13/11/09 (B524) Yémen Express (5 articles en Français)
______________________ 5 – Le Monde
Le directeur de cabinet du président yéménite assure que l’Iran soutient les rebelles houthistes du Nord.
La taille des bureaux d’Ali Al-Anessi, le directeur de cabinet du président Ali Abdallah Saleh, dit assez bien son importance dans un système politique dont l’opposition ne cesse de critiquer la concentration extrême
Si M. Anessi n’a pas recours aux expressions fracassantes du président Saleh, il n’en délivre pas moins un message très ferme à ceux qui s’inquiètent des conséquences pour le Yémen de la guerre du Nord qui n’en finit pas, après cinq ans de combats intermittents et en dépit des moyens considérables mis en oeuvre.
Selon des sources officieuses yéménites, cette guerre contre les partisans d’Abdel Malik Al-Houthi, issus comme lui du zaïdisme, une forme particulière de chiisme, aurait entraîné un triplement des dépenses militaires, alors que la baisse des recettes pétrolières du fait de l’épuisement des réserves met en péril les finances publiques.
Un an après une tentative infructueuse d’intercession du Qatar, le directeur de cabinet du président se veut catégorique. "C’est une affaire intérieure, dit-il. Nous avions accepté l’aide des Qataris parce que nous cherchons la paix. Au bout du compte, toute les victimes sont yéménites mais les rebelles ont cru qu’ils étaient forts et ils n’ont rien respecté des accords conclus", ce que démentent ces derniers. "Aujourd’hui, ils souhaitent l’internationalisation parce qu’elle servirait leurs intérêts. Mais il n’y aura pas de nouvelle médiation."
Pourquoi cette guerre dure-t-elle ? "Nous avons commis des erreurs, affirme M. Anessi, mais nous les avons rectifiées et la population nous soutient pour enfin régler ce problème."
Le régime du président Saleh, qui a reçu l’aide d’un royaume saoudien inquiet de l’instabilité de la frontière nord, vient de repousser une offre iranienne exprimée par le ministre des affaires étrangères, Manouchehr Mottaki. M. Anessi met d’ailleurs ouvertement en cause le rôle de l’Iran dans la poursuite du conflit évoquant un soutien apporté par Téhéran aux rebelles en dépit des dénégations officielles.
Procès contre la presse
"Les médias officiels iraniens les soutiennent ouvertement", assure-t-il, avant de s’interroger sur les activités des diplomates iraniens en poste au Yémen. Le directeur de cabinet assure disposer de preuves, retrouvées au cours des combats, du soutien apporté par certains d’entre eux aux rebelles. "Les houthistes reçoivent de l’aide de groupes chiites du Bahrein, du Koweït et des Emirats, mais le soutien iranien est ancien et remonte avant la guerre, poursuit-il. Hussein Al-Houthi et son père Badr Eddin étaient à Qom dans les années 1980, et c’est après que les houthistes ont adopté les slogans iraniens : Mort à l’Amérique ! Mort à Israël ! Pour autant, nous écartons l’idée d’un gel des relations avec nos frères iraniens."
La guerre du Nord contribue, selon l’opposition yéménite, à un raidissement du régime, illustré notamment par la multiplication des procès contre la presse. Le directeur de cabinet du président Saleh écarte les accusations de personnalisation du pouvoir en assurant que l’opposition, qui regroupe à la fois les ex-socialistes du Sud, les nassériens et les islamistes du parti Al-Islah, "ne sait pas ce qu’elle veut" et que les dernières élections "ont montré ses limites". L’opposition explique pour sa part l’hégémonie du parti du président sur les institutions par les moyens dont il dispose.
Quant à l’éventuelle intronisation d’Ahmad Ali Saleh, fils du numéro un du Yémen, comme successeur, que dénonce également l’opposition, M. Anessi jure que "le président ne la souhaite pas".
Gilles Paris
______________________ 4 – Courrier International
Les Iraniens accentuent leur ingérence dans le conflit yéménite
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, s’est dit, le 11 novembre, prêt à coopérer avec Sanaa pour rétablir la stabilité dans la région, une offre rejetée par le gouvernement yéménite, qui fait actuellement face à une rébellion houthiste, issue de la minorité chiite du pays.
