18/09/08 (B465-B) L’EXpress « Sans escorte, le PAM ne pourra bientôt plus aider la Somalie »

Par Marie Simon,

En mars dernier, le HDMS Thetis (Danemark) escortait le MV Fade 1 qui acheminait de la nourriture vers les côtes somaliennes. Les navires canadiens ont pris le relais en août pour protéger les bateaux qui transportent de l’aide alimentaire. Mais leur engagement prend fin le 27 septembre. Faute d’escorte, de nombreux bateaux pourraient refuser de naviguer dans des eaux infestées de pirates.

Alors que les actes de piraterie se multiplient aux larges des eaux somaliennes, le directeur du Programme Alimentaire Mondial pour la Somalie, Peter Goossens, lance un appel désespéré. "A partir du 27 septembre prochain, nous n’aurons plus d’escorte pour protéger les bateaux qui acheminent notre aide".

Une aide dont les Somaliens ont un besoin urgent.

Les bateaux qui acheminent l’aide alimentaire du PAM ne seront plus escortés à compter du 27 septembre prochain. Comment cela se fait-il?

Les Canadiens s’étaient engagés à assurer leur protection dans les eaux somaliennes jusqu’à cette date. Mais nous n’avons aucune solution pour le moment pour escorter les bateaux à partir du 27 septembre.

Sans escorte, les bateaux du PAM constitueraient des proies faciles pour les pirates, dont les méfaits se multiplient… Ce jeudi, deux cargos ont été pris d’assaut, en quelques heures, par exemple.

Nos bateaux sont des cibles comme les autres. Mais le plus grave n’est pas là.

Le plus grave, c’est que nous ne trouvons plus de bateaux qui acceptent d’aller en Somalie, à cause du danger potentiel que les pirates représentent, si aucun convoi ne les accompagne. Nous avons déjà connu une période semblable entre fin juin et le 18 août, date à laquelle les Canadiens nous sont venus en aide.

Quelles ont été les conséquences de cette période de vide sur l’aide alimentaire que vous apportez aux Somaliens?

Au lieu des 40 000 tonnes de nourriture que nous aurions dû envoyer en Somalie pendant ces six semaines, nous n’avons pu en acheminer que 9 000, faute de navires. Les stocks ont donc été largement entamés… Si nous nous retrouvons de nouveau sans escorte, il nous reste de quoi distribuer de la nourriture pendant une petite semain seulement. C’est dramatique, la situation alimentaire sur place est catastrophique: les prix grimpent tellement que les gens ne peuvent plus acheter de quoi manger.

Pourriez-vous acheminer la nourriture par la route, pour éviter les pirates?

Contrairement à d’autres pays, où nous avons des alternatives comme la route pour éviter les dangers, pour la Somalie, 90% de l’aide ne peut passer que par voie maritime. Les routes, via le Kenya par exemple, sont trop mauvaises et pas vraiment plus sûres que les eaux somaliennes.

Avez-vous des propositions de la part d’autres pays pour prendre le relais du Canada?

Certains pays comme la France, la Suède, l’Allemagne ou l’Italie sont en train d’y réfléchir. Mais réfléchir ne suffit pas, les Somaliens ont besoin de cette aide alimentaire, de façon urgente.

L’Union européenne a approuvé lundi la création d’une "cellule de coordination" chargée de la protection contre la piraterie au large de la Somalie. Qu’en pensez-vous?

C’est bien mais cela ne règle pas notre problème d’escorte dans l’immédiat!

Peut-être que, dans une deuxième phase, un système de rotation pourrait être instauré pour escorter les navires dans la région. Ce serait la solution idéale, évidemment, mais cela prend du temps. Un temps pendant lequel nous ne sommes pas protégés de possibles attaques.