12/07/08 (B456) Alterinfonet La guerre en Somalie: il faut briser le silence! (Une série d’articles provenant de sources différentes)

_______________________________ Horizons et débats (Traduction)

La guerre en Somalie dure depuis 17 ans.

Les incessants bombardements des militaires éthiopiens et américains ont entièrement détruit les bases vitales de la population somalienne.

Le déferlement de bombes s’en prend tout autant au bétail qu’aux femmes et aux enfants.

En Somalie on manque de tout.

Il n’y a plus de gouvernement capable de fonctionner. Les écoles, les marchés, les hôpitaux et les autres installations publiques sont en grande partie détruits. Seul 8% des enfants du pays peuvent encore aller à l’école, avec pour conséquence que les chefs de guerre (les fameux warlords), entretenus par l’Occident, mobilisent les enfants pour la guerre, en leur donnant de la drogue et des armes et les précipitant dans la prostitution. Le manque de soins médicaux cause la mort des gens à la moindre maladie ou par des cancers rares qui coûtent la vie à de nombreuses per­sonnes. A tout moment, on manque de soins médicaux et on souffre de la faim, ce qui provoque une malnutrition.

par Dr Mohamed Mohamud

La Somalie se trouve à l’est du continent africain et fait partie de la Corne de l’Afrique. Sa situation géostratégique, du fait qu’elle se trouve le long de la côte la plus longue d’Afrique avec ses 2720 km, rend ce pays particulièrement intéressant pour les puissances étrangères. La Somalie est bordée au sud par le Kenya, à l’ouest par l’Ethiopie et au nord par le Djibouti. La capitale Mogadiscio se trouve au sud du pays avec accès direct sur la mer. Les deux fleuves, Jubba et Shabeelle, dont les sources se trouvent en Ethiopie, traversent le sud du pays et se jettent dans l’océan Indien. Le climat est chaud tout au long de l’année, du fait de la mousson, les périodes de pluie sont irrégulières et suivies de périodes de sécheresse.

La plus grande partie de la population somalienne est nomade. Une petite partie vit de l’agriculture. Jusqu’au début de la guerre, en 1991, une grande partie de la terre était vouée à l’agriculture qui était florissante du fait de la culture de la terre et de l’élevage de bétail, dont les produits, comme par exemple le bétail, les bananes, les cuirs et les poissons étaient exportés.

Le pays compte entre 9 et 12 millions d’habitants qui sont pour 99% de religion musulmane. Ils parlent le somali et l’arabe, mais depuis la période coloniale on y parle dans certaines régions aussi l’italien ou l’anglais.

Divise et règne, au lieu d’un développement social

Lors de la conférence de Berlin, en 1884, le territoire habité par les Somaliens fut divisé en 5 parties. On le remarque sur le drapeau national bleu qui porte au centre une étoile à 5 dents. Le Nord de l’actuelle Somalie fut colonisé par la Grande-Bretagne, sous le nom de British-Somaliland, et le sud et l’est par l’Italie, appelé Somaliland italienne. La France s’attribua le Djibouti, la région d’Ogaden revint à l’Ethiopie et le district NFD (Northern Frontier District) au Kenya.

Le 1er juillet 1960, l’Italie et la Grande-Bretagne rendirent son indépendance à la Somalie, le Nord et le Sud se trouvant réunis sous le nom de République démocratique de Somalie. A cette époque, il y avait en tout et pour tout en Somalie quatre Somaliens ayant reçu une formation universitaire. Ainsi, on laissa le pays aux mains d’analphabètes ou pour le moins à des gens à la formation rudimentaire. La conséquence en fut pendant les neuf premières années le développement du népotisme, du tribalisme et de structures monarchiques. Pendant cette période on ne put espérer de développement de la société, les gens vivant comme du temps des cavernes. Les chefs étaient les mêmes qui avaient collaboré avec les coloniaux et leur devise fut: divise et règne, au lieu d’un développement social.

En 1969 le président d’alors, Shermarke, fut assassiné, des militaires prosoviétiques prenant le pouvoir sous la direction de Siad Barre. Il régna jusqu’en 1991, s’appuyant fortement sur l’Union soviétique, en expropriant et en nationalisant les propriétés des Européens occidentaux, qui durent quitter le pays. L’armée fut considérablement ren­forcée, rendant la Somalie le troisième pays en force militaire après le Nigeria et l’Egypte, son budget militaire représentant 85 à 90% du budget national.