Cette communauté étant zaydite, une branche du chiisme, Téhéran voit dans cette guerre interne yéménite, une attaque des "Arabes contre les chiites", comme l’affirme la une du quotidien ultraconservateur iranien. Téhéran a de plus mis en garde, le 10 novembre, les pays de la région contre une intervention au Yémen, allusion voilée à l’Arabie Saoudite, qui intervient depuis une semaine pour éloigner les rebelles de sa frontière.
______________________ 3 – AfriqueAvenir avec APA
Djibouti soutient l’Arabie Saoudite face aux rebelles yéménites
Le gouvernement djiboutien fustige le déclenchement d’hostilité à la frontière saoudo – yéménite et soutient Ryad dans ses efforts de contenir l’instabilité au Yémen.
Dans un communiqué daté de ce mercredi et rendu public par son ministre de la communication et de la culture, également porte-parole du Gouvernement, Ali Abdi Farah, Djibouti affirme « apporter son soutien au Royaume d’Arabie saoudite dans son action légitime pour faire valoir l’intégrité de son territoire, mise en cause par les infiltrations que mènent les membres de la rébellion Houthi opposée au gouvernement légal du Yémen ».
Selon ce même communiqué, « le Gouvernement de Djibouti tient à rappeler son attachement à la stabilité de cette région et appuie les initiatives de l’Arabie Saoudite dans ce sens ».
« Djibouti réitère son attachement à l’unité du Yémen et son soutien total aux autorités officielles de ce pays frère et voisin », poursuit ce communiqué signé du porte-parole du gouvernement.
Le ministre-adjoint saoudien de la Défense, le prince Khaled Ben Sultan Ben Abdel Aziz a affirmé mardi que son pays allait poursuivre ses raids contre les rebelles yéménites jusqu’à leur repli "à des dizaines de kilomètres de la frontière" commune avec le Yémen.
______________________ 2 – L’Orient / Le Jour (Liban)
L’Iran cherche à rassurer l’Arabie saoudite avant le pèlerinage
Yémen Téhéran se dit prêt à coopérer avec Sanaa pour restaurer la sécurité.
Téhéran tente de rassurer Riyad, inquiète de possibles troubles provoqués par les fidèles iraniens lors du pèlerinage à La Mecque, et a annoncé hier que son chef de la diplomatie, Manouchehr Mottaki, se rendrait prochainement en Arabie saoudite.
M. Mottaki « va effectuer une visite en Arabie saoudite avant le pèlerinage pour rencontrer son homologue saoudien (le prince Saoud al-Fayçal) », a affirmé à l’AFP, à Médine, Ali Ghazi Asgar, vice-président de la délégation des pèlerins iraniens à La Mecque. Le ministre va chercher « à rassurer nos frères en Arabie saoudite » et leur affirmera que l’Iran veut « éviter tous les troubles » pendant le pèlerinage qui doit débuter fin novembre, a-t-il ajouté. « Nous ne voulons pas que ceux qui cherchent à semer la discorde entre l’Arabie saoudite et l’Iran réussissent », a encore dit le responsable de la délégation iranienne, qui compte 65 000 pèlerins cette année. À Riyad, un conseiller du gouvernement saoudien a déclaré à l’AFP que le gouvernement « prendra les mesures les plus fermes contre tout ce qui pourrait s’apparenter à une manifestation politique ». Mais, selon le vice-président de la délégation iranienne à La Mecque, « les responsables des deux pays vont résoudre tous les problèmes par le dialogue », précisant que le chef de la délégation iranienne avait déjà rencontré dans ce but le ministre saoudien du Pèlerinage, Fouad al-Farsi.
