22/04/11 (B600) Jeune Afrique épinglé par Le Canard enchaîné pour ses liens financiers avec les dictatures (Info Lecteur)

______________________________ Note de l’ARDHD


Caricature ‘visionnaire" de Roger Picon
parue il y a quelques semaines …
Depuis de nombreuses années, nous protestons contre de nombreux articles diffusés par Jeune Afrique et nous avions émis l"hypothèse que ce support pouvait être subventionné par les régimes qu’il encensait, et en particulier celui de Guelleh.

Aujourd’hui des révélations sur plus d’une demi page dans le Canard enchaîné démonte le système de financement du journal … et encore, cela semble limité à une opération de renflouement en 1997, mais l’article ne précise pas si Jeune Afrique reçoit des subventions annuelles de la part des pires dictatures de la planète.

En tout cas, grâce au Canard enchaîné, nous avons déjà des informations précises qui permettent de mettre en cause sa neutralité .. Nous publions quelques extraits du Canard enchaîné.

_________________________ Le Figaro

Ben Ali aurait aidé Jeune Afrique

Les autorités tunisiennes auraient ordonné en 1997 à des dizaines d’entreprises tunisiennes d’acheter 10.500 actions de l’hebdomadaire Jeune Afrique, alors en difficulté financière, explique aujourd’hui Le Canard Enchaîné.

L’hebdomadaire satirique produit notamment une lettre datée de 2007 émanant de Jilan Attia, patron d’un groupe de travaux publics, et qui souhaitait à l’époque revendre 263 de ces actions acquises 10 ans plus tôt.

«Aider Jeune Afrique n’est pas un souhait, c’est une consigne présidentielle, explique l’hebdomadaire satirique en évoquant l’opération financière réalisée en 1997 sous l’égide de deux très proches conseillers du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. En tout ce sont 41 chefs d’entreprise qui achèteront les actions.

Sollicité par Le Canard Enchaîné, Béchir Ben Yahmed, patron fondateur de l’hebdomadaire, reconnaît solliciter, à des fins d’augmentation de capital, les autorités des pays de diffusion du titre. «Le problème, c’est que, dans des régimes dictatoriaux, tout est entre les mains du pouvoir, explique-t-il. On ne peut pas démarcher des actionnaires privés comme ça et passer par-dessus la tête des dirigeants. Ils le prendraient très mal». Le patron de Jeune Afrique dit avoir sollicité d’autres gouvernements africains à l’époque. Interrogé sur l’indépendance de son journal, à l’aune de ces pratiques, il estime que «cela n’a rien à voir». Il se dit d’ailleurs prêt à racheter les titres de ses actionnaires tunisiens.

___________________________ Le Canard enchaîné

1°) Ben Ali, le meilleur ennemi

ACCUSÉE, le 17 février, par « Le Monde » d’avoir « abondamment contribué à empêcher de faire connaître le vrai régime de Zine el-Abidine Ben Ali», la direction de « Jeune Afrique » a tenté de se défendre, une semaine plus tard.

Tout en prenant soin d’affirmer, dans son édito titré « Ben Ali et nous », que cette réponse n’était « ni une justification ni un plaidoyer ». (…)

(…) En attendant la démocratie, l’hebdomadaire n’a pas été avare de compliments envers le régime. Subjugué par Leila Ben Ali, le journal a par exemple dépeint, en 2009, la Première dame comme une «femme politique énergique, déterminée et fonceuse », avant de reprendre, sans commentaires, les effusions de la presse aux ordres : «Elle est la générosité discrète, percutante d’esprit d’humour; d’humanisme. » (…)

(…)
On l’a dit et répété (trop, peut-être…) depuis plus de vingt ans, la liste des progrès réalisés ne cesse de s’allonger », il ajoutait très vite : « (…) mais ces avancées restent fragiles ».

Un petit « relatif » par-ci, un petit « mais » par-là, et l’honnêteté journalistique sera bien gardée…

2°) Comment Ben Ali a acheté les faveurs de “Jeune Afrique”

Pour aider l’hebdomadaire, à l’agonie en 1997, l’ex-président a obligé des patrons tunisiens

TANDIS que le clan Ben Ali se cache en Arabie Saoudite, les petits secrets du despote sortent des tiroirs. «Le Canard» dispose ainsi de documents instructifs sur l’hebdomadaire français «Jeune Afrique », qui ne cesse de brandir son « esprit d’indépendance » comme un étendard. A les consulter, on découvre qu’en 1997 le président Ben Ah avait ordonné à des dizaines d’entreprises tunisiennes de souscrire à l’augmentation de capital de ce journal, au bord du gouffre.

Cette année-là, Jilani Attia, pédégé d’Etep, important groupe tunisien de travaux publics, est approché par la présidence de la République tunisienne. Il n’est pas le seul. Mohamed Jeri et Mohamed Jegham, deux « ministres conseillers » du cabinet présidentiel, font le tour des entreprises du pays. Ces émissaires ont la confiance de Ben Ah. L’un deviendra son ministre des Finances, l’autre son ministre de l’Intérieur. (…)

3°) La réponse de Béchir Ben Yahmed

RECONNAISSANT l’authenticité du courrier reproduit ci-dessus et signé de sa main, le pédégé de « Jeune Afrique s’explique « Lorsque nous avons besoin d’argent et procédons à une augmentation de capital, nous nous adressons aux pays où notre journal est diffusé. Le problème, c’est que, dans des régimes dictatoriaux, tout est entre les mains du pouvoir. On ne peut pas démarcher des actionnaires privés comme ça et passer par-dessus la tête des dirigeants. Ils le prendraient très mal. Alors ce sont les dirigeants qui s’occupent de ça. » (…)