07/09/09 (B515) Yémen Express (5 articles en Français)

______________________ 5 – Le Figaro

La guerre civile fait rage au nord du Yémen

Georges Malbrunot

Après un mois de combats meurtriers, l’armée n’est toujours pas parvenue à mater l’insurrection chiite.

Les combats se concentraient dimanche dans la vieille ville de Saada, à 240 km au nord de Sanaa, la capitale yéménite. Saada, ville morte : ses habitants sont terrés chez eux, les commerces fermés, sans eau, ni électricité, depuis le 12 août, date de la reprise du conflit entre les insurgés et l’armée.

Les rebelles tirent sur la troupe depuis une forteresse en surplomb de la ville, tandis que les forces loyales au président Ali Abdallah Saleh ont recours aux blindés, postés à l’entrée des ruelles étroites de la vieille ville, fief d’une rébellion chiite qui lutte pour le rétablissement de l’imamat zaïdite, ce régime monarchique renversé par un coup d’État militaire en 1962, année où la République a été proclamée au Yémen, pays à majorité sunnite, le plus pauvre des États arabes au Moyen-Orient.

Combien de morts ? Combien de déplacés par ces violents combats, loin des caméras ? Nul ne le sait. Les ONG, telle Médecins du monde, ne peuvent plus joindre leurs équipes sur place. Les seuls affrontements du week-end auraient fait plusieurs dizaines de morts et autant de blessés de part et d’autre.

Samedi, l’armée a découvert un charnier dans la ville de Harf Soufyan, où quinze cadavres de jeunes ont été retirés. Quant aux déplacés, l’ONU les estiment à 55 000 en un mois et à 150 000 depuis le début de ce conflit oublié, à l’été 2004. Un conflit qui menace non seulement la stabilité du Yémen, déjà affaibli par al-Qaida et en butte à une sécession au sud, mais aussi celle de l’Arabie saoudite voisine, qui refoule sans ménagement les civils fuyant les combats.

«Les réserves de vivres se réduisent (à Saada) et la situation devient intenable pour les familles», avertit, depuis Genève, le haut-commissariat de l’ONU aux Réfugiés. Ces derniers jours, les appels à la trêve sont restés lettre morte. Entre protagonistes, la méfiance est totale. Vendredi, l’armée répondait aux appels de l’ONU en décrétant un arrêt des combats… et en acheminant dans le même temps d’importants renforts militaires.

L’Arabie saoudite inquiète

Chaque camp accuse l’autre de tous les maux : le gouvernement pointe l’Iran derrière cette flambée d’activisme chiite au Yémen. Mais Sanaa peine à étayer ses accusations. «Ces hors-la-loi ne méritent que la solution militaire», jure le vice-ministre de l’Intérieur, Saleh Hussein al-Zawari.

Quant aux rebelles, ils accusent Sanaa d’avoir reçu une assistance militaire de ses voisins saoudiens, déjà inquiets d’avoir vu les branches saoudienne et yéménite d’al-Qaida fusionner en janvier dernier. Et la découverte, la semaine dernière, que le kamikaze qui a cherché à tuer le prince Mohammed Bin Nayef à Djeddah venait du Yémen n’a rien arrangé.

Discrètement, l’ambassade américaine à Sanaa aurait envoyé sur place à Saada une équipe d’experts chargés d’évaluer les besoins de l’armée yéménite afin que celle-ci puisse enfin venir à bout de la rébellion. Partageant la même inquiétude, le Conseil de coopération du Golfe a dépêché, de son côté, à Sanaa, son secrétaire général pour assurer le président Saleh de sa solidarité. «La stabilité et la sécurité du Yémen font partie intégrante de celles de la région», a déclaré Abderraahmane al-Attiya, après avoir rencontré M. Saleh, qu’il a toutefois exhorté à faire valoir «le dialogue» pour régler les problèmes du pays.

______________________ 4 – Blog sur Le Figaro

Le Yémen, un pays au bord du gouffre

Par Georges Malbrunot

Alerte à Sanaa! La guerre civile meurtrière, qui fait rage dans le plus grand silence au nord entre l’armée et les rebelles d’obédience chiite (voir Le Figaro du 7 septembre), n’est pas le seul problème auquel est confronté le Yémen, ce pays le plus instable et le plus pauvre du Moyen-Orient.

