, après le meurtre le 25 janvier d’un logisticien français et d’un chirurgien kényan de l’organisation dans le sud-ouest du pays.
Le Puntland, région semi-autonome de Somalie, a été fondé en juillet 1998 par Abdullahi Yusuf Ahmed, devenu depuis président des institutions de transition somaliennes.
Le port de Bosasso est devenu une plaque tournante de l’émigration clandestine pour l’est et la Corne de l’Afrique en direction du Yémen et de l’Arabie saoudite.
Le Somaliland, où vivent un tiers des 10 millions de Somaliens, a fait sécession de la Somalie en mai 1991, cinq mois après la chute du président somalien Mohamed Siad Barre.
Mogadiscio est le théâtre d’attaques meurtrières constantes depuis la débâcle, en décembre 2006-janvier 2007, des islamistes, qui ont perdu les régions sous leur contrôle dans le sud et le centre du pays au cours d’une offensive des troupes éthiopiennes venues soutenir le gouvernement de transition somalien.