21/09/10 (B570) Nouvelles de Somalie – À Mogadiscio, l’Union africaine contient l’offensive shebab mais reste menacée – le Premier ministre démissionne sur fond de crise avec le président – Démission du Premier ministre somalien (3 articles)

__________________________ 3 – Le Point

À Mogadiscio, l’Union africaine contient l’offensive shebab mais reste menacée

Un moment mise en difficulté par la débandade des forces gouvernementales, la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom) a pu contenir l’offensive de ramadan lancée fin août à Mogadiscio par les shebab, qui se sont cependant rapprochés d’un axe stratégique vital.

Le 23 août, les islamistes annonçaient le début d’une vaste offensive dans la capitale somalienne contre le « gouvernement apostat et ses alliés chrétiens ». Durant une dizaine de jours, des vagues de combattants, aux cris de « Allahu akbar » (Dieu est grand), montent à l’assaut des positions de l’Amisom et des forces du gouvernement de transition (TFG). Les combats se concentrent au nord-est de la ville. Les assaillants progressent de plusieurs centaines de mètres vers le parlement, la présidence Villa Somalia et s’approchent à portée de kalachnikov de l’avenue Maka al-Mukarama, axe routier stratégique qui relie le port à l’aéroport, et cordon ombilical du dispositif de la force de paix.

« Pendant 48 heures, il y a eu une très inquiétante période de flottement », observe une source occidentale sur place, « ça a été la débandade du TFG ». Militaires, miliciens et, à un moindre degré combattants d’Alhu Sunna (milice soufie modérée), qui se partagent par secteurs la défense de la ligne de front, « ont abandonné la plupart de leurs positions », parfois sans combattre, ou faute de munitions. « À un moment, seuls les Ougandais se battaient. » « L’escalade des combats a eu pour conséquence le retrait du TFG de ses positions », reconnaît le colonel Mickaël Ondonga, chef du contingent ougandais. Les troupes pro-gouvernementales « nous ont ainsi exposé et rendu nos propres positions plus vulnérables, nous avons dû réagir, avancer pour prendre l’avantage tactique », explique-t-il.

« Un bain de sang » (analyste)

S’appuyant sur ses engins blindés, l’Amisom passe à la contre-offensive et, en certains endroits, en profite pour avancer à son tour, selon le colonel Ondonga.

« La plupart des positions abandonnées par le TFG ont été récupérées (par l’Amisom), les forces gouvernementales commencent également à revenir », affirme-t-il. Après une semaine de précaire accalmie, il apparaît clairement que les shebab n’ont pas atteint leurs objectifs annoncés : s’emparer de Villa Somalia et couper Maka al-Mukarama. Ils se sont cependant rapprochés à un pâté de maisons de cette grande avenue, désormais harcelée par les snipers shebab et le long duquel l’Amisom a dû installer au moins deux nouvelles positions retranchées.

La force de paix a de son côté grignoté certaines portions de la ligne de front, occupant des bâtiments encore il y a peu sous contrôle shebab ou dans le no man’s land séparant les belligérants, a constaté un journaliste près du vieux-port et au-delà du carrefour stratégique K4. « C’est un échec pour les shebab qui ont subi de lourdes pertes », assure le porte-parole de l’Amisom, le major Ba-Hoku Barigye. « L’ennemi n’est pas parvenu à nous chasser d’une seule de nos positions, nous avons au contraire avancé dans la ville ». « Cela a été un bain de sang », estime un analyste sur place.

« Le peu de résultat de leur offensive suscite des tiraillements au sein du commandement shebab et de vifs débats sur la stratégie à suivre pour la poursuite des hostilités » : repasser à l’offensive ou privilégier les attentats et attaques-suicides contre des cibles stratégiques. La fuite généralisée des troupes TFG pendant la bataille confirme en tout cas le naufrage d’un gouvernement à bout de souffle, affaibli par de profondes divisions politiques. En place depuis presque deux ans, le TFG – dont le Premier ministre a d’ailleurs démissionné mardi – reste un partenaire bien peu fiable pour consolider les quelques avancées de la force de paix, résume un cadre de l’Amisom : « Nous faisons la course sur un cheval presque mort… »

_____________________ 2 – AFP

Somalie: le Premier ministre démissionne sur fond de crise avec le président

Mustafa HAJI ABDINUR

Le Premier ministre somalien, en crise ouverte avec le président Cheikh Sharif Ahmed, a démissionné mardi pour mettre fin aux divisions actuelles à la tête du très affaibli gouvernement de transition, plus que jamais menacé par les insurgés shebab.

