24/11/10 (B579) Lettre ouverte au Président de la République (Information envoyée par le site www.republicains-solidaires.org)

________________________________ Note de l’ARDHD

Sur son site, Alexis Mohamed annonce officiellement sa candidature à l’élection présidentielle.

________________________________ Lettre ouverte à IOG

Paris le, 18 novembre 2010

Au
Président de la République de Djibouti
Monsieur Ismaël Omar Guelleh

Par ce courrier, et en référence à votre discours du 17 novembre à l’occasion du jour de l’Aïd, au nom du Mouvement des Républicains Solidaires, j’ai souhaité réagir sur ce que j’appelle « l’institutionnalisation du néant».

N’ayant jamais adhéré à la logique de la tribalité, et issu d’une ethnie pour qui j’exprime autant de fierté, il me semble que le devoir et l’honnêteté intellectuelle sur la situation de notre pays, doivent prévaloir sur une telle logique d’échec sociétal.

J’estime que la prédominance d’une telle logique qui gangrène la société Djiboutienne, étouffe les valeurs et les convictions et de surcroit met en péril notre paix sociale déjà si fragilisée par un passé douloureux.

Devant ce cancer qui appauvrie la réflexion, et s’approprie la raison, j’appelle les Djiboutiens à la maturité et de rejeter cette vision macabre qui régresse chaque jour notre évolution dans ce monde en perpétuel changement.

Ce discours dont la note n’a jamais varié durant ces dix longues dernières années passé à la tête de l’Etat, laisse sceptique les Djiboutiens sur leur situation, puisque la primauté du « non sens » des politiques menées durant toute cette période est bien là.

Monsieur le Président, dans votre discours du 17 novembre, vous avez résumé le résultat de dix années au pouvoir comme un aveu d’échec: Le LIC, le SNA (dispositif qui a deux années), deux centres de formations récents à Balbala et à Damerjog, le micro finance et six mille trois cents tonnes de récoltes.

Devant si peu d’effort, ce résultat n’est -il pas le fruit de l’immobilisme de votre gouvernement qui suscite aujourd’hui le mécontentement de la population sur une possible continuité?

Monsieur le Président, dans votre discours, vous avez décrit le « capital humain comme la clé du développement », mais qu’en est-il pour Djibouti, quand les ambitions, la volonté et les initiatives sont étouffées ? Ce capital humain n’est-il pas en pleine décomposition par la seule volonté des pratiques immorales et des injustices auxquelles sont exposés quotidiennement les Djiboutiens?

Monsieur le Président, cette « majorité visible » dont la souffrance ne vous évoque certainement rien, attend plus qu’un discours, celui d’un changement radical de la situation économique et sociale de la République de Djibouti.

Comme tous les rapports internationaux l’indiquent, l’explosion de la pauvreté et de l’exclusion, accroissent considérablement dans notre pays. Vous avez beau vous convaincre Monsieur le Président, que tous les objectifs du gouvernement ont été atteints, mais qu’en est-il du taux de chômage qui avoisine le 72% de la population, de l’échec de notre politique éducative et de la santé, l’oisiveté de notre jeunesse, la corruption sans précédent, la morale politique inexistante ?

Pendant ses dix longues années de présidence, la république de Djibouti a manqué d’un véritable planarchitectural qui aurait pu donner lieu à une vision politique, mais a fini par baigner de ce qui ressort de l’action spontanée du gouvernement sur le court terme, au gré d’un calendrier politique « nombriliste ».

Monsieur le Président, pour revenir au résultat que vous avez évoqué lors de votre discours et notamment en ce qui concerne le SNA (service national adapté, une copie du SMA Français) vous le savez, ne s’inscrit pas dans une logique globale de l’insertion et de la formation qui aurait pu être intégré dans une stratégie de la cohésion sociale malheureusement encore inexistante.

L’incohérence de ce dispositif et en l’absence de tout dispositif d’accompagnement, de suivi et de placement, la majorité des jeunes après le SNA, se retrouve sur le banc de la société. Voilà un bel exemple de ce qui relève de « non sens ».

La question de nos jeunes diplômés sortis des universités reste toujours sans réponse. Et le forum national pour l’emploi que vous préconisez, ne répondra en rien à leurs vraies inquiétudes une fois sur le marché du travail. Pourtant, des dispositifs de leur employabilité vous ont été proposés il y déjà une année, indépendamment du mouvement, comme également celui de la création du BESRID (qui rejoint le principe du Conseil Economique et social) nécessaire à la République de Djibouti ou d’autres initiatives pertinentes comme la création du « Dividende Solidaire » ou l’urgence du  » relance du pacte social »…

Ce forum annuel, comme les milliers d’ateliers organisés chaque année à Djibouti, ne doit pas se substituer à la responsabilité du gouvernement sur les réponses à apporter au problème de l’emploi. L’autre facteur handicapant pour leur employabilité réside dans la logique de la tribalité qui ne laisse aucunement place à une vraie égalité de chance vis-à-vis de l’emploi.

En ce qui concerne le financement des activités génératrices de revenu, cela reste une fois de plus un grand leurre sur la volonté du gouvernement à éradiquer la pauvreté et l’exclusion. Car là aussi, et vous le savez, que ceux qui bénéficient d’un tel crédit, remboursent plus qu’ils n’ont emprunté et n’améliore certainement pas leur conditions de vie.

Même si le chiffre de dix mille personnes bénéficières nous parait exagéré, cette politique cible particulièrement une catégorie de la population en leur offrant une activité précaire qui la maintient dans la même situation de précarité. Mais que faites-vous du reste de la population?

Voilà un pays ou aucun cadre n’existe pour lutter contre l’inflation en tout genre, qui laisse les Djiboutiens au bord de la route au bénéifice d’une minorité nombriliste.

