14/02/09 (B486) Le journal de la Flibuste. Des nouvelles et des récits sur la vie des pirates et les moyens de lutter contre eux. (5 articles en Français)

___________________________ 5 – Afrik.com avec Afrique Renouveau

Comment lutter contre la piraterie au large des côtes de l’Afrique ?

Assurer la sécurité de la navigation demandera une meilleure coopération

La piraterie qui sévit aux alentours des eaux somaliennes inquiète de plus en plus les grands pays du monde qui dépendent fortement de leur commerce extérieur.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé des actions anti-piraterie sur terre comme sur mer, mais le problème n’est pas limité à la Somalie et exigera une coopération régionale et internationale renforcée qui prenne en compte les questions sous-jacentes qui expliquent le développement de ce phénomène.

Les actes de piraterie répétés et spectaculaires sur les côtes de Somalie ont amené le Conseil de sécurité à se réunir quatre fois au cours du second trimestre de 2008, dans le but d’entreprendre de contrôler la menace qui pèse sur le trafic commercial dans une des voies maritimes les plus importantes du monde. Mais comme l’a déclaré en octobre Dumisani Kumalo, Représentant de l’Afrique du Sud à l’ONU, en Somalie la piraterie “fait partie du problème plus global de l’absence de paix et de stabilité.”

La piraterie n’est pas limitée aux eaux somaliennes mais existe sur d’autres voies maritimes, particulièrement là où leur contrôle n’est pas suffisant comme dans le golfe de Guinée qui a connu 40 actes de piraterie entre janvier et novembre 2008.

Encore plus loin, toujours plus audacieux

On a constaté cette année une augmentation spectaculaire du nombre d’attaques au large de la Somalie. Sur plus de 440 actes de pirateries qui y ont été recensés par l’Organisation maritime internationale (OMI) depuis 1984, 120 ont eu lieu dans les dix premiers mois de 2008. Les pirates somaliens opèrent aussi de plus en plus loin dans l’Océan Indien à partir de leurs bases dans le Nord de la Somalie. Le Sirius Star, un superpétrolier transportant 2 millions de barils de pétrole, a été saisi à 450 miles nautiques (833 kilomètres) au sud-est de Mombasa, le port du Kenya, bien plus loin au sud qu’auparavant.

Sans gouvernement effectif, mais dotée de longues plages isolées et habitée par une population désespérée et habituée à la guerre, “la Somalie est l’environnement parfait pour permettre à la piraterie de prospérer,” explique un rapport de Chatham House, un institut de recherche britannique.

Au Puntland, la région de Somalie la plus associée à la piraterie, celle-ci est considérée comme une importante source de revenu et d’emplois pour des centaines de personnes, entre autres ceux qui fournissent le carburant et équipent les bateaux pirates. Un tel nombre de gens en profite que les autorités locales sont peu portées à intervenir.

Combattre la piraterie avec succès est possible ; jusqu’en 2004 le détroit de Malacca, l’étroit passage qui s’ouvre entre la Malaisie, l’Indonésie et Singapour, était la région du monde la plus sujette à la piraterie. Les patrouilles aériennes et maritimes quotidiennes et conjointes des trois pays ont éventuellement réussi à réduire le nombre d’attaques d’environ deux tiers.

En juin, le Conseil de sécurité a autorisé plusieurs pays à conduire des patrouilles similaires au large de la Somalie, depuis, des navires de guerre de l’OTAN, de l’Union européenne ainsi que de la Russie et de l’Inde, se sont relayés pour assurer la surveillance de cette zone. Le nombre d’attaques réussies est ainsi tombé entre août et octobre de 53 % à 31 %. Mais la zone concernée — estimée à 6,5 millions de kilomètres carrés —est trop vaste pour être contrôlée efficacement.

Des capacités limitées

Les pays africains n’ont pas “l’argent pour le carburant, encore moins le matériel pour assurer une surveillance adéquate en mer et la sécurité des ports,” affirme Chris Trelawny, Directeur de la sécurité maritime à l’OMI. Les pays côtiers africains auraient besoin de “systèmes d’alerte précoce et de services renseignement efficaces, de forces de dissuasion et d’intervention crédibles… dotées d’une haute mobilité… et de la capacité de mener des opérations prolongées,” explique Len le Roux de l’Institut sud-africain des études de sécurité. Des moyens “qui font douloureusement défaut en Afrique.”

Le Nigeria, riche pays pétrolier dans les eaux duquel la piraterie prospère, a la meilleure marine de guerre de l’Ouest de l’Afrique. Mais en 2005, son ancien commandant déclarait aux médias locaux que “dans son état actuel” elle était incapable de protéger les eaux territoriales du pays, car elle était “mal équipée et sous-financée.” Les eaux au large du Cameroun et de l’Angola sont également exposées à la piraterie, face à des marines encore moins bien équipées.

