23/01/2016 (Brève 648) Djibouti vendu pieds et poings liés à la Chine ? Sans appel d’offre !!! (Par Jean-Loup Schaal)

Lien avec l’article d’Ecofin : http://www.agenceecofin.com/investissement/2201-35320-la-chine-va-construire-une-zone-franche-d-une-superficie-de-48-km2-a-djibouti

Toutes les informations qui nous parviennent depuis un an environ, confirment que Guelleh vend progressivement le patrimoine des Djiboutiens à la Chine. Ces derniers temps, la multiplication des contrats officiels est impressionnante. Cessions de terrain, construction d’infrastructures (train Djibouti – Addis, création ou développements de ports – Tadjourah, Djibouti, …), modifiations législatives pour faciliter l’implantation et l’exercice des banques chinoises, en dehors du contrôle régalien.

Cette liste non exhaustive ne tient pas compte des accords secrets probablement passés entre Guelleh et son homologue chinois.
Ni des énormes prêts consentis à des taux d’intérêt plus que normaux (non préférentiels), qu’il faudra rembourser sur des dizaines d’années. A noter, que curieusement les premières échéances ne devraient être exigibles qu’après l’élection présidentielle.

Après avoir appris la décision d’implantation de 10.000 militaires chinois, la nouvelle de la cession de 48 km2 pour l’implantation d’une zone franche, qui devrait servir de base logistique pour la distribution des produits chinois vers l’Afrique, l’Europe et le Moyen-orient, vient d’être officialisée.

Recolonisation de Djibouti ?

Ainsi, sans même n’avoir sollicité le consentement des Djiboutiens, Guelleh (non natif de Djibouti) et son équipe d’obligés vendent leurs terres et leur souveraineté à la Chine. Pour leurs intérêts personnels et pour un bénéfice à très court terme. « Après moi le déluge ! » est bien la devise de Guelleh.

Après des années de lutte, le pays avait acquis son indépendance en 1977. Mais voilà qu’en 2015/2016 l’équipe de prédateurs au pouvoir le cède à la Chine, pour s’enrichir et pour conserver un semblant de pouvoir, car ils vont le perdre dans la réalité et devenir des pantins. A ce rythme la Chine aura bientôt la mainmise sans partage sur l’économie avec ses banques bénéficiant de pouvoirs étendus (grâce à une modification législative et fiscale spécialement adaptée pour répondre à leurs exigences), sur l’emploi avec les ports et les zones franches, sur la défense intérieure et extérieure avec un contingent numériquement supérieur à l’ensemble des forces des nations occidentales pré-positionnées dans le pays.

Une enclave chinoise pour dominer le continent africain.

Le pragmatisme chinois est connu. Si les dirigeants de l’empire du milieu ont décidé de réaliser des énormes investissements à Djibouti, ce n’est certainement pas au bénéfice de la population locale, ni pour faire émerger la démocratie et le respect des droits de l’homme, domaines dans lesquels, ils ne sont pas les champions (sic). C’est bien pour accaparer totalement le pays et l’utiliser uniquement pour servir leurs propres intérêts commerciaux, financiers et militaires.

L’impuissance politique de l’opposition

L’opposition djiboutienne assiste, sans réagir, à cette braderie monstrueuse. Ses leaders ont-ils pris conscience du fait que ce seront bientôt les chinois qui dirigeront en sous-main le pays, qui choisiront les ministres et qui dicteront leur loi au gouvernement du pays ? Ont-il
pris la mesure de cette catastrophe pour les nationaux, qu’ils sont censés défendre ?

Il est déjà probablement trop tard pour réagir, mais encore faudrait-il le faire ! Le profond silence de l’opposition sur ce sujet
est révoltant et il conduit à penser qu’elle perd son temps à régler des conflits internes sur la désignation de son leader, au lieu d’avoir une vision des risques majeures de domination chinoise. Qu’elle se concentre sur la dénonciation mal orchestrée des arrestations arbitraires, des condamnations illégales et de la torture. Bref, qu’elle ne fait pas grand chose, ni pour sonner l’alerte, ni pour le faire savoir au monde entier.