25/12/08 (B479) Le Journal de la flibuste … Informations contradictoires sur un envoi possible de troupes suisses pour lutter contre la piraterie, mais confirmation de la présence de marins allemands. (5 articles)

_____________________________ 5 – JDD

Somalie: Un navire allemand fait fuir des pirates

Un navire de guerre allemand a déjoué la tentative de piratage d’un vraquier égyptien attaqué jeudi par des somaliens dans le golfe d’Aden, a annoncé le Bureau international maritime (Bim) dans la capitale malaisienne.

Le bateau égyptien, qui avait 31 membres d’équipage et se dirigeait vers l’Asie, a lancé un SOS après avoir essuyé des tirs d’arme automatique qui ont blessé un marin. C’est grâce à l’intervention du navire allemand, qui a dépêché sur place son hélicoptère, que les pirates ont renoncé à leur action.

Le marin blessé a été héliporté sur le navire de guerre allemand pour y être soigné. Pour le Bim, cet incident illustre la pertinence de la tactique adoptée par les marines étrangères pour protéger cette route maritime stratégique devenue l’une des plus dangereuses au monde en raison des pirates.

_____________________________ 4 – Shabelle avec REUTERS

Germany wants international court for Somali pirates

Germany called on Tuesday for an international court to be set up to prosecute Somali pirates who have attacked scores of vessels this year, threatening global trade in one of the world’s busiest shipping lanes.

A sharp rise in piracy in the waters off Somalia has pushed up insurance costs, earned pirate gangs tens of millions of dollars in ransoms and prompted foreign navies to rush to the area to protect merchant shipping.

In October, French forces captured nine suspected pirates at sea and handed them over to Somali security forces.

German Defence Minister Franz Josef Jung said suspected pirates should face an international court.

"It needs to be an international authority. No one wants a ‘Guantanamo on the sea’," Jung told reporters in Djibouti, where he saw off 220 German troops joining a European Union (EU) anti-piracy mission.

German lawmakers agreed last week to send up to 1,400 soldiers and a frigate — the Karlsruhe — to the Gulf of Aden as part of the EU mission.

There have been around 95 pirate attacks in Somali waters this year. Nearly 400 people and 19 ships are currently being held along the Somali coast, including a Saudi supertanker loaded with $100 million worth of oil.

Jung said the German soldiers, who will provide protection to ships delivering food aid to Somalia would have a "robust" mandate. "Obviously there will be combat situations," he said.

Analysts say the piracy problem stems from the chaos onshore and must be tackled on land as well, but the fractured Somali government says it does not have the resources to tackle it.

The Horn of Africa nation has been in virtual anarchy since military dictator Mohamed Siad Barre was ousted in 1991. Islamist insurgents control most of the south and feuding clan militias hold sway elsewhere.

The Islamists have enforced a strict form of Sharia law in the areas they control and on Tuesday a man accused of murder was executed before a crowd of 4,000 people in Baladwayne, a small rebel-held town near the Ethiopian border. (Additional reporting by) Concerns Over Somalia Continue to Mount for U.S.

______________________________ 3 – Le Figaro avec AFP

Somalie/pirates : un navire russe sur zone
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Un patrouilleur des forces navales russes chargé d’assurer la protection des navires contre les pirates restera dans la région de la corne d’Afrique jusqu’à mi-janvier, a annoncé le porte-parole de la marine russe Igor Dygalo, cité par l’agence Ria-Novosti.

"Le navire Neoustrachimy (l’Intrépide) restera dans la région de la Corne de l’Afrique jusqu’à mi-janvier 2009 afin de mener sa mission de lutte contre les pirates", a déclaré M. Dygalo.

Il était prévu initialement que l’Intrépide assure la sécurité des navires le long des côtes somaliennes jusqu’à fin décembre 2008.

