12/11/10 (B577) Nouvelles de Somalie – un nouveau gouvernement – Un député somalien demande davantage d’aide à l’UE et aux Etats-Unis pour aider à lutter contre la piraterie – Un groupe d’experts de l’ONU dénonce des exécutions en Somalie – l’ONU s’inquiète d’une hausse du recrutement d’enfants soldats – une politique de dissuasion, de sécurité et de développement (5 articles)
________________________ 5 – Le Figaro avec AFP
Somalie: un nouveau gouvernement
Le nouveau Premier ministre somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, a nommé vendredi un nouveau gouvernement resserré comptant 18 ministres, dont seulement deux membres de l’ancien cabinet, a-t-on appris de source officielle.
Les 18 ministres du gouvernement sont issus pour la plupart de la diaspora somalienne au Canada et aux Etats-Unis. La réduction par rapport à l’équipe sortante de 39 ministres est "drastique", souligne le Premier ministre. "Seuls deux ministres du gouvernement précédent sont inclus dans la nouvelle équipe", dont le ministre des Finances sortant Hussein Abdi Halane, un "administrateur efficace et respecté" qui conserve son poste.
Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le gouvernement de transition somalien (TFG) n’exerce son autorité que sur quelques quartiers de Mogadiscio, avec le soutien d’une force de paix de l’union africaine (Amisom).
Les shebab, qui se réclament d’al-Qaïda, contrôlent la quasi-totalité du centre-sud de la Somalie et de la capitale, face au TFG qu’ils accusent d’être un "gouvernement apostat" et avec lequel ils refusent toute négociation.
________________________ 4 – Radio-Chine avec XINHUA
Un député somalien demande davantage d’aide à l’UE et aux Etats-Unis pour aider à lutter contre la piraterie
Un député somalien a lancé un appel jeudi à Sofia à l’endroit des Etats-Unis et de l’Union européenne pour plus d’aide afin de lutter contre la piraterie dans le golfe d’Aden.
Le gouvernement somalien ne peut pas aborder la question sans l’aide extérieure et les Etats-Unis et l’Europe doivent participer davantage aux événements qui se produisent dans la région devenue par ailleurs une affaire mondiale, a indiqué Mohamed Hussein Mohamed, membre de la commission des affaires étrangères du Parlement somalien.
Le député somalien a tenu ces propos lors d’une conférence internationale intitulée "Piraterie en mer et sécurité du transport maritime et leur rapport à la sécurité nationale bulgare ".
Les attaques des pirates en 2009 ont été multipliées par dix par rapport à 2008, d’après M. Mohamed. En 2010, une baisse de la piraterie a été observée grâce à l’intervention de la communauté internationale, mais elle n’est pas suffisante, a estimé le député.
Kamen Kichev, vice-ministre bulgare du Transport, a indiqué que 44 marins bulgares, dont trois capitaines, ont été affectés dans la région du golfe d’Aden et de la côte somalienne.
La conférence de deux jours était organisée par l’Agence exécutive bulgare de l’administration maritime et ses nombreux capitaines, courtiers maritimes et associations logistiques avec le soutien du ministère du Transport.
Les représentants de la Commission européenne, de la Ligue navale des Etats-Unis, de la Confédération des associations européennes des capitaines, la Fédération internationale des associations de capitaines, les pays de la région de la mer Noire et les compagnies d’assurance ont également pris part à la rencontre.
________________________ 3 – All Africa
Somalie: Un groupe d’experts de l’ONU dénonce des exécutions en Somalie
Six experts indépendants de l’ONU ont condamné jeudi les récentes exécutions publiques de deux adolescentes en Somalie centrale, estimant qu’elles étaient la dernière manifestation de « l’effroyables crise des droits de l’homme qui mine le pays ».
« Nous avons été horrifiés en apprenant les deux exécutions publiques menées par des insurgés d’Al-Shebab, le 27 octobre, devant des centaines de résidents de Beledweyne. Nous nous joignons au peuple somalien et condamnons dans les termes les plus forts les exécutions sommaires et brutales de ces deux jeunes femmes, condamnées sans le moindre semblant de procédure », indiquent-ils dans un communiqué rendu public jeudi.