Les autres ont pour nom : Al Qaïda, menace de sécession du sud, et corruption endémique. Ajoutés les uns aux autres, ces handicaps font du Yémen « une véritable pétaudière », comme le dit ce général français qui en revient.

L’Occident commence à en prendre conscience. Depuis le début de l’année, les Américains – dont l’ambassade à Sanaa a été la cible d’un attentat par Al Qaida en septembre 2008 – tirent la sonnette d’alarme. Washington redoute que le Yémen ne devienne une nouvelle Somalie.

Ce n’est pas encore un « failed state » (un Etat failli), mais la dérive est dangereuse. Le pouvoir du président Ali Abdallah Saleh est faible. L’autorité centrale n’arrive à contrôler que la capitale et quelques villes de province.

Face au président Saleh, les contrepouvoirs sont multiples. Il y a d’abord les tribus, matrice de la société traditionnelle yéménite. Elles possèdent de l’armement lourd. Elles sont capables de bloquer des routes, et accessoirement d’abriter des terroristes liés à Al Qaida.

Dans la patrie ancestrale d’Oussama Ben Laden, le terreau djihadiste est prospère. Ce n’est pas un hasard si les Yéménites constituent le plus important contingent des détenus de Guantanamo (97 sur 240 exactement). Malgré les efforts du pouvoir pour écarter la jeunesse des sirènes du djihad, « la guerre sainte pour libérer une terre d’islam occupée » est une valeur partagée par de nombreux yéménites, que l’on retrouve d’ailleurs en Irak, aux côtés de Ben Laden dans les zones tribales afghano-pakistanaises, voire même dans la bande de Gaza.

A la fin des années 90, Ben Laden lui-même l’avouait à ses proches : « si jamais je devais un jour quitter l’Afghanistan, j’irais me réfugier au Yémen ».

Autorité centrale faible, tribus fortes, et présence de grottes pour se cacher : les similitudes avec l’Afghanistan sont frappantes. Et pour ne rien arranger, au début de l’année, la branche locale d’Al Qaida a fusionné avec sa voisine saoudienne. L’objectif de ce regroupement est clair : profiter d’un terrain plus favorable, et de frontières poreuses pour s’y replier avant de s’infiltrer en Arabie pour y commettre des attentats terroristes.

La tactique semble être « payante » : le kamikaze, qui a cherché à tuer il y a dix jours le prince Mohamed Bin Nayef, patron de la lutte anti terroriste en Arabie, venait du Yémen. Depuis les autorités saoudiennes sont sous le choc.

Comme si le tableau n’était pas suffisamment noir, le président Ali Abdallah Saleh est de nouveau confronté à une menace de sécession du sud, indépendant jusqu’en 1990, où les affrontements avec l’armée ont repris. « La domination du régime de Sanaa sur les provinces du Sud-Yémen s’est traduite par la nomination d’une majorité de hauts fonctionnaires d’origine nordiste dans l’administration locale et les services de sécurité, mais aussi par la spoliation de terrains anciennement nationalisés distribués parmi les affidés du régime », écrit le spécialiste Franck Mermier. Conséquence : sur fonds de violence, les appels à la séparation se multiplient.

Comment aider le Yémen à sortir du gouffre ? Par une aide financière de ses voisins de la Péninsule, en premier lieu l’Arabie saoudite, dont l’intérêt est de sortir son voisin de la spirale pauvreté-islamisme-terrorisme-répression. Par un soutien occidental renouvelé au président Saleh, mais pas un chèque en blanc.

L’aide à Sanaa doit être assortie d’exigences claires en matière de lutte anti corruption, tout particulièrement.

_______________________ 3 – Romandie (Ch) avec AFP

Yémen: violents combats dans la vieille ville de Saada

De violents combats ont éclaté à l’aube entre l’armée yéménite et les rebelles chiites dans la vieille ville de Saada. Les heurts ont fait des dizaines de tués depuis samedi.

Les rebelles zaïdites tirent sur l’armée depuis une forteresse surplombant la vieille ville, où ils sont retranchés. L’armée a notamment employé des blindés, postés à l’entrée des ruelles étroites de la vieille ville où les commerces étaient fermés alors que les habitants se terraient chez eux.

Aucun bilan précis des victimes n’a pu être obtenu de source officielle ou auprès des rebelles zaïdites depuis le lancement le 11 août de la dernière offensive gouvernementale contre la rébellion dans la province de Saada, la sixième en cinq ans. Les combats ont fait des milliers de morts dans cette région depuis 2004.