L’Intrépide avait été dépêché dans cette région après la saisie par des pirates somaliens du cargo ukrainien Faina, qui transportait à son bord une trentaine de chars de type T-72 et trois Russes parmi les membres de l’équipage.

______________________________ 2 – Euro News

L’Allemagne rejoint la mission Atalante contre la piraterie

La mission européenne Atalante contre la piraterie compte un navire de plus au large de la Somalie. La frégate allemande Karlsruhe est entrée officiellement en action aujourd’hui.

Hier soir, le ministre allemand de la Défense, Franz Josef Jung était à Djibouti pour encourager les troupes, 1400 hommes qui passeront les fêtes en mer.

Depuis le début de l’année, les pirates somaliens ont attaqué plus d’une centaine de bateaux dans le Golfe d’Aden et en ont capturé 42.

La semaine dernière, ils ont tenté de s’en prendre à un cargo chinois, provoquant une vive réaction de Pékin. Emboîtant le pas aux Etats-Unis, à la France et à la Corée du sud notamment, la Chine a décidé de dépêcher deux destroyers et un navire de ravitaillement auprès de la flotte internationale qui patrouille dans la zone. Leur priorité sera la sécurité des bateaux chinois et celle des bâtiments transportant de l’aide humanitaire pour les organisations internationales.

Ce sera la première fois que des navires militaires chinois croiseront le long des côtes africaines depuis 600 ans. Pour Pékin, la mission somalienne est l’occasion rêvée de retrouver un rôle sur la scène internationale.

______________________________ 1 – Sur le site d’Armées.com

On les a appelés successivement flibustiers, boucaniers, ou tout simplement pirates. Ils ont sévi pendant des siècles sur toutes les mers du globe : Jules César lui-même fut capturé au large de l’Asie mineure en 75 avant notre ère, puis libéré contre rançon, et Pompée se rendit célèbre en nettoyant la Méditerranée des pirates siciliens.

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Par Michel Tatu www.frstrategie.org

Avec l’aimable autorisation de Camille GRAND Directeur Fondation pour la recherche stratégique 27, rue Damesme 75013 Paris – FRANCE
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Or les voici de retour, au moins dans certaines mers et avec des moyens modernes : un record historique a été battu à la mi novembre avec la capture du pétrolier Sirius Star, un géant des mers (318.000 tonnes, 330 mètres de long), lancé quelques mois plus tôt pour le compte d’Aramco, et qui était chargé de 2 millions de barils de brut – un tiers de la production quoditienne de l’Arabie saoudite.

Fait significatif, le pétrolier a été pris d’assaut par des vedettes lourdement armées embarquées à bord d’un « navire amiral » qui les avait acheminées jusqu’à 450 mille des côtes en haute mer, au sud-est du port kenyan de Mombassa. Auparavant, le 25 septembre, d’autres pirates avaient pris en otage le cargo ukrainien Faina, chargé d’armes, dont 33 chars de fabrication russe. Compte tenu de l’importance de cette cargaison, la marine américaine s’est chargée d’encadrer le batiment qui reste détenu au large du port somalien d’Obbio. Elle a pour cela dégarni sa « task force » antiterroriste qui croise depuis longtemps dans le golfe d’Aden et la mer d’Oman.

Signe de désordre international, le piratage maritime est resté pratiquement inconnu pendant les années de guerre froide ; il le reste encore aujourd’hui dans les zones « policées », telles que l’Atlantique nord et la Méditerranée occidentale, où l’on ne relate que deux incidents : un yacht cambriolé dans le port de Porto Novo en Corse en août dernier, une tentative du même genre – mais déjouée – à Liverpool l’année précédente.

Même en Asie, les mesures de protection prises à partir de 2005 par les Etats riverains du détroit de Malacca (où transite 30% du commerce mondial, dont 9,5 millions de baril de brut chaque jour) ont conduit à une forte baisse des actes de piraterie dans cette zone, et il en va de même autour de Singapour. Seul le Bangladesh reste considéré comme une zone à risque, avec de nombreuses attaques dans la rade de Chittagong et ses approches.

