Interview du vice-Président Mahdi Ibrahim (Par Réalité)
Létat-major du parti était là, au grand complet : du président à son conseiller politique, en passant par les vice-présidents et le secrétaire général.
Ses militants aussi, venus très nombreux, surtout des femmes et des jeunes, fer de lance de toute véritable lutte. La commémoration du 18 février a bel et bien eu lieu, grandiose, malgré les sabotages réactionnaires et les intimidations policières.
Arrivé tout spécialement de Londres pour y participer au côté de ses compagnons de lutte et au sein de la population djiboutienne, nous avons demandé au vice-président Mahdi Ibrahim ses impressions sur le déroulement de cette journée historique.
Réalité : bonsoir M. Mahdi Ibrahim, la commémoration du 18 février, à laquelle notre Parti a appelé sous votre plume, sest déroulée cet après-midi à Djibouti. Alors, succès ou échec ?

Mahdi Ibrahim Ahmed God : pour notre Parti, le plus important tient en une seule phrase : lARD a relevé le défi ! Et ce nest que le début. Peu de gens croyaient que nous pourrions mobiliser de si tôt.
Après la violente répression de lannée dernière, les centaines darrestations, les militaires et les blindés dans les rues durant des mois, un véritable climat de terreur sest installé ici. De toute ma vie à Djibouti, je navais jamais vu mes compatriotes avoir aussi peur. A létranger, on na quune lointaine idée de cela.
Paradoxalement, il y a de quoi être très optimiste, car la violence de ce régime est proportionnelle à sa faiblesse : « quand lombre du pygmée sétire, cest que le soleil est près de se coucher » dit un proverbe africain.
Donc, notre commémoration a entièrement répondu à nos attentes et nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont pacifiquement manifesté aujourdhui avec nous.
Réalité : justement, au-delà de la commémoration du passé, vous avez parlé dattentes. Quelles étaient-elles ?
M.I.A.G : et quelles sont-elles, devriez-vous surtout ajouter ! En appelant à cette journée, il sagissait bien sûr de rendre hommage au soulèvement du 18 février dernier et dexprimer notre solidarité avec toutes les victimes de cette dictature.
Mais cette journée devait également marquer la reprise de la dynamique contestataire. Et, pour cela, il fallait défier la répression, ici, à Djibouti, en ce jour hautement symbolique. Pour combattre la peur et la peur déchouer.
Expliquer que la Liberté ne sobtient pas en un seul jour, que cest un engagement de tous les instants et quil faut persévérer. Par respect pour tous les innombrables sacrifices consentis et par devoir pour les générations à venir. Cest une question de survie. Donc, la Lutte continue et nous sommes encore plus confiants dans notre Victoire !
Pour cela, nous travaillons sans relâche.
Réalité : concrètement, quelles stratégies de combat la Direction du Parti a-t-il définies, considérant la situation actuelle ?
M.I.A.G : nous avons établi un ambitieux programme de remobilisation de tous nos concitoyens. Ce ne sera pas très difficile car la triste comédie des dernières « élections régionales », boycottées à 90% et « remportées » par une clique dénommée RADD et dont la tête de liste à Djibouti-ville est un membre du comité central du RPP, a été perçue comme preuve supplémentaire de lagonie de ce régime.
Donc, nous avons dores et déjà établi des contacts dans tous les quartiers de la Capitale et de nouvelles annexes de lARD y seront ouvertes.
Par ailleurs, une tournée dans tous les districts de lIntérieur démarrera dès la semaine prochaine pour associer leurs populations à la contestation permanente et généralisée. Loin des palabres incessants, cest à un véritable travail de terrain quil faut radicalement satteler, au plus près des réalités de nos concitoyens, au contact de leurs préoccupations.
Réalité : dernière question, si vous permettez : où en et la recomposition de lopposition ?
M.I.A.G : une remarque préliminaire, que je crois essentielle. Nous avons volontairement placé cette commémoration sous le signe de la modestie.
Pourquoi ?
Si ce régime tombait aujourdhui, aucune opposition cohérente, unie et crédible ne serait prête et un parti responsable tel que le nôtre ne propose pas le chaos à ses concitoyens.
Ce nest pas le pouvoir pour le pouvoir que nous recherchons, mais linstauration dune véritable Démocratie dans laquelle tous les Djiboutiens seront égaux en droits et en devoirs.
Donc la reconstruction de lopposition, à linitiative de lARD avance à grands pas car tel était le souhait majoritairement exprimé par le Peuple djiboutien.
Certes, ceux qui se complaisaient dans le statu quo ante peuvent émettre diverses formes de réticences, allant de linertie à la gesticulation. Cest regrettable, cétait prévisible. Mais lHistoire est en marche et elle est irréversible : pour tous nous rassembler, la Lutte pour la Démocratie doit tous nous ressembler.
Ici comme à lextérieur, nous avons déjà établi de fructueux contacts qui seront très rapidement concrétisés. Cest ensuite que nous entrerons dans la dernière phase du combat qui conduira inévitablement à leffondrement de cette dictature bête et méchante.
Lappel que je lance enfin à tous mes compatriotes, cest de dépasser les clivages politiques, les querelles politiciennes sur fond de citoyenneté à plusieurs étages et de se mobiliser dans lunité pour sauver notre bien commun : la djiboutianité qui nous est déniée.
Cest notre Nation que nous devons tous ensemble protéger contre ce régime. Et pour cela, cest ce régime que nous devons abattre.
Nous le devons ! Nous le pouvons !