09/10/08 (B468-B) Ouest France / Pirates Somalie : des sociétés nautiques demandent protection contre les pirates.

Une entreprise du Crouesty (Morbihan) convoie régulièrement des catamarans vers les Seychelles. Deux voiliers sont partis, ce matin, sans l’assurance d’être protégés par la Marine française.

« Pendant cinq jours et cinq nuits, nous allons avoir la peur au ventre en passant au large des côtes de la Somalie. Même si nous allons prendre tous les moyens pour ne pas nous faire remarquer par les pirates. » Skippers seychellois, Dean Mellon et Elvis Arissol ont quitté, ce jeudi matin, les quais du Crouesty (Morbihan) pour rejoindre leurs îles de l’océan Indien.

Deux mois de navigation à bord de deux catamarans de luxe qu’ils convoient pour la société Marine Cat Sey, dirigée depuis le port morbihannais par les frères François et Philippe Berteloot.

Ce sera le quatrième convoyage dans ces eaux pour cette entreprise qui organise des séjours aux Seychelles. Mais le premier depuis les récents actes de piraterie sur le yacht français le Ponant ou encore sur Fania, ce cargo ukrainien transportant des chars russes.

« Nous avons demandé la protection de la Marine française pour traverser le dangereux golfe d’Aden quand nous avons appris que le Ponant devait l’obtenir pour recommencer prochainement ses croisières dans l’océan Indien. On nous a répondu que c’était impossible, qu’il valait mieux ne pas croiser dans ce secteur, s’insurge Philippe Berteloot. Mais nous allons renouveler notre demande. C’est vital pour notre société. Il est aussi important pour l’industrie nautique française que cette route de navigation reste ouverte. »

Car si les bateaux sont couverts, aucune compagnie d’assurance ne veut prendre en charge les équipages. « Notre seul espoir est que se mette en place, d’ici un mois et notre arrivée à Aden (Yemen), une opération de sécurité militaire internationale de manière à passer en convoi. » Sinon les trois catamarans morbihannais (en fait un troisième a déjà appareillé du Crouesty depuis une semaine) devront naviguer comme des bateaux fantômes.

Déjà abordé par les pirates

« Il nous faudra passer entre les gouttes, en remontant le plus près possible des côtes du Yemen, en éteignant notre radio, sans aucun feu la nuit, pas même une cigarette allumée », précise Philippe Berteloot qui participe au convoyage avec six autres navigateurs. « Voici quatre ans, les pirates attaquaient à 40 milles des côtes. Désormais ils opèrent jusqu’à 400 milles, avec de vedettes rapides débarquées d’un gros navire. »

Il a connu un abordage par des pirates, voici deux ans, lors d’un précédent convoyage. « Nous avons réussi à les faire fuir car nous étions quatre bateaux et en leur donnant de l’alcool, du tabac et de la nourriture. Mais aujourd’hui, la piraterie a pris une autre dimension. C’est devenu une mafia. Même si nous serons obligés de donner notre position plusieurs fois par jour à Djibouti et si nous serons suivis par GPS, nous sommes particulièrement inquiets au moment de partir. »

Ouest-France,
Patrick CERTAIN