25/02/2000 – La Paix sera-t-elle au rendez-vous ?

Dans notre dernier numéro, nous nous sommes interrogés sur les motivations personnelles ou secrètes des signataires des accords de Paris. Ce point nous semblait important pour essayer de comprendre l’actualité et d’anticiper les prochaines étapes du processus.

Aussitôt connu, cet accord a soulevé manifestement un grand enthousiasme, partagé par tous les observateurs. Même si l’opposition non-armée a été déçue de ne pas avoir été invitée à partager les accords, chaque djiboutien a cru trouver, au détour de phrases soigneusement imprécises, les graines d’une évolution possible du régime dictatorial vers la démocratie et la justice.

Il faut reconnaître que le bilan, après deux semaines, n’est pas à la hauteur des espérances. Nous avons noté en particulier :

le manque d’information et le secret absolu qui couvre les négociations entre M. Dini et le gouvernement ; cela suscite l’inquiétude…

la libération partielle des prisonniers politiques (39 au lieu des 47 annoncés officiellement) qui jette un doute sur la volonté réelle d’ouverture de M. Guelleh,

la poursuite et l’intensification de la répression contre la LDDH et contre les populations du Nord (voir aussi le communiqué N° 11 de la LDDH à paraître dans le prochain numéro (23) de LA LIBERTÉ, la non-restitution des passeports aux personnalités,

etc…
Tout cela constitue des signes forts ….
mais pas du tout ceux que nous attendions …

Nous voulons surtout éviter de « jeter de l’huile sur le feu », mais nous lançons simplement un appel
vers les signataires des accords de Paris pour leur demander :

de communiquer leurs intentions et de nous informer régulièrement sur les avancées (s’il y en a, comme nous l’espérons) des négociations et des points d’accord qui permettront le retour à la démocratie
et à la justice pour le peuple djiboutien,

de prendre rapidement des décisions importantes
en faveur des Droits de l’Homme :
Cessation des violences contre les populations civiles,

Restauration de la liberté de déplacement à l’intérieur comme à l’extérieur (restitution des passeports),

Rétablissement de la liberté d’expression et de la presse d’opposition,

Libération de tous les prisonniers politiques encore incarcérés,

etc…

Il en va de l’avenir de Djibouti et de l’avenir de ce processus.

Jean-Loup SCHAAL
ARDHD