31/03/10 (B544) Les chroniques du Sergent-chef Ariko qui raconte les faces occultées de l’actualité djiboutienne.

Vite soigné à Riad, Zakaria revient en urgence au Pays

Malade, le général trois étoiles Zakaria Cheik Ibrahim, patron des forces armées djiboutiennes, a été évacué vers l’Arabie saoudite où il a été admis à l’hôpital Fayçal de Riad.

Bien soigné, il a récupéré très vite. En début de semaine, il est rentré à Djibouti où l’on dit, qu’il devrait bientôt être mis à la retraite. Le général Zakaria aurait-il beaucoup à se reprocher, pour être revenu si vite d’Arabie saoudite certainement en dépit des conseils des médecins qui le voulaient garder en observation pendant quelques jours ?

Le général Zakaria tient probablement à terminer sa vie dans son pays. Il semblait très fatigué à son retour.

Plus tard, le dictateur qui rentrait de Libye, est descendu de son avion, l’air d’un fou furieux. Il a vite salué les autorités civils et militaires ainsi que le Général Zakaria à qui il n’a même pas demandé des nouvelles de sa santé. Puis il s’est engouffré dans sa voiture et sans demander son reste, il est parti, escorté par le peloton motard de la Garde républicaine.

IOG revient furieux du sommet de Libye

Le dictateur revenait de ce sommet de Syrte où il n’avait pas obtenu ce qu’il voulait. De son côté, le guide Kadhafi n’a pas réussi à convaincre le président djiboutien de négocier avec son ennemi érythréen. L’affaire somalienne et le Darfour ont occupé tout le sommet et l’affaire djiboutienne de Doumera a été traitée « par-dessus la jambe ».

IOG n’a pas été capable de convaincre ses frères arabes d’adopter son point de vue. Il a ordonné au premier ministre Dileita de venir le retrouver via le Koweit. Le dictateur veut ouvrir une ambassade djiboutienne dans cet émirat, car son épouse la Gabayo a un projet et on soupçonne que ce soit dans le but de soutirer de l’argent à l’épouse de l’Emir, qui s’est engagée dans des œuvres sociales…

L’opposition devrait dénoncer l’ouverture de cette nouvelle ambassade qui ne va rien apporter au peuple djiboutien ni au pays, mais qui n’aurait d’autre utilité que d’enrichir la « Paulette », comme l’appelle l’ARDHD. Le Peuple, si on le questionnait, serait aussi certainement hostile à ce projet stérile pour le pays.

Au pays c’est la pédagogie par la terreur et par la dissuasion.

Même les sympathisants de l’opposition, qui ont été témoins des traitements réservés à leurs aînés, hésiteront beaucoup avant de s’engager dans une quelconque contestation du pouvoir.

Ils n ont fait que ce que l’autorité coloniale leur avait enseigné ! A savoir que quand l’autorité ne réussit pas à dominer les chefs politiques traditionnels et religieux par l’assimilation, la corruption et/ou la peur, elle n’a plus qu’un objectif : celui de les briser et de les humilier. On ne demande pas à un chauffeur-livreur de se soucier du sort des colis qu’il livre. IOG a tiré profit des stages qu’il a effectués aux États-Unis où il a pu observer sur le terrain les méthodes utilisées par les tortionnaires contre les oppositions et les centrales syndicales.

Il saura en tirer profit aussitôt sa propre prise du pouvoir (dès 1996) quand le vieux Gouled était trop malade pour régner. Il a utilisé ces méthodes contre l’UGTD et le Synge en installant le ver dans le fruit. C’est de l’intérieur, par la corruption des uns, l’intimidation des autres et l’emprisonnement des irréductibles qu’il a acquis la reddition sans condition de ces organisations.

Ce dictateur a une vision binaire : ceux qui ne lui font pas acte d’allégeance, qui refusent de se soumettre en déclarant publiquement qu’ils le soutiennent, sont contre lui.

On image volontiers que tous les opposants Djiboutiens ne sont pas à l’image de DAF, de Mahdi et de ceux qui font trembler ce régime bête et méchant. La classe politique occidentale qui a une forte influence sur l’opinion publique, devrait pourtant s’interroger sur les moyens les plus réalistes, les plus justes et les plus efficaces pour régler le problème.

Ceux qui croient que la solution viendra d’un soutien aux régimes les plus corrompus et les plus brutaux, ont la mémoire courte.

Prenons un exemple : pendant des décennies, l’Occident a fermé les yeux sur la répression et la corruption généralisées, en Iran, sous la dictature du Chah. Quand il les rouvrit, les Ayatollahs étaient déjà au pouvoir et bien installés.

L’ignorance progresse dans tous les secteurs, car d’un côté l’instruction, en pleine crise, ne remplit plus son rôle et de l’autre, que les méthodes de communication des dictateurs sont devenues des armes redoutables, élaborées et efficaces !

Avec la misère qui se développe et qui concerne désormais la grande majorité du peuple, les frustrations s’installent et la population peut basculer dans un camp extrêmiste, qui saurait utiliser les rancoeurs à son profit.

Il faut sans cesse rappeler cette évidence : répression et corruption sont les deux mamelles de l’ignorance. Pour les organisations internationales et les puissances occidentales, continuer à soutenir IOG et son régime est plus qu’une grave erreur : c’est un crime !

Même ses pires adversaires reconnaissaient à Hassan Gouled une grande intelligence des situations, du courage et une vision politique notamment dans le domaine des relations avec la France.

Pour IOG, c’est différent ! Faudrait-il le classer dans même catégorie que le soi-disant Empereur Bokassa ?