Le regain de violences fait suite à l’effondrement d’une trêve entrée en vigueur vendredi à 20h00 suisses à l’intiative du gouvernement. Sanaa répondait ainsi à l’appel d’organismes de l’ONU qui ont affirmé que la situation humanitaire dans la région en conflit était "absolument dramatique et s’aggravait" et qu’environ 150’000 personnes avaient été déplacées par les combats.

Selon un porte-parole de la haute commission de sécurité, les rebelles ont "rompu (la trêve) et repris leurs actes de sabotage dans les régions de Malahidh et de Harf Sufyane", moins de quatre heures après l’annonce de la suspension des opérations militaires. Ils en "assumeront les conséquences".


_____________________ 2 – Point de bascule ave National Post

Le Yémen: nouveau pays de prédilection pour les terroristes canadiens

Par Stewart Bell

Le ministre fédéral de la sécurité publique Peter Van Loan affirme que des extrémistes canadiens sont toujours à la recherche de camps d’entraînement, et cela, trois ans après le démantèlement d’un important réseau de terroristes au pays.

Il ajoute que les responsables de la sécurité continuent d’observer des «départs» vers des pays connus pour former des terroristes et que le Yémen est en train de remplacer l’Afghanistan et le Pakistan comme pays de prédilection.

Monsieur Van Loan qui est responsable de la GRC et du Service du renseignement, commentait la peine de 14 ans de prison imposée à Saad Khalid qui projetait, avec des complices, de faire exploser des bombes au centre-ville de Toronto.

Né en Arabie saoudite, Khalid faisait partie d’un groupe de 18 musulmans qui se sont entraînés au nord de Toronto. Certains se sont formés au maniement d’explosifs au Pakistan et envisageaient d’y retourner après les attentats. Ils avaient fabriqué des détonateurs électroniques et s’apprêtaient à acheter des explosifs quand ils ont été arrêtés. Leurs cibles étaient la Bourse de Toronto, la tour du CN, une base militaire et les bureaux du Service de renseignement.

Pour le ministre, il est important que les Canadiens comprennent qu’il y a un réel problème de «terroristes maison» au pays. On désigne ainsi des occidentaux qui, n’ayant jamais eu de liens avec des groupes terroristes, embrassent l’idéologie d’al-Qaida. Ces « convertis» cherchent parfois à s’entraîner à l’étranger.

Auparavant, ils se rendaient surtout au Pakistan, mais à cause de la guerre, ils se tournent vers le Yémen, pays pauvre et instable, depuis longtemps un paradis pour les djihadistes. L’an dernier, les branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaida ont fusionné. Le nouveau groupe est dirigé par d’anciens prisonniers de la base de Guantanamo Bay qu’on a libérés.

Le ministre Van Loan estime que les Canadiens ont tendance à ne pas prendre assez au sérieux la menace terroriste parce qu’on a réussi jusqu’à présent à prévenir les attentats, mais il souligne que la menace est bien réelle.


__________________________________ 1 – Le Figaro avec AFP

Violents combats à Saada au Yémen

De violents combats ont éclaté dimanche à l’aube entre l’armée yéménite et les rebelles chiites dans la vieille ville de Saada (environ 240 km au nord de Sanaa), ont indiqué des sources militaires et des habitants. L’armée a notamment employé des blindés, postés à l’entrée des ruelles étroites de la vieille ville où les commerces étaient fermés alors que les habitants se terraient chez eux.

Les rebelles zaïdites tirent sur l’armée depuis une forteresse surplombant la vieille ville, où ils sont retranchés. "Ils se tirent dessus et la police interdit toute circulation. Je n’ai pas pu me rendre à mon travail", a déclaré Abdel Qader, un fonctionnaire, joint au téléphone. Une source militaire a confirmé à l’AFP que les combats avaient éclaté peu après la prière de l’aube.

Les affrontements avaient repris hier entre l’armée et les rebelles, faisant des dizaines de morts et de blessés dans le nord du Yémen, quelques heures après l’annonce d’une trêve, selon des sources militaires. Aucun bilan précis des victimes n’a pu être obtenu de source officielle ou auprès des rebelles zaïdites depuis le lancement le 11 août de la dernière offensive gouvernementale contre la rébellion, que les autorités accusent d’être soutenue par l’Iran, dans la province de Saada, la sixième en cinq ans.

Depuis 2004, les combats dans cette région ont fait des milliers de morts.