Nécessité d’une approche régionale

La communauté internationale aide aujourd’hui les pays d’Afrique de l’Ouest à mieux assurer la sécurité maritime. Les Etats-Unis et les pays européens collaborent avec les marines de guerre locales pour renforcer leurs moyens et organisent le contrôle de ces eaux territoriales conjointement avec les pays africains. Ces partenariats sont en partie motivés par l’intérêt stratégique d’une région exportatrice de pétrole, mais aussi par les inquiétudes que suscite l’utilisation récente des eaux d’Afrique de l’Ouest par les trafiquants de cocaïne et les immigrants clandestins à destination de l’Europe.

Les Etats-Unis et l’Europe fournissent aujourd’hui équipement et entraînement au Nigeria, au Ghana et au Libéria. L’ONU, par le biais du département sécurité de l’OMI, aide pour sa part 24 pays d’Afrique de l’Ouest à établir des liens entre leurs garde-côtes, Interpol, les marines de guerre voisines et les assureurs qui ont subi des pertes, afin de pouvoir mettre en commun les renseignements recueillis.

Mais ni l’entraînement et un meilleur équipement des forces navales, ni une meilleure police de la mer ne seront suffisants, a affirmé un rapport du Bureau des Nations Unies sur les drogues et la criminalité (UNODC) ; renforcer la “légitimité des gouvernements,” “lutter contre la corruption” et remédier à une pauvreté endémique sont essentiels si on veut priver les éléments criminels d’un environnement favorable aux activités illégales.

“La coopération régionale est essentielle,” a déclaré à la mi-décembre Antonio Maria Costa, Directeur général de l’UNODC. La résolution votée en décembre par le Conseil de sécurité appelle les pays africains à coopérer pour placer des policiers à bord des navires de guerre opérant dans les eaux somaliennes et à faire juger les pirates capturés par leurs tribunaux nationaux, une méthode qui a fait ses preuves dans les Antilles.

Néanmoins, les représentants africains qui sont intervenus à la réunion de décembre du Conseil de sécurité ont exprimé le souci que le combat contre la piraterie ne se fasse pas aux dépens de la résolution des problèmes de paix, de sécurité et de crise humanitaire qui se posent en Somalie.

Par Mary Kimani,
pour Afrique Renouveau

__________________________________ 4 – RFI

Le récit des ex-otages ukrainiens du Faina

Ils ont passé plus de quatre mois, otages des pirates au large de la Somalie. Le 25 septembre dernier, le cargo Faina, qui faisait route vers Mombasa, tombait entre les mains de pirates, avec à son bord 21 membres d’équipage et une impressionnante cargaison d’armes lourdes et légères.

Le cargo a finalement été relâché au terme de 19 semaines de tensions grâce au versement d’une rançon de 2,5 millions d’euros aux pirates. Les 17 marins ukrainiens qui se trouvaient à bord du Faina ont donc finalement pu rentrer en Ukraine ce vendredi. Ils ont été accueillis à l’aéroport de Kiev par le président ukrainien Viktor Iouchtchenko. Ils ont également livré les premiers témoignages de ce huis clos en haute mer.

Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard

Le protocole présidentiel n’y aura pas changé grand-chose : c’est bien à des scènes de retrouvailles entre familles que l’on a assisté hier, sur le tarmac de l’aéroport de Kiev. Les 17 marins ukrainiens du Faina sont apparus dimnués, fatigués, encore sous le choc d’un voyage en enfer qui aura duré quatre mois de plus que prévu.

Quatre mois de captivité, d’angoisse et de privations : après les effusions, les rescapés racontent. Ils racontent les premiers temps de leur captivité, sous la menace constante des mitrailleuses, la mort du capitaine deux jours après l’attaque des pirates, à cause de problèmes d’hypertension.

La tension, justement, elle est palpable chez les ravisseurs du navire, « des enfants, mais armés de kalachnikovs », comme les décrit un des matelots. Kalachnikovs et qat, cette drogue à mâcher dont les pirates étaient ravitaillés régulièrement. Le pire moment, d’ailleurs, reste ce jour où le ravitaillement n’arrive pas, où les pirates s’énervent et enferment leurs otages dans une cabine, les humilient, les privent de nourriture et menacent de fusiller tout le monde.

Et puis, alors que négociations se poursuivent à l’extérieur, la tension baisse progressivement à bord. Les marins ukrainiens racontent même leurs efforts pour apprendre quelques mots de la langue somalienne. De quoi relâcher la soupape et assurer les besoins élémentaires, alimentation et santé.

__________________________________ 3 – JDD

Somalie: Les pirates libèrent un pétrolier

Des pirates somaliens ont libéré un pétrolier japonais, avec à son bord 23 membres d’équipage originaires de Corée du Sud et des Philippines.

Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a annoncé samedi que les marins étaient tous sains et saufs, mais n’a pas donné d’indications quand à une éventuelle rançon.

Le Chemstar Venus, un pétrolier chimiquier japonais, avait été détourné au large des côtes somaliennes à la mi-novembre.

