13/06/08 (B451) REUTERS : L’Érythrée rejette les accusations américaines

L’Erythrée a rejeté jeudi soir les accusations lancées par Washington, qui a dénoncé une agression militaire érythréenne contre Djibouti à la suite des récents incidents frontaliers entre les deux pays de la Corne de l’Afrique.

Les relations entre Asmara et les Etats-Unis, qui ont une base militaire à Djibouti, sont tendues en raison des ingérences prêtées aux Erythréens dans la crise somalienne et de leur différend frontalier persistant avec les Ethiopiens, autres alliés des Américains dans la région.

"C’est malheureux de voir les autorités américaines chercher à susciter, aggraver et attiser des conflits régionaux dans le but de créer le chaos", a déclaré le ministère érythréen des Affaires étrangères tard jeudi soir dans un communiqué.

Asmara rejette les accusations des Etats-Unis qui s’inscrivent, poursuit le ministère, "dans le cadre habituel de leur campagne de dénigrement" contre l’Erythrée.

Mercredi, le département d’Etat américain a condamné "l’agression militaire érythréenne" contre Djibouti et a appelé les deux camps à mettre fin aux combats et à retirer leurs troupes de la frontière.

Aux Nations unies, le Conseil de sécurité a exprimé sa profonde préoccupation et invité les deux parties à faire preuve d’un maximum de retenue et à renouer le dialogue.

"COMPORTEMENT IRRESPONSABLE"

L’Américain Alejandro Wolff, qui assure actuellement la présidence du Conseil de sécurité, a également dénoncé au nom de son pays "l’agression" érythréenne qui, a-t-il dit, s’inscrit dans le cadre d’un "comportement irresponsable de déstabilisation".

Mardi soir, le ministère djiboutien de la Défense avait indiqué que les combats avaient éclaté dans le secteur du mont Gabla, dans le nord de Djibouti.

Cette zone, également connue sous le nom de Ras Doumeira, est située sur le détroit de Bab el Mandeb, entre la mer Rouge et la mer d’Oman, un point de passage stratégique pour la navigation entre l’Europe et le Moyen-Orient.

L’armée djiboutienne a annoncé que près des trois quarts de ses 11.000 hommes étaient déployés à la frontière de l’Erythrée. Ce dernier pays, l’un des plus militarisés d’Afrique, a une armée de plus de 200.000 hommes.

Djibouti abrite deux bases militaires étrangères, l’une française, l’autre américaine, cette dernière composée principalement d’unités antiterroristes.

C’est aussi le seul débouché vers la mer de l’Ethiopie, le grand rival de l’Erythrée. Les deux pays se sont affrontés entre 1998 et 2000 dans une guerre qui a fait 70.000 morts.

Depuis, les Éthiopiens ont envoyé des troupes en Somalie soutenir le gouvernement de transition face aux rebelles islamiques.

Version française Guy Kerivel