En 1977/78, Siad Barre mena une guerre contre l’Ethiopie pour s’approprier la région d’Ogaden, mais fut vaincu et l’armée somalienne dût se retirer dans les 24 heures. Le gouvernement éthiopien avait réussi à obtenir un appui entier de l’Union soviétique et de ses alliés (Cuba, RDA, Hongrie, Jemen, etc.). Là-dessus, Siad Barre se détourna économiquement et politiquement de l’Union soviétique et s’orienta vers les pays occidentaux (USA, Allemagne, Italie, etc.). Son pouvoir s’orienta de plus en plus vers une dictature ce qui empêcha tout progrès social. La répression renforcée contre divers clans provoqua la formation de plusieurs groupes de rebelles qui firent finalement tomber le régime de Barre en 1991. L’un de ces groupes était commandé par Abdullahi Yusuf Ahmed, l’actuel président de la Somalie.

En 1978, Ahmed avait mené un putsch contre Siad Barre, qui échoua – la plupart de ses partisans furent fait prisonniers et éliminés. Lui-même s’enfuit en Ethiopie où il trouva un appui pour continuer sa lutte contre Siad Barre. Depuis lors, il put toujours s’appuyer sur les différents gouvernements éthiopiens qui soutenaient aussi d’autres chefs de guerre, dans le but de les inciter à se com­battre mutuellement.

Ces différents groupes de rebelles furent armés à l’encontre de l’embargo des Nations-Unies décrété en 1991 contre la Somalie. Ces activités étaient pour l’Ethiopie une façon de se venger pour la guerre de 1977 et de s’assurer la région d’Ogaden, laquelle contient d’énormes richesses en pétrole et en gaz naturel.

Il y eut de fortes batailles entre les différents groupes de rebelles entre 1991 et 1993, ce qui provoqua la destruction du pays et de toutes les infrastructures scolaires et sani­taires mises en place du temps de Siad Barre. Ali Mahdi Mohammed et Mohammed Farah Aidid furent les deux chefs principaux de ces groupes de rebelles.

Les Etats-Unis lancent une action militaire en Somalie

En décembre 1992 – vers la fin du mandat de Bush senior – les Nations-Unies soutinrent une campagne militaire des Américains en Somalie, l’opération «Restore Hope». L’objectif officiel était l’«aide humanitaire» pour les victimes de la guerre civile et de la famine et le rétablissement de l’ordre public.

Les 3 et 4 octobre 1993, se déroula à Mogadiscio, la capitale, une bataille de douze heures (la bataille de Mogadiscio) entre 160 soldats américains et ceux d’une mission de l’ONU, venus du Pakistan et de Malaisie, contre 2000 soldats de milice somaliens sous la direction de Mohammed Farah Aidid. Le résultat en fut un millier de Somaliens tués, ainsi que 18 soldats américains et la destruction de deux hélicoptères Black-Hawk.

La mort de 18 soldats et les 84 blessés, de même que les images de soldats américains traînés dans les rues de Mogadiscio provoquèrent aux Etats-Unis un renversement de l’opinion publique quant à l’engagement américain et à un changement complet de la politique d’intervention du gouvernement américain sous Bill Clinton, ce dernier décidant le retrait de toutes les troupes américaines.

Les 24 différents chefs de guerre continuèrent de se combattre, l’Ethiopie livrant, avec l’aide des Etats-Unis, les armes dont ils avaient besoin.

Entre 2000 et 2004 furent entreprises des négociations de paix au Kenya, sous la direction de l’Ethiopie. Ce dernier pays mit en place comme président le plus ancien des chefs de guerre, Abdullahi Yusuf Ahmed. Tous les chefs de guerre fidèles envers l’Ethiopie purent envoyer des représentants au parlement. De ce fait tant le parlement que le gouvernement sont tributaires de l’Ethiopie. La résistance de la population eut pour conséquences que ni le gouvernement ni le parlement ne purent s’installer à Mogadiscio, mais durent se rendre dans une localité à l’intérieur du pays.