Selon des témoignages cités par la presse, les deux jeunes femmes étaient âgées de 17 ou 18 ans et ont été exécutées pour espionnage.
Les six experts appellent les parties au conflit « à cesser immédiatement toutes exécutions extrajudiciaires, tortures, lapidations, décapitations, amputations et flagellations, ainsi que toutes autres violations des droits de l’homme ». Ils se disent « profondément préoccupé » par le fait que « des groupes comme Al-Shebab ramènent la Somalie à l’âge de pierre ».
« A Mogadiscio et dans les régions méridionale et centrale, les institutions judiciaires ont cessé de fonctionner. Dans les zones contrôlées par des groupes insurgés, des tribunaux ad hoc jugent des civils et les condamnent à des peines inhumaines, sans procès équitable, en violation de la loi somalienne et du droit international », dénoncent encore les six experts, avant d’appeler « toutes les parties à respecter leurs obligations et à protéger les civils, conformément à la Conventions de Genève de 1949 et au droit international humanitaire ».
L’un des experts, Shamsul Bari, chargé de la situation des droits de l’homme en Somalie, souligne également que des rapports font constamment état de violences sexuelles et sexistes, en particulier de viols, de mutilations génitales et de mariages forcés.
« La violence sexuelle continue d’augmenter, non seulement parmi les quelque 1,4 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays, mais aussi dans les autres couche de la société somalienne », indique-t-il, avant d’ajouter par ailleurs qu’il est « extrêmement triste et inquiétant pour l’avenir du pays de savoir que seulement 10% des enfants somaliens vont à l’école ».
Shamsul Bari rappelle que des rapports font aussi état de « violations répétées de la liberté de religion », notamment avec des destructions de lieux de culte et de cimetières musulmans soufis.
« Nous adressons nos plus sincères condoléances aux familles et aux proches de toutes les victimes, y compris les deux jeunes filles exécutées à Beledweyne, et appelons la communauté internationale à ne pas relâcher ses efforts, à enquêter sur ces crimes inacceptables et à poursuivre les auteurs pour qu’ils soient traduit en justice », conclut le communiqué commun de l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Somalie, Shamsul Bari, du Rapporteur spécial sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan Mendez, du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, Heiner Bielefeldt, du Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, Gabriela Knaul et du Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo.
_________________________ 2 – Centre Info (ONU)
Somalie : l’ONU s’inquiète d’une hausse du recrutement d’enfants soldats
La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a exprimé cette semaine sa préoccupation face à l’augmentation rapide du recrutement d’enfants soldats en Somalie et à la violence basée sur le genre, comme la pratique des mariages forcés, dans ce pays.
Le Gouvernement fédéral de transition somalien s’est engagé à faire en sorte que les forces sous son contrôle ne recrutent pas d’enfants, a expliqué Mme Coomaraswamy lors d’une conférence de presse, lundi au siège des Nations Unies à New York, au sujet de la visite qu’elle a effectué en Somalie la semaine dernière.
La Représentante spéciale a également reçu des assurances à ce sujet de toutes les parties qui forment les forces du Gouvernement fédéral de transition. Le Gouvernement fédéral de transition s’est aussi engagé à établir un point focal au bureau du Premier Ministre afin de travailler en coopération avec les Nations Unies et de mettre au point un plan d’action pour identifier et relâcher les enfants soldats.
Mme Coomaraswamy a salué ce « premier pas dans la bonne direction ». Les parties souhaitent, en effet, ne plus figurer sur la liste noire du Secrétaire général. Quant à l’Union africaine, elle va créer une unité spéciale de protection des enfants.
Lors de sa visite en Somalie, Mme Coomaraswamy a rencontré à Mogadiscio le nouveau Premier Ministre, Mohamed Abdullahi Mohamed. Elle a également rencontré le Président du Somaliland et le commandant de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Elle a aussi pu parler avec des organisations non gouvernementales et des réseaux de protection de l’enfance.
