24/05/2014 (Brève 389) République des ombres furtives : quand le tribalisme devient tueur (Par Roger Picon)

Guelleh dictateur à DjiboutiBien plus qu’il n’y parait, c’est à de véritables parties d’échec politique auxquelles devraient maintenant s’atteler, entre autres puissances et tout le moins, la France, les USA, l’Europe et la Chine pour ce qui concerne l’imminence du remplacement d’Ismaïl Omar Guelleh à la tête du pays.

Nécessaire cession du « Fauteuil présidentiel » à un « nouveau venu » si le niveau élevé de la maladie d’IOG était effectif et constituait une cause incompatible avec la poursuite de l’exercice de sa fonction et de ses responsabilités de président.

Quand bien même cette fonction aurait été obtenue par la tricherie. Successivement par trois auto proclamations avec indignes falsifications desdits scrutins.

En politique, la répétition de certains crimes contre la démocratie et les Droits de l’Homme en banalise parfois la gravité pour les sourds et les aveugles ; tout particulièrement chez les Occidentaux.

Cela va jusqu’à les rendre muets jusqu’au jour où la révolte des populations asservies, là bas en Afrique, si loin de nous, vient les sortir de leur douce et confortable léthargie dans laquelle ils se complaisent depuis bien trop longtemps.

Caricature certes mais, hélas, pourtant bien proche de la vérité.

D’autre part, notre scepticisme quant à la réelle gravité de la maladie dont souffrirait IOG tient au fait qu’il a toujours fait démonstration d’une forte propension à la mystification, a fortiori dans les situations délicates qui le mettaient en position de faiblesse.

Chacun le sait, c’est un incontestable spécialiste, de la divulgation des bruits sans fondement, des supercheries et autres bouffonneries en tout genre ; il est rompu aux pires des impostures.

Depuis 1999, nombreuses furent les « crises de nerfs » du monarque bananier, leur soudaineté et la violence ravageuse obligeant quasi immédiatement la diplomatie du « supposé grand frère » à se précipiter en courant au Palais des artifices, valise de secours en main et toute affaire cessante, pour tenter de soulager le « grand malade» des maux dont il souffrait épisodiquement !

Les diplomates sont plus anatomistes que les médecins spécialisés en politique ; ils dissèquent mais ne guérissent pas.

Preuve est faite que la médication utilisée pour traiter IOG s’est avérée inefficace ; chez lui on réprime en faisant ouvrir le feu sur les manifestants.

On torture impunément, on viole Femmes et Enfants alors que les disparitions de personnes lors des manifestations sont à considérer comme étant une certaine «coutume»

Ceci dit, nous avons un doute en nous posant la question de savoir s’il ne nous jouerait pas, actuellement et une fois encore, la scène du « malade imaginaire » ; comédie-ballet et grande farce héritée de Molière avec une inspiration certaine de la commedia dell’arte.

Grande farce ? Certes, mais pourquoi s’en étonnerait-on ?

Cela fait bien des années que cela dure.

C’est la force des mauvaises habitudes instaurées.

Conscient de la lâcheté humaine, il a fait le choix d’acheter des consciences, y compris étrangères au pays.

Pour ce faire, au fil du temps il a constitué et traine dans son sillage toute une cohorte de lèche bottes et autres fayots patentés pour la gamelle d’Haramous et à la langue démesurée qui, de plus et pour bien marquer leur soumission au « Maitre », entrent au Palais d’Haramous courbés et à reculons, pantalon baissé ; mais qui seront parmi les premiers à le poignarder le moment venu en s’attribuant, de surcroit, le titre usurpé de libérateur du pays.

Parmi eux, quelques opposants de façade ; prêts à tout, y compris au pire.

Pour beaucoup d’entre eux, ce sont les mêmes qui se déplacent masqués, derrière un visage trompeur pour mieux haranguer une jeunesse frustrée par toutes les injustices et qui manifeste ouvertement face à la répression ; certains le paient de leur vie.

Quelle que soit la manifestation, la place d’un leader opposant ne serait –elle pas d’être devant plutôt que derrière et bien « à l’abri de la bataille »

Des Femmes, des Enfants, des Jeunes tombent sous les balles et l’on ne peut que s’interroger et condamner le silence d’opposants de façade… ; soudainement muets.
Ils sont prêts à vendre père et mère pour un siège présidentiel, ou à défaut un strapontin ministériel pour lequel ils n’ont aucune compétence, tout en tissant chacun plus ou moins secrètement dans leur coin des toiles qui se sont entremêlées ces dernières semaines.

Le pire étant qu’ils poursuivent indirectement la politique menée jusqu’à ce jour pour Ismaïl Omar Guelleh et ses complices. Il s’agit dès lors pour ces opportunistes au double visage de faire discrètement barrage puis d’anéantir les spécificités et les volontés des jeunes générations de Djiboutiens et de Djiboutiennes qui, par convictions, ne veulent pas tenir les populations du pays éloignées des vérités et du nécessaire progrès ; politique, social et économique.

Aujourd’hui, selon nous il convient de confier l’avenir à ces jeunes générations dont la majeure partie s’est formée à l’étranger. Ils disposent de toutes les compétences dont Djibouti a nécessairement un besoin urgent.

Hommes et Femmes qui subissent contre leur gré les affres de l’exil pour diverses raisons mais qui auraient indéniablement à court terme un rôle privilégié d’indispensable passerelle entre Djibouti et leur pays d’adoption momentanée qui les a accueillis.

Il s’agit donc pour ces jeunes générations d’intellectuels de s’unir réellement autour d’un véritable programme aux fins de déjouer les complots, de démasquer les menteurs, y compris dans les rangs de l’opposition et de permettre au progrès collectif de triompher demain de l’intérêt cupide…

Pour moi, la sinistrose ambiante dont, souffrent les populations djiboutiennes, est issue du large déficit de parole et de liens que génère cette absence de société responsable de ses actes imposée par IOG  qui a confondu, sciemment et par son inculture, le respect de la singularité de chacun et le culte de la personnalité.

Aujourd’hui il est urgent de recréer des occasions de se parler, d’échanger, de rassembler, de chasser le tribalisme destructeur et d’être solidaire pour combattre dans l’Union.