__________________________________ 2 – CyberPress (Ca)

Mitraillettes et cours de langue: 134 jours avec des pirates somaliens

Menacés par des mitraillettes, ils soignaient néanmoins leurs ravisseurs, tout en tentant d’apprendre leur langue: enfin libérés, des marins ukrainiens racontent leur captivité entre les mains de pirates somaliens.

Le MV Faina, transportant des chars et d’autres armes, intercepté par des pirates le 25 septembre 2008 au large de la Somalie, a été relâché le 5 février en échange d’une rançon de 3,2 millions de dollars.«On a été attaqué par une vingtaine d’hommes dans quatre canots très rapides. Ils ont tiré, d’abord en l’air, ensuite sur le bateau», racontait Olexandre Prisoukha, un assistant du capitaine, peu après sa libération et avant de quitter Mombasa pour l’Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le second Viktor Nikolski, devenu commandant du navire après le décès de son prédécesseur d’une crise d’hypertension, avait alors tenté en vain de manoeuvrer pour échapper aux pirates.

«Ils ont mis une mitraillette contre sa tempe et lui ont dit: "des gens pouvaient mourir à cause de tes manoeuvres. Maintenant, c’est à toi de mourir"», se souvient M. Prisoukha, un barbu énergique aux cheveux gris.

Si ces menaces n’ont pas été mises à exécution, elles se sont répétées tout au long de la détention: «On semblait si proche de la mort que nous avons fait quatre fois nos adieux à Viktor».

Les 21 membres de l’équipage ont aussi été dépouillés de tout ce qui était précieux: argent, téléphones, ordinateurs portables. Puis, 17 d’entre eux ont été enfermés dans une petite cabine où ils passeront l’essentiel de leur captivité.

«On pensait qu’on serait libéré rapidement, la cargaison étant militaire et appartenant à l’Etat ukrainien», se souvient M. Prisoukha.

«Le premier mois, il y avait beaucoup de conflits, je voulais les hacher de mes propres mains», raconte Olexandre. «Ensuite leur attitude s’est améliorée. Mais dès que les négociations sur la rançon étaient dans l’impasse, tout s’arrêtait et ils braquaient leurs mitraillettes sur nous».

Un bateau de guerre américain se trouvait en permanence à proximité du Faina et était en contact avec les pirates, un signe qui rassurait les otages. Mais un jour, le commandant américain a empêché les ravisseurs d’apporter à bord du navire ukrainien une drogue qu’ils avaient l’habitude de mâcher.

«Ce fut le pire moment. Ils nous ont poussés tous dans une cabine, nous ont privés d’eau et de nourriture, ils nous humiliaient et menaçaient de nous fusiller», se souvient Olexi Kharkhaloup, un mécanicien.

Mais petit à petit, la situation s’est détendue.

Pour calmer ses subordonnés, un chef des ravisseurs a affiché une liste d’amendes : «500 dollars pour détérioration de biens du navire, 1000 dollars pour une rixe entre pirates», énumère M. Prisoukha.

Et comme seuls deux pirates parlaient anglais, c’est l’équipage qui a pris l’initiative d’apprendre quelques rudiments de la langue somalienne pour communiquer.

«Cela a beaucoup plu aux pirates. On a appris une soixantaine de mots», explique M. Prisoukha, qui était chargé des soins médicaux sur la bateau, soignant dès lors aussi ses ravisseurs.

«Ils sont comme des enfants, mais munis de Kalachnikov. Dès que quelqu’un se coupait un doigt il arrivait en courant pour se le faire panser», rit-il, racontant aussi avoir soigné la malaria et des maladies vénériennes.

Au deuxième mois de la captivité, les Somaliens ont finalement apporté de la nourriture, essentiellement du riz et des pâtes.

Mais ces repas étaient loin d’être copieux. «Je pesais 110 kilogrammes, maintenant plus que 85 kg. Si une femme veut garder la ligne, qu’elle voyage avec le Faina», sourit M. Prisoukha.

__________________________________ 1 – CyberPress (Ca)

Somalie: six attaques de pirates en deux jours

Des pirates lourdement armés ont attaqué six navires qui ont tous réussi à s’échapper, au cours des deux derniers jours au large de la Somalie, a indiqué vendredi le Bureau maritime international (BMI).

«Au cours des deux derniers jours, les pirates ont attaqué des navires dans le but de les détourner», a indiqué dans un communiqué Noel Choong, responsable du BMI basé à Kuala Lumpur.«Les conditions météo favorables et le grand nombre de bateaux qui avaient été capturés et ont été relâchés récemment ont pu pousser les pirates à agir afin de trouver de nouvelles cibles», a-t-il ajouté.

Les six navires attaqués, un indien, un britannique, un grec, un philippin, un singapourien et un autre de pavillon inconnu, sont parvenus à échapper aux pirates.

Depuis le 1er janvier, 22 attaques contre des navires ont été recensées. Sept navires et 123 marins ont été capturés.