24/02/10 (B539) Lettre ouverte d’un citoyen djiboutien au Président de la République de Djibouti, pour lui demander de ne pas amender la Constitution dans le contexte actuel. (Abdillahi Abdi Ahmed)

L’original de la lettre est téléchargeable ici (En Pdf)


Abdillahi Abdi Ahmed
Diplômé de l’Institut d’Etudes
politiques d’Ottawa

Djibouti, le 22 février 2010

 

Lettre ouverte
au Président de la République

 

Monsieur le Président de la République,

En 1992, notre pays s’est doté d’une nouvelle constitution et a pris la voie de la démocratisation avec le
multipartisme. Dix-huit ans après, le déficit démocratique est toujours profond. Les élections manquent de
transparence et ne sont pas équitables. L’absence de canaux d’information audiovisuels libres témoigne du non-respect du droit à l’information des citoyennes et des citoyens.

La fonction publique n’est plus qu’un instrument du pouvoir en place puisque seul(e)s les fonctionnaires épousant la ligne des partis au pouvoir sont promus.

Les offres à conmandes ainsi que les contrats s’écartent des rêgles du mérite et ne sont miraculeusement décrochés que par
les mêmes foumisseurs. L’embauche des diplômés n’obéit pas au principe d’équité et bien des jeunes sont isolés et/ou forcés à l’émigration.

Excellence, sur ce fond de dysfonctionnement de nos institutions politiques, en mai 2009, des membres du parti
que vous présidez ont manifestement avancé l’idée d’amender la constitution de notre pays.

Certes, une telle action
peut être démocratique, mais seulement suite à un reférendum ou à un vote des représentants du peuple quand ces
demiers jouissent d’une légitimité assez forte, ce qui n’est pas le cas actuellement. Comme vous le savez aux élections législalives de 2008, il y a eu 148 000 votants sur notre population de 805 000 habitants et le taux de
suffrage en faveur des députés a été de 72 %. Ce qui nous amène à considérer que moins de 15% de la population ont approuvé les
députés siégeant à notre Assemblée.

Il me semble alors, Monsieur le Président de la République, qu’en tant que garant du Respect de la première loi du
pays et symbole de notre souveraineté, il serait hasardeux, dans le contexte actuel où la désaffection de la
population à l’égard de la politique du pays est grandissante, d’imaginer une sortie de crise dans notre pays en
faisant amender notre constitution par des députés jouissant d’une telle légitimité.

Dans l’espoir que la grandeur de notre pays sera réalisée par le pluralisme, je vous prie de bien vouloir agréer,
Monsieur le Président de la République, l’expression de mes sentiments respectueusement dévoués.

Abdillahi Abdi Ahmed
abdil-ahmed@intnet.dj