C’est en tous cas dans les zones de non droit que la piraterie s’est développée le plus fortement ces derniers mois, essentiellement dans le golfe d’Aden et au large de la Somalie, en proie depuis dix-sept ans à une guerre civile et sans gouvernement central digne de ce nom.

Plus de 90 navires y ont fait l’objet d’attaques en 2008 : ce n’est qu’une petite partie des 20.000 à 30.000 batiments qui transitent dans la région chaque année, mais tout de même le double des incidents signalés l’année précédente. En outre, l’escalade a été géographique en même temps que technique.

La piraterie sévit maintenant non plus seulement dans les ports ou contre des navires au mouillage dans une rade – le cas encore le plus fréquent – mais dans une zone beaucoup plus large et avec des moyens plus importants. Sur les actes commis en 2008, 36, soit plus d’un tiers, se sont traduits par la capture des navires et leur immobilisation pendant de longues périodes, des demandes de rançon et, le plus souvent, l’impunité pour les pirates. La France est un des rares pays à en avoir capturé, d’abord les coupables du rapt du voilier Ponant en avril dernier, puis une dizaine d’autres pirates en septembre.

A la différence de la piraterie aérienne, la piraterie maritime n’est ni politique ni idéologique.

Certes les islamistes y ont eu recours parfois (comme au Yemen, avec l’attentat contre un navire de guerre américain), mais elle est essentiellement le fait de pirates « à l’ancienne » mus par le seul appât du gain. Elle est aussi moins meurtrière : les équipages finissent par être libérés après des délais variables (quelques semaines ou quelques mois), le plus souvent contre rançons versées plus ou moins discrètement, mais sans problème majeur : les cargaisons des navires piratés représentent pour l’armateur et le propriétaire une valeur importante, et l’immobilisation des bâtiments un coût très supérieur à la somme demandée.

Cela constitue un stimulant pour les malfaiteurs, mais en même temps ce type de piraterie est relativement plus facile à combattre. Elle n’est soutenue par aucun gouvernement de par le monde, pas même par les « autorités » fantomatiques de Somalie. Pour peu qu’un navire de guerre d’un quelconque pays soit dans les parages et menace d’intervenir, les pirates n’insistent pas et disparaissent, comme cela s’est produit à diverses reprises ces dernières semaines.

Encore faut-il que les marines nationales y mettent les moyens. C’est le cas pour l’Europe, qui, après le lancement par l’Otan de l’opération Allied Provider (trois navires italien, grec et britannique), vient de mettre en route au large de la Corne de l’Afrique l’opération Eunavfor Atalanta, forte de sept batiments avec l’appui d’avions de patrouille aérienne.

L’Allemagne, le Royaume Uni, l’Espagne et la France (déjà présente dans la région avec sa base de Djibouti) vont y participer, officiellement pour escorter les navires du Programme alimentaire mondial (PAM) à destination de la Somalie, en fait aussi pour prévenir tout acte de piraterie en général.

Il s’agit là d’une première à plusieurs égards : d’abord par les délais record de mise en route (la force doit être opérationnelle début décembre), ensuite par la participation de la Grande Bretagne à une opération menée dans le cadre de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), laquelle n’avait donné lieu jusqu’ici qu’à des opérations terrestres.

C’est d’ailleurs l’amiral britannique Philip Jones qui en prendra le commandement à partir de sa base de Northwood, le commandement tactique étant confié à un officiel espagnol.

D’autres Etats se sont déclarés disposés à lutter contre la piraterie maritime, et il est à prévoir que cette menace ira en diminuant au fur et à mesure des précautions prises, comme cela a été fait, à un coût bien supérieur, pour la menace terroriste, au moins en Europe et en Amérique du nord. Jusqu’à l’apparition d’autres menaces et d’autres défis…