Expulsion temporaire des chefs de guerre

En 2006, des milices de l’Union des tribunaux islamiques prirent le contrôle de Mogadiscio et de certaines parties du sud, après avoir chassé les chefs de guerre. Pour la première fois depuis 1995, les ports et l’aéroport furent rouverts. La population put prendre son destin en mains pendant quelques mois.

Le gouvernement de transition et l’Union des tribunaux islamiques entreprirent des négociations de paix à Khartoum, la capitale du Soudan.

En décembre 2006, l’Ethiopie envoya 50 000 soldats en Somalie pour briser la résistance de la population contre le gouvernement et le parlement afin qu’ils puissent imposer leur pouvoir à tout le pays. Mais la population ne se laissa pas diviser et poursuivit son but de chasser du pays les troupes éthiopiennes, soutenues par les Etats-Unis, ainsi que le gouvernement de marion­nettes. Ce mouvement de résistance du peuple est faussement taxé par les Ethiopiens et les Américains, ainsi que par les médias internationaux, de mouvement terroriste.

La Somalie, un dépotoir illégal de déchets radioactifs

Depuis 1988, suite aux guerres incessantes, 3 à 4 millions de Somaliens ont émigré dans le monde entier. De plus, plus d’un million de personnes ont été déplacées dans le pays même, depuis fin 2007. Depuis 15 ans environ, sont apparues des maladies peu connues jusque-là: le cancer, la leucémie, la maladie d’Hodgkin, le cancer du sein, des malformations prénatales, des fausses couches etc. Il est à remarquer que tant en Somalie que dans le reste du continent on ne connaissait guère de maladies du cancer.

La vague déferlante (tsunami) de 2004 a déversé des conteneurs rouillés avec des dépôts nucléaires et différents poisons sur les plages. Depuis les années quatre-vingt du siècle passé les côtes de la Somalie sont utilisées illégalement comme dépotoirs pour des déchets toxiques de ­toutes sortes. Cette catastrophe écologique aura pour conséquence dans peu de temps la mort en masse d’Africains. Déjà maintenant, la durée de vie des hommes n’est que de 47 ans, celle des femmes de 49 ans. •

(Traduction Horizons et débats)

________________________________________________ WEDHP

La situation humanitaire en Somalie

Plus d’un million de personnes ont dû fuir leurs villages et se trouvent maintenant dans des camps de réfugiés en dehors des grandes villes. Du fait que la situation est trop risquée pour les organisations d’entraide humanitaire, les réfugiés n’obtiennent pas le soutien nécessaire. De plus, la période des pluies approche et les faibles refuges ne servent pas à les protéger.

Les organisations humanitaires et l’ONU parlent de la pire situation de détresse au monde.

La population du pays obtient une aide en premier lieu des Somaliens émigrés, par exemple en Europe. Quelques-uns d’entre eux ont fondé l’organisation d’entraide Water Education Health Development Programme (WEDHP), dont le siège se trouve à Londres, et dont l’objectif essentiel est la remise en état du système d’éducation et de santé. Pour l’instant cet organisme travaille en collaboration avec l’Association d’intégration somalienne de Suisse orientale (SIVO). C’est chaque jour que les Somaliens émigrés viennent en aide à leurs compatriotes, par exemple par un soutien financier dans la reconstruction d’écoles et d’hôpitaux par la population somalienne ou bien lorsqu’il faut remettre en état un puits ou en creuser un nouveau. Dernièrement, le 28 juin, la WEDHP a pu procurer des tentes à 54 familles en Somalie

Toute aide individuelle ou d’organisations sera reçue avec remerciements.

Contact en Suisse:
Leyla Kanyare, SIVO
Courriel: leyla_kanyare@yahoo.de.
Lors de dons, veuillez indiquer WEDHP.
Banque cantonale de St-Gall,
N° de compte: 2455 3431 8904,
code de banque: 782 38304

_____________________________________________ CICR

Somalie: le CICR lance une opération d’assistance en faveur d’un demi-million de personnes

En raison de l’intensification du conflit armé et des effets de la sécheresse catastrophique qui frappe le centre du pays, des centaines de milliers de Somaliens sont confrontés à une pénurie d’eau et de nourriture qui met leur vie en danger. Une inflation importante, conjuguée à l’augmentation du prix des produits de base dans le monde entier, en particulier de produits d’importation essentiels comme les denrées alimentaires et le pétrole, aggrave encore la situation.