Monsieur le Président, nous serions enchantés que votre gouvernement explique aux Djiboutiens, comment celui-ci peut-il lutter contre la pauvreté et l’exclusion avec l’octroi des prêts par des bailleurs de fonds, qui viennent alourdir considérablement le déficit de l’Etat, ajouté à cela la dilapidation des fonds publics?

Le bon sens ne trouverait –il pas normal d’encourager au préalable des politiques nécessaires à la création de richesse? Encourager les initiatives à la création et laisser les entreprises déjà établies à prospérer ? De protéger les projets de création déposés au Fond du Développement par des mesures de confidentialité, puisque nous savons aujourd’hui, que cet organisme est devenu une boîte a idée pour personnes fortunées qui viennent piocher à leur guise les idées des Djiboutiens ?

Quel bilan pourriez-vous en tirer sur les ambitions qui ont nécessité à la création d’un Secrétariat à la Solidarité et de l’ADDS ?

Aujourd’hui, la gestion de la République de Djibouti est sous la tutelle des ONG, offrant parfois des haillons en guise de bonne volonté aux « GEUX » de la république, c’est-à-dire à une forte majorité des Djiboutiens, des fois des produits alimentaires ou des fournitures scolaires…Mais où est le progrès social et économique que vous ne cessez de défendre quand les citoyens sont assistés, sous alimentés et dans la précarité ?

Il est où le progrès social et économique, quand les matières grises du pays, j’entend pas là, ses filles et ses fils sont poussés à l’exil?

Il est où le progrès social, quand une majorité des enfants du pays vont en classe le ventre vide?

Il est le progrès social quand une majorité des famille vit dans l’extrême pauvreté et dans l’abandon?

Il est où le progrès économique, quand les entreprises qui bénéficient de largesses des marchés publics ne participent pas au développement de Djibouti ni au progrès social?

Il est où le progrès social quand les administrés sont malmenés devant une attitude néfaste d’une administration gangrenée par la corruption et le tribalisme?
Avoir une vision politique, c’est savoir répondre aux nombreuses attentes des Djiboutiens dans leur ensemble, et le mouvement des Républicains Solidaires regrette une fois de plus, le mutisme du gouvernement quant aux aspirations du peuple et vous demande de respecter les accords de paix.

Monsieur le Président, aujourd’hui les Djiboutiens sont confrontés à une réalité, qui visiblement dépasse le gouvernement : l’insécurité qui règne dans nos quartiers souvent dû aux flux de migration non contrôlés, la souffrance des personnes âgées, l’accès au vrai logement social, à l’injustice sociale, à une éducation et une santé au multiples vitesses, une cellule familiale fragilisée, l’anarchie sur nos routes, la morosité de nos enseignants, la décapitation du corps de la police et de l’armée, l’anarchie de la gestion publique, le clientélisme visible, le refus du partage de la richesse par l’institutionnalisation du monopole dans l’import et les offres des marchés publics. Et La liste est longue.

Monsieur le Président, la grandeur d’une Nation ne pourra jamais se construire, tant que sa gestion économique restera sous la tutelle des entreprises tentaculaires étrangères, qui bafouent les droits et les règles de la République et qui réduisent les Djiboutiens à la quasi mendicité dans leur propre pays.

La grandeur de la Nation ne sera visible et construite, que si l’on octroie à ses filles et ses fils, la confiance et la place qu’ils méritent pour contribuer à son progrès.

Le progrès social n’est doit pas faire référence uniquement au quelques nantis du fonctionnariat, qui à l’aide de l’argent des contribuables, se voient attribuer des avantages irréalistes et non fondés, chauffeur, plusieurs voitures, logement, salaire exorbitant, électricité, téléphone… Ces largesses, contribuent à la disparité sociale et creuse d’avantage le déficit de l’Etat.

Monsieur le Président, si l’existence de la République relève du virtuelle dans les consciences de ceux qui la dirigent, il y a un moment ou la confrontation à la réalité ne peut être évitée. Le pays est aujourd’hui au bord de l’implosion sociale, et nous espérons qu’il ne connaîtra pas le sort que d’autres pays africains ont connu.

Le Mouvement des Républicains Solidaires vous demande, Monsieur le Président, qu’au-delà « de la pression amicale » dont vous étiez sujet pour vous représenter à la prochaine élection présidentielle, de considérer que la république de Djibouti est composée de 700 000 âmes qui souhaitent aujourd’hui une alternative à leur situation économique et sociale et une démocratie digne de notre siècle.

A l’heure ou la jeune République de Somaliland s’est dotée d’un model démocratique mettant en avant la croyance à son peuple, nous vous exhortons, Monsieur le Président, à vous inspirer d’un tel exemple qui ne laisse personne indifférent.

Monsieur le Président, au nom du peuple et au nom du mouvement des Républicains Solidaires, nous vous demandons de libérer les énergies, l’expression et la créativité. De libérer les ambitions, les désirs et les souhaits de chacun.

En espérant que ces quelques lignes trouveront échos auprès de vous car l’urgence est telle, qu’elle doit engager la responsabilité de chacune t de chacun pour remettre débout cette « belle endormie et abîmée » qu’est la Nation Djiboutienne. Tout en vous encourageant Monsieur le Président, à prétendre au repos que vous méritez après vous être investi sans répits, durant tant d’années pour la République de Djibouti.

Veuillez, Monsieur le Président de la République, considérer cette lettre qui émane de ce qu’il y a de plus sincère, comme un appel au danger d’une implosion sociale qui guette chaque jour la nation, si nous ne ferons pas l’effort du partage, de la reconnaissance et de l’adhésion à une réelle démocratie.

Le Président
Alexis MOHAMED