Pour sa part, M. Mottaki a déclaré que « l’Iran était prêt à coopérer avec le gouvernement yéménite et d’autres pays pour restaurer la sécurité » au Yémen, appelant à un « effort collectif » pour régler le conflit entre Sanaa et les rebelles zaïdites. « Cela peut instaurer la sécurité et la paix pour les yéménites et toute la région », a-t-il poursuivi. « Toute mesure contraire à cette approche servira les ennemis des pays islamiques et arabes », a-t-il aussi prévenu. M. Mottaki avait mis en garde mardi les pays de la région contre toute intervention au Yémen, sans toutefois nommer l’Arabie saoudite qui poursuit ses raids aériens contre les rebelles zaïdites opérant dans le nord du Yémen. En outre, Riyad a instauré hier un blocus naval de la côte nord du Yémen pour empêcher la livraison d’armes aux rebelles chiites.
De son côté, en réaction aux déclarations de M. Mottaki, le Yémen a affirmé qu’il refusait toute « ingérence » dans ses affaires internes et toute « tutelle » de l’Iran sur la communauté zaïdite. Sanaa a assuré qu’il « accueillait favorablement les propos de M. Mottaki sur l’appui de l’Iran à l’unité et la stabilité du Yémen », ajoutant que « le Yémen est à même de régler ses problèmes sans intervention ou médiation » extérieures. Sanaa a également assuré que « l’État respecte les chiites comme les autres communautés musulmanes », ajoutant que « le conflit avec les éléments terroristes ne se déroule pas sur une base confessionnelle ».
______________________ 1 – Liberté (Algérie)
L’intervention de Riyad contre les zaydites du Yémen
La tension irano-saoudienne ravivée
Par : Djamel Bouatta
L’intervention de Riyad au Yémen fait craindre un conflit par procuration entre l’Arabie saoudite et l’Iran, accusé par le Yémen de soutenir la rébellion. Un opposant érythréen a accusé l’Iran d’utiliser son pays, séparé du Yémen par la mer Rouge, comme base pour acheminer des armes aux rebelles yéménites.
Ces rebelles “reçoivent leurs armes de l’Iran via l’Érythrée”, n’a cesse d’affirmer sur les médias yéménites Bashir Eshaq, un responsable au sein de l’Alliance démocratique érythréenne. Les rebelles zaydites ont accusé l’Arabie saoudite de nouveaux bombardements contre leurs positions au Yémen, malgré les insistances de Riyad qui assure que ses raids se limitent aux objectifs rebelles en territoire saoudien. L’Arabie saoudite est intervenue ouvertement dans la guerre en cours depuis le 11 août entre les rebelles zaydites, une branche du chiisme, et l’armée yéménite après la mort d’un garde-frontière saoudien tué par des tirs rebelles.
Les forces saoudiennes ont mené la semaine dernière des raids aériens et des bombardements sur la région frontalière de Saada, fief de la rébellion. Des soldats et des pièces d’artillerie saoudiens sont déployés dans le sud-ouest de l’Arabie, près de frontière avec le Yémen. Le ministre adjoint saoudien de la Défense a reconnu que quatre de ses soldats étaient portés disparus à la frontière.
Khaled ben Sultan ben Abdel Aziz, qui s’exprimait près du front dans la région de Jizane où il a inspecté ses troupes, s’est voulu rassurant en déclarant que son armée avait récupéré les positions prises par les rebelles zaydites, notamment le djebel Doukhan. Il a aussi confirmé la violence des combats en reconnaissant la mort de 4 civils saoudiens, après une semaine de combats. Le bilan côté rebelles n’était pas connu. Selon le quotidien londonien à capitaux saoudiens Asharq al-Awsat, le nombre de rebelles capturés s’élèverait à 155.
Mais le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, en promettant en début de semaine de venir à bout de la rébellion, a laissé entendre que la guerre n’a fait que commencer. Une source militaire à Sanaa a affirmé qu’un Sukhoï s’était écrasé dans la région de Razeh, près de la frontière avec l’Arabie saoudite où il bombardait des positions rebelles. C’est le troisième appareil militaire que les rebelles affirment avoir abattu depuis le début des combats le 11 août. Sanaa a toujours assuré qu’ils s’étaient écrasés à la suite de “problèmes techniques”.