«Nous assistons à la pire tragédie que la Somalie ait connu cette dernière décennie», a déclaré Pascal Hundt, chef de la délégation du CICR pour la Somalie. «Les conditions de vie d’innombrables familles sont extrêmement dures. Les gens sont complètement épuisés par cette lutte sans fin pour la survie. Au milieu de ce conflit armé et de cette situation de violence généralisée, se procurer de l’eau et de la nourriture pour les siens est un défi quotidien. Il est aussi toujours plus difficile de trouver un abri et d’avoir accès à des soins de santé.»

La situation qui prévaut en Somalie, et qui était déjà parmi les pires au monde sur le plan humanitaire, s’est encore détériorée depuis le début de l’année. Toujours plus de localités du centre et du sud du pays ont été le théâtre d’affrontements armés, tandis que les combats continuent d’être particulièrement intenses dans la capitale Mogadiscio.

De nombreux civils ont été blessés ou tués. Des centaines de milliers d’autres se retrouvent aujourd’hui déplacés à l’intérieur du pays, la plupart vivant sans abri ou dans des camps de fortune, loin de tout service médical. La détérioration de la situation de sécurité et l’économie extrêmement fragile compromettent encore davantage la survie de nombre de communautés rurales, qui ne savaient déjà plus bien comment faire face. Les régions les plus durement touchées sont celles du centre de la Somalie, où il n’a pour ainsi dire pas plu et où les récoltes ont été très maigres depuis deux ans. La pénurie de nourriture est très sérieuse, et le bétail dépérit à cause de la sécheresse des pâturages. Un pourcentage toujours plus élevé de la population dépend désormais de l’aide humanitaire pour survivre.

Pour faire face à cette situation, le CICR a adapté son action, privilégiant presque exclusivement les opérations de secours de vaste envergure en faveur des familles déplacées et des communautés qui les accueillent. Au cours des semaines à venir, l’institution prévoit de distribuer des rations alimentaires sèches pour quatre mois à 435 000 bénéficiaires, en étroite coordination avec le Programme alimentaire mondial et l’organisation CARE. Par ailleurs, quelque 150 000 personnes recevront des articles ménagers de première nécessité, tels que couvertures, matériel pour la construction d’abris et assortiments d’ustensiles de cuisine. Pour financer cette opération d’urgence en Somalie, le CICR fait appel à ses donateurs internationaux.

Entre mi-février et mai de cette année, 2,3 millions de litres d’eau ont été distribués chaque jour à 470 000 personnes dans pas moins de 400 endroits différents. Plus de 268 000 personnes ont reçu du matériel pour la construction d’abris et des articles ménagers de première nécessité, et près de 100 000 autres des rations alimentaires pour un mois. En outre, le CICR a renforcé son appui aux dispensaires du Croissant-Rouge de Somalie pour qu’ils puissent desservir environ 200 000 personnes; il maintient également le soutient qu’il fournit de longue date aux deux principaux hôpitaux de Mogadiscio (Keysaney et Medina). Depuis le mois de janvier, plus de 1 300 blessés par arme ont été admis dans ces deux établissements: un tiers étaient des femmes et des enfants. L’an dernier, pas moins de 4000 blessés y ont reçu des soins.

«Les Somaliens vivent une situation insupportable, a ajouté Pascal Hundt. Nous continuons de demander instamment à toutes les parties au conflit de respecter les règles du droit international humanitaire, en particulier l’obligation d’épargner les civils, le personnel médical et les installations sanitaires, ainsi que les travailleurs humanitaires.»

Le CICR mène des activités en Somalie depuis plus de 30 ans, et ce, en étroit partenariat avec le Croissant-Rouge de Somalie.

Source: Communiqué de presse du CICR
du 4/6/08

___________________________________________ Appel

Les populations des pays occidentaux doivent absolument être mises au courant de la situation dans laquelle se trouve la population somalienne, afin de pouvoir lui apporter son soutien dans la stabilisation du pays et la reconstruction. La communauté internationale doit agir d’urgence afin de débarrasser le pays des dangereux déchets radioactifs déposés illégalement. Nous devons assumer nos responsabilités.

Un grand nombre de projets de reconstruction de la société civile somalienne attendent notre soutien. Il serait bon que les Somaliens aient un groupe de pression international capable d’imposer et de soutenir des négociations de paix sérieuses