« Je démissionne de mes fonctions de Premier ministre du TFG, étant dans l’incapacité de travailler avec le président » du TFG Cheikh Sharif Ahmed, a annoncé M. Sharmarke à des députés à Mogadiscio.

« J’ai pris cette décision dans l’intérêt de la Nation et à un moment critique », a-t-il expliqué, demandant à ses ministres « de travailler avec le président et le parlement somalien ».

Cette démission met apparemment fin à une interminable crise à la tête du TFG, dont s’étaient récemment inquiété l’ONU et l’Union africaine (UA), et qui paralyse depuis des mois l’activité d’un gouvernement soutenu à bout de bras par la communauté internationale et dont l’autorité se limite à quelques quartiers de Mogadiscio.

Elle intervient une dizaine de jours après une violente offensive des shebab dans la capitale, qui a vu la déroute des forces pro-gouvernementales, sauvées in extremis par la contre-attaque des 7.200 soldats ougandais et burundais de la force de paix de l’Union africaine (Amisom).

La situation n’en demeure pas moins très précaire dans Mogadiscio, où, malgré des avancées de l’Amisom, les insurgés menacent de couper un axe stratégique vital, l’avenue Maka al-Mukarama qui relie le port à l’aéroport.

M. Sharmarke s’opposait au président Sharif Ahmed sur trois principaux sujets: la future Constitution, la sécurité, et la fin de la période de transition, avait expliqué M. Sharmarke dimanche à l’AFP.
« Ce n’est un secret pour personne que nous ne nous rencontrons plus », avait-il reconnu, à propos de ses relations avec le chef de l’Etat.

Le président Sharif rend en particulier son Premier ministre responsable de la débandade des forces pro-gouvernementales lors de l’offensive shebab.

Leur querelle porte également sur le projet de Constitution en cours de rédaction et ses modalités d’adoption, le président Sharif défendant une adoption par référendum, tandis que M. Sharmarke juge la tenue d’une telle consultation impossible étant donnée la situation sécuritaire et souhaite qu’elle soit ratifiée par le parlement.

Cette Constitution doit remplacer l’actuelle « Charte de transition », avec la mise en place de nouvelles institutions, alors que le mandat du TFG s’achève en théorie en février prochain.

Selon cette charte, le chef de l’Etat, le Premier ministre et le président du parlement doivent être issus des trois principaux clans du pays, notamment les Hawiye et les Darod.

Depuis plusieurs jours, le parlement, avec à sa tête le très influent président Cheikh Aden Mohammed Nur Madobe, tentait de se réunir pour un vote de confiance au Premier ministre.

En mai, l’assemblée s’était déjà prononcée en faveur de la démission de M. Sharmarke, qui avait rejeté ce vote « anticonstitutionnel » et refusé de quitter ses fonctions.

Le profil de M. Sharmarke, 50 ans, de nationalité somalo-canadienne et ancien employé de l’ONU en Sierra Leone, contrastait avec celui du président Sharif, professeur de géographie et leader islamiste.
Son père, Abdirashid Ali Sharmarke, a été le dernier président démocratiquement élu de Somalie et a été assassiné en octobre 1969.

Les shebab, qui se réclament d’al-Qaïda, contrôlent la quasi-totalité du centre-sud de la Somalie, face au TFG qu’ils accusent d’être un « gouvernement apostat » et avec lequel ils refusent toute négociation.

_____________________ 1 – Nouvel Obs avec AP

Démission du Premier ministre somalien

Le Premier ministre somalien Omar Abdirashid Ali Sharmake a annoncé mardi sa démission en raison d’un différend avec le président Cheikh Charif Cheikh Ahmed sur un projet de nouvelle Constitution.

La décision du Premier ministre, annoncée devant des journalistes, devrait un peu plus affaiblir le gouvernement de Somalie, qui ne contrôle dans les faits que quelques quartiers de la capitale Mogadiscio. Le pays, sans gouvernement effectif depuis 19 ans, est en proie à un conflit entre les troupes gouvernementales, appuyées par l’Union africaine (UA), et les insurgés islamistes.

Les tensions étaient fortes depuis des mois entre le Premier ministre et le président, autour du projet de nouvelle Constitution du pays. Un vote de confiance au Premier ministre était prévu ce week-end au Parlement, mais avait été reporté.