Après Gouled qui fut un grand homme, avant que l’âge et l’ivresse du pouvoir absolu n’aient raison de ses facultés d’analyse et de responsabilité, quelle n’est pas la disgrâce pour ce peuple quand il est tombé sous la lourde patte d’un flic médiocre entraînant derrière lui une bande de profiteurs et de courtisans misérables.

Aucun peuple ne mérite cela ! Le peuple djiboutien encore moins que les autres, car il a toujours été dominé par son sens de la mesure, son attachement viscéral à la tolérance et à la paix, sa finesse d’esprit pour apporter des solutions réalistes à toutes les formes de litige ou de volonté de domination. En cela il est différent des autres et même exemplaire dans le concert des Nations.

Mais il faut reconnaître que le SDS a développé un art consommé dans le montage des scenarii de complots contre la sûreté de l’Etat et dans la diffusion d’enregistrements destinés à discréditer les hommes politiques et les autres gêneurs. Le cas de l’ex-ministre de l’éducation nationale, sous Hassan Gouled, Omar Chirdon Abass nous rappelle comment les actions du SDS peuvent être particulièrement dangereuses.

Le ministre avait été éjecté de l’éducation nationale à la suite de la diffusion d’une cassette audio où on découvre comment il avait insulté le futur dictateur IOG, qui n’était encore à l’époque que le petit chef de cabinet de Gouled. Qui peut prévoir les réactions d’un homme qui se retranche dans son bunker (palais de Haramous) après avoir perdu confiance dans tous ses amis et ses proches : l’exemple de Boreh illustre bien cela.

Pour le régime, DAF et Mahdi sont des refugiés politiques, mais ils sont étroitement surveillés (même en Belgique et en Angleterre). Surtout grâce à une discrète coopération entre les services de sécurité djiboutiens et français.

Bien qu’elle est tendance à être moins efficace qu’elle ne le fut. Depuis que le régime s’est (auto)ridiculisé aux yeux de l’opinion publique internationale, la France a cessé d’accorder ses faveurs au dictateur. Depuis la crise, avec le début d’un sévère programme d’ajustement structurel, l’administration djiboutienne, ultime refuge traditionnel des jeunes diplômés, a cessé de recruter.

Des promotions entières de médecins, d’ingénieurs, d’enseignants et autres techniciens sont alors venus grossir les rangs de la formidable armée de chômeurs.

A Djibouti, tout l’espoir des familles dans cette génération de jeunes, porteurs de l’avenir du pays en décollage économique, a été anéantie. Les familles qui espéraient dans une amélioration des conditions de vie, sont contraintes de subir au quotidien : le chômage, l’oisiveté et la lente marche vers l’abime (drogue, exemple= damahis faja , khat), (l’oisiveté exemple= jets de pierres, rivalités de bandes de jeunes livrés à eux, installation d’une paresse généralisée et probablement irréversible. Bref des générations sacrifiées sur l’autel de l’enrichissement de la classe dominante.

Le 9 février 2006 a été proclamée en grandes pompes << l'année de la jeunesse>>. En dehors de cette proclamation, aucune action, aucune initiative du gouvernement n’ont pu remédier à cette lente descente aux enfers de la jeunesse. Bien au contraire, ce ne fut qu’un supplément de misère et de désespoir.

Même le S.N.A. créé par le dictateur pour soulager nos jeunes de la détresse morale n’apportera au final que rancœur et enrollements forcés. Pourtant à sa création, la direction du S N A qui aurait pu être une excellente idée, avait été confiée au Lieutenant-Colonel Omar Bouh Goudahdeh. Malheureusement il fut très vite impliqué dans des scandales sexuelles a répétion.

L’une des filles du SNA a dénoncé les faits. Le dictateur a relevé Omar Bouh Goudadeh de ses fonctions et il a été muté dans la caserne « des morts » appellation de la Caserne Guedi Gab ou Bataillon du quartier général des forces armées.

Ce service fait office de bureau de liquidations (des droits ?) de tous les militaires, qu’ils soient officiers ou hommes du rang à partir du moment où ils sont devenus indésirables au sein de l’Armée.

Les Djiboutiens, qui étaient pourtant bien côtés sur le marché local de l’emploi, ne sont plus recherchés aujourd’hui et même on les éviterait dans les recrutements.

Le résultat est là : les jeunes veulent fuir le pays par tous les moyens. Combien de Djiboutiens émigrent vers la Suède, le Canada ou la Norvège, par exemple.

Pendant ce temps Djibouti s’endette et met la charge du remboursement sur le dos des enfants, des petits-enfants et des arrières-petits-enfants. Les nouveaux « warabeh » issus du 9 avril 1999 entendent de ne rien se refuser. Pressés de gouter aux plaisirs de la vie et d’exhiber au plus vite et avec ostentation les symboles d’une richesse accumulée en peu de temps et les attributs de leur nouveau pouvoir, ces nouveaux warabeys (hyène en langue somali) s’attribuent des trains de vie scandaleux. C’est le feuilleton « Dallas » à la sauce djiboutienne.

Tout est bon ! A coup de licences d’importation juteuse, de pots de vins (appelés « acho » ou « adkaga ») de rachats à crédit et au prix de la casse, d’entreprises privatisées, de rackets sur les gros commerçants comme Al Gamil ou Nougaprix.

Après tant d’années d’attente, les Djiboutiens sont fatigués des mensonges, des tergiversations et des diversions (rivalité entre les clans, tribalisation forcée contre le gré et les aspirations de la population). Ils ont préféré se détourner de la chose politique, tant ils sont déçus par le comportement scandaleux des hommes qui étaient censés organiser et établir la jeune démocratie djiboutienne.

Sergent Ariko
Londres