26/03/10 (B543-B) Yémen Express (2 articles)

______________________________ 2 – Le Figaro

La menace d’al-Qaida pèse toujours sur Riyad

Par Georges Malbrunot

Les sites pétroliers devaient être visés par des terroristes, qui viennent d’être arrêtés.

Malgré de réels succès contre al-Qaida, la menace terroriste pèse toujours sur l’Arabie saoudite. Cent treize individus soupçonnés d’être liés à la mouvance djihadiste ont été arrêtés. Cinquante et un d’entre eux sont yéménites et 47 saoudiens, selon le ministère de l’Intérieur.

Membres de deux cellules, ils planifiaient des attaques contre les installations pétrolières, à l’est du royaume. La plupart étaient entrés en Arabie saoudite, sous le prétexte de chercher du travail ou de visiter les lieux saints de La Mecque et de Médine, selon les autorités, qui n’ont pas précisé où ces interpellations ont eu lieu. Selon nos informations, les djihadistes ont été appréhendés dans la région de Djizan, frontalière d’avec le Yémen, où les branches saoudienne et yéménite d’al-Qaida ont fusionné en janvier 2009. Des armes ont été saisies, mais aussi des munitions, des ordinateurs et des cartes téléphoniques prépayées.

Si «la logistique est en Arabie, les membres des réseaux, eux, se cachent au Yémen, affirme un expert antiterroriste à Riyad, ils vont et viennent à travers la frontière montagneuse qui est très poreuse». L’Arabie saoudite redoute l’infiltration de terroristes à partir du territoire yéménite, où l’autorité de l’État ne s’exerce pas sur l’ensemble du pays. En août, un Saoudien, venu du Yémen, s’est fait exploser à proximité du prince Mohammed Ben Nayef, le patron de l’antiterrorisme saoudien, ne le blessant que très légèrement.

Deux mois plus tard, déguisés en femmes, deux autres Saoudiens ont été tués à un poste frontière avec le Yémen. Après cet attentat manqué, six de leurs complices furent appréhendés par les services de sécurité saoudiens. Leurs interrogatoires auraient permis le démantèlement des deux cellules, annoncé cette semaine.

«Réfugiés dans des grottes»

Après «les années de sang» 2003-2004, marquées par une succession d’attentats meurtriers contre des cibles saoudiennes ou étrangères, Riyad a réussi à «casser» l’infrastructure d’al-Qaida dans le royaume. Pourchassés, de nombreux djihadistes ont décidé de se réfugier en Irak ou au Yémen. Mais la naissance l’an dernier d’al-Qaida dans la péninsule arabique a ravivé les craintes saoudiennes.

«La menace ne vient plus de la frontière avec l’Irak qui est assez bien contrôlée, constate un diplomate, elle provient de la région de Djizan, où les terroristes se replient dans leurs grottes au Yémen, quand la traque devient trop chaude.» Si les services de sécurité ont progressé dans leur lutte contre al-Qaida, en face, les djihadistes ont, eux aussi, tiré les leçons du passé. «Leurs cellules sont, maintenant, cloisonnées», ajoute le diplomate.

Après avoir visé des civils en 2003-2004, al-Qaida a recentré ses cibles contre les installations pétrolières saoudiennes, obligeant les autorités à créer une force dédiée à leur protection, et dépendante du ministère de l’Intérieur. «Mais sur place, on ne la voit pas trop émerger», déplore un responsable pétrolier. D’autres entités ont, également, leur mot à dire (ministère de la Défense, garde nationale, privés…). Ce qui ouvre un espace aux terroristes.

L’avertissement de Ben Laden

Le chef d’al-Qaida a menacé de tuer tout Américain capturé par son réseau si Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau des attentats du 11 Septembre, et ses compagnons sont exécutés, dans un message audio diffusé ce jeudi par la chaîne al-Jezira. «Le jour où les États-Unis prendront cette décision, ils auront pris la décision de faire exécuter tout Américain que nous ferons prisonnier», a averti Oussama Ben Laden dans une brève séquence diffusée par al-Jezira.

Khaled Cheikh Mohammed et quatre coaccusés doivent être jugés à une date indéterminée par un tribunal de droit commun ou une juridiction militaire d’exception.


______________________________ 1 – Le Figaro avec AFP

Yémen : un deuxième journaliste libéré

Le journaliste d’opposition Mohamed al-Maqaleh, détenu au secret pendant quatre mois, a été libéré aujourd’hui pour des "raisons humanitaires et de santé", a annoncé à l’AFP un responsable yéménite. La décision intervient au lendemain de la libération d’un patron de presse sudiste.

M. Maqaleh, détenu au secret pendant quatre mois par la sûreté de l’Etat après sa disparition dans une rue de Sanaa en septembre, était le rédacteur en chef d’un journal en ligne du parti socialiste yéménite (opposition). Selon une source médicale, le journaliste avait été admis mercredi dans un hôpital de Sanaa pour y recevoir des soins médicaux.

Le responsable yéménite n’a pas précisé si les poursuites judiciaires contre M. Maqaleh seraient maintenues ou non. Mercredi, le syndicat des journalistes yéménites avait appelé à la libération de leur confrère détenu pour ses écrits sur la guerre dans le nord du Yémen. Le journaliste a été "torturé" et son procès est "illégal et anticonstitutionnel", avait déploré le syndicat, appelant le président yéménite Ali Abdallah Saleh à intervenir pour le faire "libérer sans délai".