Évoquant sa rencontre avec des pirates dans une prison de Bossasso, dans le nord de la Somalie, la Représentante spéciale a fait remarquer que les « vieux » pirates, devenus riches, mettaient de jeunes pirates de 15 à 17 ans en première ligne pour des opérations dangereuses.
Par ailleurs, selon elle, la situation est épouvantable dans le camp de personnes déplacées de Bossasso. L’insécurité est un des principaux problèmes et les femmes et les fillettes redoutent la nuit à cause des violences que leur infligent les hommes. De plus, la moitié des enfants ne vont pas à l’école. S’agissant de l’éducation des filles en Somalie, elle a par ailleurs indiqué que celles-ci étaient soumises à des règles plus strictes et qu’il y avait moins d’écoles mixtes.
____________________________ 1 – Afrique Actu
Somalie : une politique de dissuasion, de sécurité et de développement
Jean-Pierre Ndongo
Pour lutter contre la piraterie, le gouvernement de Somalie et la communauté internationale doivent mettre en œuvre une politique conjointe de « dissuasion », de renforcement « de la sécurité et de l’Etat de droit » et de stimulation de l’économie, a plaidé mardi le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe devant le Conseil de sécurité.
« La lutte contre la piraterie demande simultanément une action sur trois fronts : la dissuasion, la sécurité et l’Etat de droit et le développement », a déclaré B. Lynn Pascoe. « Premièrement, davantage doit être fait pour dissuader les bateaux d’êtres attaqués ». Outre le respect par les navires des règles de sécurité édictées par l’Organisation maritime internationale (OMI), le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessité de traduire en justice les responsables d’actes de piraterie. Autre recommandation, l’allocation de davantage de financements au Fonds de soutien des Etats qui luttent contre la piraterie au large des côtes somaliennes.
« Le second pilier d’une réponse intégrée contre la piraterie est d’établir la sécurité et l’Etat de droit en Somalie », a expliqué B. Lynn Pascoe. Sur le volet de la sécurité, il a proposé de renforcer les capacités des forces de police somaliennes et des gardes côtes.
« La piraterie et les vols armés au large des côtes de Somalie est aussi un problème économique. La population somalienne, spécialement la jeunesse, a besoin de plus grandes incitations pour ne pas succomber à l’attrait de l’économie de la piraterie », a souligné le chef des affaires politiques de l’ONU. « La réhabilitation économique et la création de moyens de subsistance alternatifs, spécialement dans le développement et la réhabilitation de la pêche côtière, doivent être au centre de nos efforts pour combattre la piraterie », a-t-il ajouté.
Selon l’OMI, pendant les neuf premiers mois de 2010, il y a eu 164 attaques contre des navires au large de la côte somalienne et 37 navires ont été capturés. La plupart des attaques qui ont débouché sur la capture de navires, au nombre de 25, ont eu lieu dans l’ouest de l’océan Indien. Au 11 octobre 2010, 18 navires et 389 gens de mer étaient détenus en otage. Pendant la période correspondante de 2009, il avait été signalé 193 attaques et 33 navires avaient été capturés.
« La piraterie et le vol au large des côtes de la Somalie nécessitent le règlement du problème de l’impunité et de la consolidation des capacités du Gouvernement fédéral de transition (somalien) afin d’étendre son autorité, la loi et l’ordre », a conclu B. Lynn Pascoe.
Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Iouri Fedotov, a également plaidé pour la poursuite judiciaire des responsables d’actes de pirateries. « Ces deux dernières années, l’ONUDC a développé un programme de lutte contre la piraterie pour assister les pays de la région à poursuivre un certain nombre de pirates. Avec le soutien de la communauté internationale, plus de 700 suspects et déclarés coupables sont maintenant en détention dans 12 pays, plus de la moitié d’entre eux sont en Somalie », a précisé le chef de l’ONUDC.
La principale entrave pour les Etats de la région d’accepter le transfert de présumés pirates pour leur jugement est le poids que représente l’emprisonnement des pirates déclarés coupables, qui sont en général condamnés à des peines qui vont de 5 à 20 ans, les prisons étant surpeuplées », a dit Iouri Fedotov en soulignant que les activités de l’ONUDC devraient être renforcées.