16/12/08 (B478) AFP : Yémen: un couple d’Allemands et leur fille enlevés par une tribu.
Un couple d’Allemands et leur fille ont été enlevés au Yémen par des membres d’une tribu qui entendent faire pression sur les autorités pour obtenir la libération de deux des leurs, ont indiqué lundi des sources de sécurité.
« Trois Allemands ont été enlevés dimanche dans la province d’Al-Bayda », à 150 km au sud-est de Sanaa, a déclaré à l’AFP une source des services de sécurité. « Ils ont été conduits dans la région de Bani Dhabyane, une zone montagneuse difficile d’accès », à 80 km à l’est de la capitale yéménite.
Le rapt a été confirmé à Berlin par le ministère des Affaires étrangères qui s’est refusé à tout commentaire sur l’identité des trois Allemands et a rappelé que se déplacer au Yémen, « un pays très complexe » doté de « structures tribales », comportait toujours des risques.
Selon un diplomate occidental qui a requis l’anonymat, les otages sont « un couple d’Allemands et leur fille, qui travaille au Yémen. Le père et la mère sont en visite au Yémen et ont été enlevés avec leur fille alors qu’ils étaient en excursion à Al-Bayda ».
Il a ajouté que la fille était en poste au Yémen mais sans confirmer qu’elle travaillait pour les Nations unies comme l’avait indiqué une source de sécurité yéménite.
Cependant un dignitaire tribal a précisé que la fille travaillait pour le compte d’une organisation allemande d’aide au développement, qui réalise des projets d’égoûts à Dhamar (100 km au sud-est de Sanaa) et Al-Bayda ».
« Les trois Allemands se trouvent dans un lieu sûr. Ils sont en bonne santé et sont traités comme des invités. Leur enlèvement est destiné uniquement à faire pression sur les autorités », a indiqué une autre source tribale.
Les ravisseurs « sont des membres de la tribu de Bani Dhabyane », a-t-elle déclaré à l’AFP, ajoutant qu’ils réclamaient, pour relâcher leurs otages, l’élargissement de deux des leurs emprisonnés depuis 4 mois en raison d’un conflit sur un lot de terrain à Sanaa.
« L’un des ravisseurs réclame la libération de son fils et de son frère, détenus sans procès depuis leur arrestation il y a près de quatre mois par les autorités après un différend sur un lot de terrain à Sanaa », a précisé un dignitaire tribal proche des ravisseurs.
Selon lui, aucun contact n’a été établi jusqu’à présent entre les ravisseurs et les autorités.
Celles-ci « ont procédé à des arrestations parmi les membres de la tribu des Bani Dhabyane pour faire pression sur les ravisseurs », a indiqué à l’AFP une autre source tribale.
Le Yémen, pays à structure tribale, est le théâtre de fréquents enlèvements d’étrangers par des tribus qui cherchent à obtenir satisfaction à différentes demandes auprès des autorités.
Le dernier rapt en date remonte au 19 septembre. Deux ingénieurs colombiens, travaillant pour un sous-traitant d’une compagnie de gaz yéménite, ont été enlevés par des membres armés d’une tribu dans l’est du Yémen, avant d’être libérés le lendemain après des négociations entre autorités et ravisseurs.
Plus de 200 étrangers ont été enlevés ces 15 dernières années au Yémen par des tribus locales qui se servent souvent de ces otages dans le cadre de différends avec le pouvoir central.
Généralement, les demandes sont satisfaites et les otages sont libérés sans violences, à l’exception d’une affaire remontant à décembre 1998. A cette date, trois Britanniques et un Australien, enlevés par des militants islamistes, avaient été tués dans l’assaut donné par les forces de sécurité pour les libérer.