14/02/2012 (B643) Chroniques du Sergent Ariko : le journal de mardi
– Le Somaliland a-t-il enfin compris la véritable nature de Guelleh ?
Cette fin de semaine a été marquée par la visite de Silanyo, le président du Somaliland. Les choses ont bien changé, depuis la dernière rencontre au sommet. Les somalilandais ont ouvert les yeux et ils ont compris qui était IOG, en réalité.
Les propos qu’il avait tenu dans son interview publiée par Jeune Afrique (*) avaient dérouté le régime d’Hargeisa. En effet, les somalilandais qui avaient oeuvré activement pour l’auto-proclamation d’un candidat, quasi ignoré par son peuple, n’ont pas apprécié d’être remercié de la sorte.
Le président dictateur de Djibouti n’a pas aimé d’ailleurs, la façon choisie par le président démocratiquement élu du Somaliland pour répondre à son interview.
En effet, Silanyo a refusé de reconnaitre la proposition de Djibouti de se pré-positionner derrière la grande Somalie. Pour le Somaliland il n’est pas question de se positionner à la remorque de la Somalie.
De plus, contrairement à ce qu’il affirmait au même journal, IOG a demandé aux ressortissants somalilandais (membres du pouvoir, des l’opposition ou simple citoyen) de ne plus utiliser un passeport somalilandais pour passer la frontière. Il leur a demandé d’utiliser l’ancien passeport de la grande Somalie.
Cela a contribué à renforcer l’énervement du président Silanyo qui s’est rendu à Djibouti avec un ordre du jour bien chargé pour alimenter les conversations avec IOG, et pour qu’il accepte au final de reconnaître officiellement le Somaliland.
Mais c’était mal connaitre ce Habachi (l’éthiopien)
Depuis ce sommet, les medias somalilandais, libres de toute censure, ont commencé à tirer à boulets rouges contre le régime RPP. Il a été même question d’ouvrir un bureau officiel pour l’opposition djiboutienne à Hargeisa.
Mais l’opposition djiboutienne a crié au scandale, en précisant qu’il n’appartenait pas au Somaliland d’interférer dans les affaires politiques de Djibouti.
Silanyo l’a d’autant plus mauvaise, qu’il a décidé ce voyage officiel à Djibouti sur les conseils de Meles, qui pensait que la négociation permettrait des avancées …
Au final, le président du Somaliland a refusé la proposition d’IOG qui lui demandait de rejoindre le processus de négociation. C’est un véritable camouflet pour IOG, qui avait tout fait pour faire plier, sans succès, les Somalilandais.
Vert de colère, le président n’est même pas allé saluer le député Ali Abdi Farah ni le ministre Abdi Houssein ni Djama Mahamoud Haid, le gouverneur de la Banque nationale.
Pour une fois IOG a réussi à faire passer ses ordres avant ceux de sa femme. Ses décisions ont été appliquées. Par exemple, la garde républicaine, qui est toujours chargée de l’escorte des hautes personnalités, n’a pas été envoyée pour assurer la sécurité du président Silanyo : ce sont les hommes de la brigade spéciale de la police nationale qui ont fait le travail.
– De plus en plus de laisser-aller au sein du Gouvernement Tiji
Les ministres arrivent tard à leurs bureaux. C’est le laisser-aller qui s’installe et qui se développe. Même la réunion que présidait « la vache qui rit » les lundis après-midi pour finaliser les dossiers à traiter le mardi au conseil des ministres n’est plus organisée avec régularité. Les ministres ont été mis sur la touche par le chef et comme ils sont rejetés par la population, ils n’ont plus personne à qui se plaindre de cette situation.
IOG donne l’exemple ! Il se présente généralement au palais vers 10 h après une bonne soirée arrosée au khat passée en compagnie de son premier conseiller Hachi Abdillahi Orah. Quels nouveaux coups tordus préparent-ils ensemble ?
– Les étudiants ne lâchent pas prise; IOG sauvé par la pluie ??
Les jeunes de l’université de Djibouti sont encore descendus dans les rues, mardi dernier, jour du conseil des ministres. IOG a été contraint de donner des instructions pour calmer les étudiants qui se plaignent d’un examen de math où presque 80 % d’entre eux ont échoué. Ils en attribuent les responsabilités aux dirigeants de l’Université dite de Djibouti.
Pour une fois la Police n’a pas lancé de charge contre eux et la Gendarmerie qui n’a plus envie de se mettre ces jeunes à dos. C’est pourquoi le dictateur a délégué son ministre Mohamed Hassan pour parlementer avec les étudiants en colère.
A ce moment, il a commencé à pleuvoir, les forces de Police se sont repliées vers leur caserne de Nagad et les Gendarmes à l’escadron de service (caserne Rayaleh Gofaneh).
Le régime a poussé un « ouf » de soulagement et les étudiants ont continué a négocier avec leur ministre. Le pays a-t-il frôlé la catastrophe.
– Le ministère de la Défense est totalement déconnecté des troupes.
Rien ne va plus au sein du ministère de la défense. Le ministre Abdoulkader Mohamed Kamil se plaint de ne pas être écouté par les hauts-gradés de l’armée. Le général Zakaria et les autres galonnés n’en font qu’a leur tête. Ils n’écoutent plus leurs ordres de leur ministre.
Pour tenter de remédier à cette situation, le ministre a sollicité IOG, en conseil des ministres, pour qu’ils demandent à ses généraux de consulter et d’informer le ministère !!
IOG a fait mine de l’écouter mais il n’a rien fait du tout. Il ne veut surtout pas se mettre à dos une armée qu’il a condamnée à errer à Doumera. Craint-il un coup d’état version nigérienne à Djibouti ?
En tout cas le ministre de la défense ne s’est pas fait beaucoup d’amis au sein de la grande muette.
– YEB est-il entré en dissidence, sur fond de préférences tribales ?
Yacin Elmi Bouh, l’ex-super ministre, qui est en disgrâce depuis 2005, date à laquelle il ne se privait pas pour déclarer qu’il était le successeur d’IOG, n’a pas fini de faire parler de lui. Il vient de constituer un groupe constitué par d’anciens membres du régime d’Hassan Gouled et d’IOG pour tenter de créer une opposition Issa forte contre ce qu’ils appellent l' »issakisation » de Djibouti.
Je ne voudrais surtout pas que l’on me reproche des considérations ethniques, qui sont contraires à ma vision, mais selon les infos reçues YEB et ses alliès seraient en train de faire payer à la dernière dame, leurs disgrâces. Ce groupe de think-thank version djiboutienne se propose de faire bloc contre IOG qu’il accuse d’avoir livré le pays a une ethnie minoritaire.
Yacin Elmi Bouh envisagerait de solliciter la bénédiction de l’Ougas Moustapha afin de réaliser sa promesse qui serait de rendre Djibouti à la seule ethnie qui puisse prétendre gouverner avec les afars.
Son groupe est composé d’anciens ministres, et des directeurs généraux qui ont proposé rallier le parti mort-né d’Ismail Guedi. Ce qui a valu à Yacin Elmi Bouh un rappel a l’ordre envoyé par sa tribu qui est conduite par Djama Djilale Djama.
– Cassim Ahmed Dini, à Djibouti, dérange le régime
Cassim Ahmed Dini dérange le régime avec ses méthodes héritées de son père. Le régime ne voit pas d’un bon il ce jeune loup de l’opposition qui ose défier le régime avec calme et une certaine détermination. Jusqu’à présent, le régime n’a pas bronché car il combat le groupement conduit par Yacin Elmi Bouh.
– L’agresseur du Colonel Abdi Farah s’échappe de Gabode ! avec des complicités au plus haut niveau du SDS
La dernière dame n’a pas apprécié que le chef des renseignements djiboutiens puisse protéger l’ex-garde du corps de Yacin Elmi Bouh dont le pistolet a été utilisé pour tenter d’éliminer le colonel Abdillahi Abdi Farah. Sur ses ordres, l’enquête a été stoppée et les gendarmes de la SRD ont reçu l’ordre d’oublier cette affaire.
On sait par ailleurs que l’auteur du coup de feu, le sergent chef de la police s’est échappé de la prison de Gabode avec la complicité de la sécurité djiboutienne.
Le colonel Abdillahi Abdi est légitime à demander que justice lui soit rendue, mais comment ? Dans un état qui a perdu tout sens de la justice.
Salah Djama, le patron de la prison de Gabode, a refusé de démissionner et la décision est désormais entre les mains du dictateur IOG.
– Le RADD remporte le deuxième tour
Les jeunes du RADD ont remporté une timide victoire dans les communes de Boulaos et de Balbala. C’est un échec cuisant pour l’UMP, le parti bidon d’IOG. Le dictateur a convoqué son premier ministre qui tire les ficelles du RADD. Ils sont à couteaux tirés en ce moment.
Et ce, depuis que l’affaire de la distribution du khat au Day a fait scandale. Le dictateur a convoqué les assisses du RPP pour le 4 mars prochain. Ce sera pour lui l’occasion de faire un peu de ménage : par exemple de débarquer des membres du comité central ou du comité exécutif du RPP.
Le premier ministre a réussi à faire élire son poulain du SDS, après l’avoir caché sous le titre ronflant de conseiller technique du premier ministre comme si « la vache qui rit » avait besoin d’avoir un conseiller.
Les yeux d’Hassan Saïd à l’intérieur de la primature risquent de prendre un autre panorama : celui de la mairie de Djibouti ou de toutes les façons aucun budget n’est alloué. Le dictateur a bloqué les fonds de la mairie.
Pour Hassan Saïd la victoire de son espion est sans grand intérêt car Abdourahman TX va s’asseoir pour contempler la tragédie d’une ville martyrisée.
Plus de 90 % de la population djiboutienne a boudé cette élection dont les résultats étaient déjà connus d’avance du grand public. Le peuple a rejeté le parti d’IOG et faute d’autres candidatures, il a favorisé les jeunes du RADD.
Cette élection était un test pour le régime RPP et IOG a du mesurer le rejet massif du peuple djiboutien de son système et des courtisans obligés : une cuisante défaite pour l’UMP. Le premier ministre Dileita est pointé du doigt comme l’un des responsables de cette défaite. IOG lui a demandé des explications et lui rappelé qu’il s’était battu en public avec Ali Abdi Farah, qui est l’un des protégés de Kadra Haid.
– Le nouveau régime libyen rejette Guelleh, qui se tourne vers le sud-Soudan
Le régime libyen a envoyé une fin de non recevoir au régime RPP dont le maitre était un fervent admirateur du colonel défunt guide Kadhafi. Le dictateur s’est tourné vers le sud Soudan dont le président Salva Kiir ne porte pas IOG dans son cur
Khartoum ne voit pas d’un bon il ce rapprochement djibouto-sud-soudan.
(*) Extrait de Jeune Afrique (08/12/2011) Les Somalilandais ont procédé inversement, et je crains qu’ils n’aient mis la charrue avant les bufs. Ils ont hissé leur drapeau, proclamé unilatéralement leur indépendance et fait savoir qu’ils ne discutaient plus. Je les respecte, j’accepte leurs passeports ainsi que leur représentation à Djibouti. Mais je ne peux aller plus loin. Ils ont été trop pressés. Je le leur ai dit.